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Chocolat, Looloo, hardo-jazz et surf-metal

Chocolat, Looloo, hardo-jazz et surf-metal

En 2014, Jimmy Hunt et certains membres fondateurs avaient redonné vie au groupe de rock montréalais Chocolat. Ils mettaient alors un terme à un hiatus d'environ cinq années.

Après l’éclaté et spontané Tss Tss, la formation offre un autre album studio plus travaillé, intitulé Rencontrer Looloo. Un trip toujours groovy, mais aux ambiances passablement différentes. Rencontre avec le réalisateur et guitariste, Emmanuel Éthier, puis le claviériste Christophe Lamarche-Ledoux.

Deux sympathiques expressions, judicieusement employées dans le communiqué de presse, définissent bien la musique de Rencontrer Looloo: «hardo-jazz» et «surf-métal métissé». Cet album rock n’est pas la continuité brute, psychédélique et rageuse de Tss Tss, qui semblait avoir été enregistré en direct. Certes, il reste des traces de psyché. Certes, c’est toujours relativement flyé. Certes, Jimmy Hunt mâchouille (choix esthétique) encore les paroles minimalistes et absurdes de ses chansons. Certes, on croise encore quelques éclats de génie. Or, on est ailleurs avec Rencontrer Looloo. Sonorités nouvelles dans un cadre artistique somme toute plus raffiné.

Le réalisateur est convaincu que le processus créatif à propos de Rencontrer Looloo a grandement influencé sa musique, qui s’avère passablement différente du disque précédent. Cette fois, les onze morceaux de ce disque-concept, enregistrés au défunt Studio Victor, ont été minutieusement travaillés. Parfois à la limite de l’aliénation. Parlez-en à Christophe qui a fait 106 prises de clavier pour la pièce Les Mésanges [peut-être ben qu’au fond le clique aurait aidé !].

«Je venais d’arriver dans le groupe, mais j’ai le sentiment que Tss Tss a été le résultat [de retrouvailles] des gars de Chocolat qui se réunissent et essaient de voir si ça pouvait encore marcher, raconte Éthier. Il y avait de longs passages de jam. Maintenant, les pièces sont mieux définies. L’album est aussi plus concis et plus classique dans la composition. Bien que le studio et le même, les techniques d’enregistrement de Looloo ont été très différentes. Oui, l’effet du live, mais il y a quelqu’un qui faisait attention. Tandis que l’autre, ç’a été le bordel.»

Pour Christophe Lamarche-Ledoux, nouvellement arrivé dans la formation en remplacement de Martin Chouinard, son plus grand défi a été de cerner son rôle dans un groupe qui met l’accent sur les guitares. À noter d’ailleurs qu’il ne reste que deux fondateurs de la formation Chocolat en 2016: l’auteur-guitariste-chanteur Jimmy Hunt et le bassiste Ysaël Pépin.

«Rencontrer Looloo est un album de gros riffs de guitares. Je n’ai jamais joué dans un tel band. Il fallait que je trouve ma place en tant que claviériste (mentionnons qu’il a également livré les lignes de saxophone en plus de mixer la galette). Mes parties de claviers complètent les guitares. Il n’y avait pas vraiment de nouvelles lignes mélodiques pour moi. C’est aussi un disque de saxophone.»

Ainsi, Lamarche-Ledoux a joué des claviers sur tous les morceaux, mais avec modération. Parfois, on sent davantage sa présence, comme sur Les Mésanges ou encore sur l’instrumental Koyaanisqatsi (Apparition). Pour cette dernière pièce, certains feront référence à la populaire télésérie Stranger Things au sujet de l’intro. D’autres, comme nous, évoqueront plutôt le thème musical des Cités d’or. Les bruits détraqués qui ont influencé d’autres artistes comme Daft Punk. «L’idée derrière ça c’était de faire comme Bob Marley avec ses débuts de chansons qui commencent toujours avec quelques notes de percussions (congas ou bongos). Ou encore comme les Station ID (station identification), qui sont associées au radio ou au chaines de télé.»

D’autre part, on entend sur Rencontrer Looloo des couleurs jazz vitaminées et des passages à la limite du metal. «Piano élégant (2008) est rock yé-yé. Tss Tss est psychédélique… Je pense que Chocolat ne va jamais faire un album pareil. C’est dans l’ADN du groupe. Il y a quand même une corrélation entre les disques, des clins d’œil, mais on n’a pas une identité musicale constante. On n’est pas AC/DC. On n’y pense pas trop, en fait des genres musicaux. Quand Jimmy envoie ses maquettes guitare-voix, c’est juste relativement clair pour nous où ira l’album. Cette fois, il tripait metal ! Évidemment, on ne fait pas du metal. On finit toujours par revenir au rock de Chocolat.» À cet égard, on apprend que Jimmy Hunt, dans sa période d’écriture, écoutait pas mal de musique metal comme Black Sabbath et Alice Cooper.

«Pour Les géants, par exemple, on sentait déjà beaucoup l’intention dans le démo, explique Lamarche-Ledoux. Ses riffs étaient dynamiques. Mais bon, au final, la batterie n’est vraiment pas metal.»

Pour le reste, il y a bien entendu Looloo. Ce personnage inventé par Jimmy Hunt qui a envahi la vie des musiciens de Chocolat. Le mieux pour expliquer sa teneur est probablement de citer le communiqué.

«Looloo, ce demi-dieu issu des poussières galactiques, cet exalté vibrant au rythme d’une épiphanie sertie de bouteilles de Cherry Coke et de pretzels. Sa tête de guitare électrique chante l’avènement d’un nouveau Golden Age strident de distorsion, d’une fuite inéluctable vers les confins de l’univers pour renouer avec ceux qui nous donnèrent l’intelligence et la hard rock. Si seulement vous pouviez le voir, si seulement, vous comprendriez…Et puis un band tombe sous son emprise.»

Emmanuel Éthier, qui est très occupé comme musicien et réalisateur, entend bien faire de Chocolat une priorité dans son paysage professionnel. Même chose pour Christophe Lamarche-Ledoux, qui est aussi impliqué dans le (bon) projet Organ Mood.

Au dire du réalisateur, Chocolat aurait pratiquement un autre album de composé. D’ici, là certains nouveaux morceaux de Chocolat, tel Ah Ouin, risque fort bien de contaminer votre vie. La belle affaire.

Chocolat

Rencontrer Looloo

rock

Grosse Boîte/Dare To Care

Sortie le 11 novembre

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