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Les producteurs laitiers du Québec déçus des compensations d'Ottawa

« Il y a beaucoup de questions, peu de réponses. »

OTTAWA – Les producteurs laitiers du Québec disent que la compensation de 350 millions de dollars offerte par Ottawa, pour amortir le choc de l’accord de libre-échange entre le Canada et l’Europe, n'est pas suffisante.

« On considère que c’est un programme qui n’est pas suffisant pour contrer les impacts de l’accord Canada-Europe. C’est bien en deçà de nos attentes », lance François Dumontier, directeur adjoint des relations publiques et gouvernementales des Producteurs de lait du Québec.

Dès l’entrée en vigueur de l’Accord économique et commercial global (AECG), l’Union européenne pourra exporter 17 700 tonnes de fromages, dont 16 000 tonnes de fromages fins, au Canada.

Les producteurs ont manifesté à Ottawa à plusieurs reprises. (Photo : Reuters)

Les Producteurs laitiers du Canada estiment que ces importations entraîneront des pertes de revenus de 116 millions de dollars par année.

Pendant la dernière campagne électorale, le gouvernement Harper avait un programme de compensation de 4,3 milliards de dollars sur 15 ans pour contrer les effets de l’AECG et du Partenariat transpacifique (PTP).

De ce montant, 2,4 milliards étaient consacrés aux producteurs laitiers et aux fabricants de fromages.

Mais jeudi, les ministres fédéraux de l’Agriculture et du Commerce international ont annoncé la création de deux nouveaux programmes qui font suite « au profond engagement du gouvernement du Canada à l’égard du système de gestion de l’offre ».

Le Programme d’investissement dans les fermes laitières, de 250 millions de dollars sur cinq ans, versera des « contributions ciblées » pour que les producteurs puissent « accroître leur productivité en modernisant leur équipement ».

Le Fonds d’investissement dans la transformation des produits laitiers consacrera 100 millions de dollars sur quatre ans afin d’aider les producteurs à diversifier leurs gammes de produits et de profiter de nouveaux débouchés commerciaux.

La ministre du Commerce international, Chrystia Freeland, a déclaré qu’il s’agissait d’une occasion pour les producteurs et les transformateurs d’ici de devenir plus compétitifs lorsque l’accord entrera en vigueur.

La ministre Freeland était ravie de la signature de l'AECG. (Photo : Getty Images)

« J'invite les producteurs à tirer parti des nouveaux débouchés commerciaux créés par l'AECG et les autres accords de libre-échange pour faire croître leurs entreprises », a-t-elle fait valoir.

« Faire passer du Cheez Whiz pour du fromage »

La porte-parole du NPD en matière d’Agriculture, Ruth Ellen Brosseau, a elle aussi déploré le plan de compensation des libéraux, qui ne compense pas les pertes à prévoir à son avis.

« Ce qui me fâche avec cette annonce, c’est qu’encore une fois, les libéraux ont promis du changement, mais finalement c’est du pareil au même », a-t-elle critiqué.

Idem du côté du Bloc québécois, où l’on dénonce une mascarade. « Essayer de faire croire que les compensations annoncées sont un vrai plan d’aide, c’est comme essayer de faire passer du Cheez Whiz pour du fromage », a lancé Simon Marcil, porte-parole bloquiste en matière d’Agriculture.

Les producteurs ont encore beaucoup de questions. (Photo : Getty Images)

L’argent sera-t-il distribué au pro rata des fermes? Ottawa appliquera-t-il le principe du premier arrivé, premier servi? Les transformateurs auront-ils droit à des fonds également?

« Il y a beaucoup de questions, peu de réponses », résume François Dumontier des Producteurs de lait du Québec.

Le porte-parole voit toutefois d’un bon œil l’argent qui sera attribué aux producteurs pour des investissements supplémentaires, notant au passage que ce processus de modernisation se fait déjà.

« Les fermes québécoises investissent 300 millions par année, et c’est un incitatif à investir davantage. C’est une bonne chose, on encourage nos producteurs à investir », ajoute-t-il.

Les producteurs laitiers du Québec estiment que cette annonce du fédéral est un « premier pas » dans la bonne direction, mais attendent toujours des actions concrètes dans le dossier du lait diafiltré, entre autres.

Ottawa s’explique

Dans une déclaration écrite, le ministère de l’Agriculture explique que les conservateurs avaient prévu un montant plus important, puisqu’il couvrait l’ensemble des secteurs affectés par l’AECG et le PTP.

« Une somme plus importante était prévue, car le PTP aura plus de répercussions que l’AECG sur toutes les industries sous gestion de l’offre, c'est-à-dire non seulement le lait, mais aussi la volaille et les œufs », a expliqué le porte-parole James Watson.

Le ministère n’a toutefois pas été en mesure de chiffrer le montant qui était prévu par le gouvernement précédant spécifiquement pour les producteurs de lait qui seraient affectés par l’accord de libre-échange avec l’Union européenne.

Mais il maintient que le montant annoncé par les ministres de l’Agriculture et du Commerce international reflète la réalité de l’industrie, ainsi que les priorités du gouvernement Trudeau.

« Les programmes annoncés [jeudi] reposent sur les observations que nous avons recueillies lors de nos consultations avec l’industrie ainsi que sur la priorité globale du gouvernement, soit de stimuler l’innovation, la compétitivité et la croissance propre des secteurs économiques du Canada. »

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