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Et si le stress post-traumatique était une blessure physique?

Et si le stress post-traumatique était une blessure physique?

Un militaire canadien sur dix sera atteint du trouble de stress post-traumatique au cours de sa vie. Parmi ceux qui ont été déployés en Afghanistan, la proportion est encore plus élevée. Or, ce trouble psychiatrique serait explicable par des causes physiologiques, selon une équipe de chercheurs de l'Hôpital pour enfants malades de Toronto.

Un texte de Cathy Senay

Une cinquantaine de militaires et d'ex-militaires participent à l'étude menée par Benjamin Dunkley et son équipe depuis 2013. Leur but : voir si le cerveau d'une personne atteinte du trouble de stress post-traumatique fonctionne de manière différente de celui d'une personne qui n'en est pas atteinte.

Dans le laboratoire se trouve la pièce maîtresse : le système de magnétoencéphalographie (MEG), une technologie de pointe qui permet de transmettre des images de toute l'activité cérébrale en temps réel, soit 600 fois par seconde. Une précision que n'offre pas l'imagerie par résonnance magnétique, explique Benjamin Dunkley.

Benjamin T. Dunkley, chercheur à l'Hôpital pour enfants malades de Toronto.

«Même si le cerveau d'une personne qui souffre du trouble du stress post-traumatique et celui d'une personne qui n'en souffre pas peuvent avoir la même apparence, la façon dont ils fonctionnent est très différente. La technologie nous permet maintenant de voir ça.»

- Benjamin Dunkley

Une blessure physique

William Jeffrey Anderson, ancien mécanicien des Forces armées canadiennes, participe à l'expérience. Après avoir essuyé des tirs de roquette et des explosions pendant une mission en Afghanistan en 2008, il souffre de stress post-traumatique.

« J'espère que cette étude va pouvoir aider les gars à recevoir un diagnostic du trouble de stress post-traumatique plus rapidement » , dit-il C'est aussi le souhait de Benjamin Dunkley.

«Il est maintenant clair pour nous que c'est une blessure physique. Les régions du cerveau ne communiquent pas bien entre elles. C'est un système physique, après tout.»

- Benjamin Dunkley

Les premières observations de l'équipe démontrent que ce trouble n'est pas seulement psychiatrique, mais également physiologique.

« Il y a une cause physiologique qui explique pourquoi vous vous sentez ainsi. Je crois que cela devrait donner de l'espoir aux gens. On peut dire : "Ce n'est pas de votre faute" », ajoute M. Dunkley.

Les explosions et les ondes de choc

Parallèlement aux travaux de l'équipe de Benjamin Dunkley, des scientifiques américains mènent des recherches sur d'autres militaires. Ils étudient les effets de l'exposition répétée des soldats à des explosions. Puis, ils analysent plus précisément les effets des ondes de choc émanant des explosifs sur le cerveau et leurs liens avec le développement du trouble de stress post-traumatique.

Ancien militaire, Claude Lavoie a participé à plusieurs missions. Il a notamment été envoyé deux fois en Afghanistan.

Claude Lavoie, ancien militaire.

Il se souvient de la force des explosions. Une fois, il a été projeté au sol par une roquette lancée sur un mur situé tout près de lui.

«Les poumons se compressent. Ce n'est pas normal. Ce n'est pas comme un coup de fusil, c'est plus fort. Le blast est fort. Le souffle, le déplacement d'air qui se fait. Il y a un genre de vide qui se fait et tu es exposé à ce vide-là.»

- Claude Lavoie, ancien militaire

« C'est sûr que ça a des effets », ajoute M. Lavoie. Sur le coup, tu es tellement sur l'adrénaline que tu n'y penses pas. »

L'été dernier, il a reçu un diagnostic de trouble de stress post-traumatique. Il fonde beaucoup d'espoir dans les découvertes et les avancées scientifiques.

Encore aujourd'hui, le trouble de stress post-traumatique est perçu comme un aveu de faiblesse chez les militaires. Claude Lavoie est épuisé de se remettre en question.

«Si ces recherches-là réussissent à prouver que c'est physique, notre affaire, et non seulement psychologique [...] à ce moment-là pour nous, on va s'enlever 100 livres des épaules, en se disant : "C'est normal"!»

- Claude Lavoie, ancien militaire

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