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«Conversations avec un enfant curieux»: Quand Michel Tremblay se souvient (ENTREVUE)

Quand Michel Tremblay se souvient
Ismaël Houdassine

Le passé pour Michel Tremblay est un «coffre à trésor» inépuisable. En 2002, avec Bonbons assortis, il revenait avec délectation sur ses premiers souvenirs de gamin. Dans son plus récent roman, Conversations avec un enfant curieux, l’écrivain touche cette foi à la curiosité de son enfance où déjà le jeune homme faisait preuve d’un précoce désir de comprendre les choses, quitte à chambouler les certitudes de ses parents.

À l’origine, il y avait le verbe. Chez la famille Tremblay, on parlait beaucoup, se souvient le romancier en entrevue. «J’avais des parents qui aimaient discuter. Ma mère en particulier adorait parler, pas nécessairement pour gagner la discussion, mais pour faire avancer les idées à force d’arguments.»

Et nul doute sur l’identité de cet enfant curieux puisque sur la couverture du livre on reconnaît son visage poupin à travers une photo sauvée in extrémis de l’oubli, apprend-on. «J’ai trois ans sur cette photo qui a été prise en 1945. J’ai très peu de clichés de ma petite enfance. Quand mes parents sont morts, mes frères qui étaient beaucoup plus vieux se sont débarrassés de tout et moi j’ai réussi à sauver une boîte de chocolats Lowney remplie de photos de famille que j’ai conservée précieusement.»

Trois rires par pages

Conversations avec un enfant curieux est un ouvrage délicieux écrit en forme de dialogue entre un petit Michel Tremblay et des adultes prêts à enrichir la conversation. Les pages du roman contiennent d’ailleurs plusieurs récits fragmentés, parfois jouissifs, dans lesquelles la mauvaise foi de certains ne remet jamais vraiment en cause les profondes interrogations du têtu.

«Je voulais écrire sur l’irréductible pensée qui nous habite dès l’enfance, explique Michel Tremblay. Comme tous les garçons et filles de mon âge, je croyais à ce que l’on me disait, mais j’ajoutais toujours un pourquoi. Il y a des histoires que j’avais du mal à digérer comme certains récits religieux. Je posais des questions naïves, sans méchanceté, car je voulais surtout comprendre.»

«Le passé est un lieu de référence et non un lieu de résidence», cette citation reprise par l’auteur des Chroniques du Plateau-Mont-Royal éclaire la démarche littéraire. «C’est sans doute pour cela que j’écris beaucoup de romans qui se situent dans le passé pour essayer de comprendre le présent, précise l’auteur. J’ai commencé par écrire mes premières œuvres à l’envers, en commençant par rajeunir mes personnages afin d’expliquer les monstres qu’ils sont devenus quand j’étais jeune.»

En bon témoin de son époque, Tremblay ne veut néanmoins pas plonger ses lecteurs dans la nostalgie, plutôt dans la bonne humeur. «Même si j’ai déjà dit il y a longtemps que pour moi l’écriture était une longue lettre que j’écrivais à moi-même, je veux que les gens aient autant de plaisir à le lire ce bouquin que j’ai eu à l’écrire. Et je leur promets trois rires par pages lorsqu’ils vont découvrir la naïveté de cet enfant qui pose quand même les bonnes questions auxquelles les parents ne trouvent pas toujours les bonnes réponses.»

Conversations avec un enfant curieux – Michel Tremblay – Les Éditions Leméac – 152 pages – En librairie le 9 novembre 2016.

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