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Mission de paix en Afrique : la porte-parole de Sajjan contredit les propos du ministre

La décision doit être entérinée par le conseil des ministres.

OTTAWA – Le ministre de la Défense dit que les troupes canadiennes seront déployées en Afrique pour une mission de paix de trois ans, mais sa porte-parole dit que la décision n’a pas encore été entérinée par le cabinet des ministres.

En fait, il s’agit de l’une des options considérées par le cabinet ministériel du gouvernement Trudeau. « Mis à part les 600 troupes, aucune autre décision n’a été prise », a affirmé Jordan Owens, l’attachée de presse du ministre Harjit Sajjan.

En entrevue avec le Toronto Star, il a affirmé que le Canada s’était « commis » à un déploiement de trois ans en Afrique – sans préciser dans quels pays – qui serait sujet à une réévaluation chaque année pour en voir les impacts.

Sans nier cette affirmation, son attachée de presse admet que le ministre Sajjan était « un petit peu en avance » quant aux actions prises par le gouvernement. « Il y aura des options devant le cabinet et aussitôt qu’une décision sera prise par le cabinet, nous pourrons parler de la durée du déploiement, de la location, etc. »

Lors d’une mêlée de presse pour marquer sa première année au gouvernement, le premier ministre Justin Trudeau a affirmé que les pays choisis seraient annoncées « dans les prochaines semaines, probablement ».

Mais tout indique que le Canada s’investira en Afrique. Le pays s’occupera de renforcer les capacités des autorités locales et aidera à la formation des militaires des pays choisis, en plus de les assister dans les programmes sociaux, économiques et de déradicalisation sur le terrain.

Une mission dangereuse

Le ministre Sajjan a admis au Toronto Star que la mission en Afrique pourrait être dangereuse. « Ces missions, toutes ces missions, ont un niveau de risque où les Casques bleus ont été blessés, ils ont été tués. Et nous nous attardons sur le facteur de risque d’une manière très sérieuse », a-t-il dit.

Le gouvernement Trudeau a annoncé, cet été, que 600 soldats canadiens seraient mis à la disposition des Nations unies dans le cadre d'un nouveau programme doté d'un budget de 450 millions de dollars sur trois ans. Un autre programme, visant les policiers affectés au maintien de la paix, a quant à lui été renouvelé pour cinq ans, avec un budget de 46,9 millions de dollars pour les trois prochaines années.

Le ministre Sajjan a entrepris, au cours de l'été, une tournée de plusieurs pays africains – l’Éthiopie, le Kenya, l’Ouganda, la Tanzanie et la République démocratique du Congo - en compagnie du lieutenant-général à la retraite Roméo Dallaire et de la juge Louise Arbour, afin d'orienter son choix sur les États qui pourraient recevoir les missions canadiennes.

Plus tôt cette semaine, il était au Mali pour « écouter la partie malienne » et « bien comprendre avant de prendre les décisions ». Il a précisé que le Canada n’était pas « opposé au risque » encouru dans ce pays rongé par le terrorisme.

Sous le gouvernement Harper, le Canada s'était montré réticent à envoyer des troupes en Afrique. Les conservateurs avaient rejeté les requêtes du Congo et du Mali pour l'envoi de troupes canadiennes sur le terrain.

Pas de vote aux Communes

Des ministres du gouvernement Trudeau ont déjà confirmé plus tôt cette année que la mission de paix à venir ne serait pas soumise à un vote à la Chambre des communes avant d’entrer en vigueur.

Les partis d’opposition étaient montés au front pour demander aux libéraux de consulter le Parlement avant d’envoyer les soldats canadiens dans des missions potentiellement dangereuses.

« Pour un gouvernement qui tient autant à la consultation, je m’explique mal pourquoi il ne veut pas consulter le Parlement lorsqu’il vient temps de s’engager dans des missions de combat ou de paix », avait dit Hélène Laverdière, porte-parole du NPD en matière d’Affaires étrangères.

« Comme on disait dans mon ancien métier, on tire d’avance et on pose des questions après. C’est un peu comme ça qu’on se sent en ce moment. Les libéraux tirent d’avance et poseront les questions après », avait exprimé pour sa part le député bloquiste Michel Boudrias, qui est un ex-officier.

Le porte-parole conservateur en matière de Défense, Pierre Paul-Hus, avait quant à lui qualifié cette décision de « complètement idéologique ». L’ancien commandant accusait les libéraux d’avoir « peur de répondre aux questions » de l’opposition.

« Quand M. Sajjan dit : "Je connais ça, je suis un soldat, je sais comment ça marche", il reste que c’est la politique qui noue les parlementaires. On doit poser des questions et avoir des réponses. Il n’a pas à prendre de décision unilatérale. »

Avec des informations de Radio-Canada.

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