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Si le résultat de l'élection américaine vous angoisse, c'est que vous souffrez de «Trump anxiety»

Souffrez-vous de «Trump anxiety»?

Depuis l'annonce de la victoire de Donald Trump à l'élection présidentielle américaine, sur Internet, si certains explosent de joie, ce sont les émojis pour exprimer la tristesse et la peur qui dominent. Et les internautes ne sont pas les seuls à s'inquiéter.

"Il est impossible de réagir à ce moment autrement que par, au moins, du dégoût et une profonde anxiété", écrit l'éditorialiste du New Yorker ce mercredi 9 novembre. Le site Psychology Today, le principal média américain en ligne sur la psychologie a mis à sa une, la photographie d'un bébé avec le sous-titre, "gardez votre calme".

Et cette inquiétude dépasse évidemment les frontières. Le Los Angeles Times rapporte, témoignages à l'appui, que les Mexicains ressentent une "profonde anxiété" depuis mardi 8 novembre au soir, quand l'agence Reuters souligne que les alliés asiatiques des États-Unis pressent Donald Trump de les rassurer depuis l'annonce de sa victoire. Un journal suédois, Sydsvenskan, laisse, quant à lui, la parole à un pédopsychiatre qui assure que les enfants peuvent être affectés et qu'il faut parler de cette élection avec eux.

"Trumpisme", menace au bien-être

En fait-on trop? À écouter les spécialistes américains de la santé mentale, non. La campagne a été violente et déjà eu des conséquences tangibles sur les Américains. Trois mois plus tôt, pendant l'été, 3000 psychologues américains dont certains votaient républicain ont signé un manifeste pour mettre en garde contre le "Trumpisme", une "menace au bien-être des personnes que nous soignons". Car oui, la campagne de Trump a fait émerger de l'anxiété, de la peur, de la honte ainsi qu'un sentiment d'impuissance en particulier chez les femmes, les homosexuels, les immigrés, assurent ces professionnels.

Trump fait preuve d'une attitude qui va à l'inverse de ce que les psychologues tentent d'appliquer dans leur cabinet, en optant pour "le fait de blâmer les autres pour ses propres peurs et insécurités et de combattre ces autres au lieu de prendre le chemin, plus difficile, de la prise de responsabilité, de la conscience de soi". Il normalise l'hyper-masculinité qui est "antithétique aux relations saines que la psychothérapie entend faire accéder."

Le psychologue qui est à l'origine de ce manifeste, William J. Doherty de l'Université du Minnesota, en a eu l'idée après un voyage en Autriche où il s'est intéressé aux psychiatres des années 30 dans ce pays et en Allemagne. Ce moment de l'histoire fait, selon lui, écho à la montée de Donald Trump et il enjoint ses confrères et consœurs à devenir des "thérapeutes citoyens".

Dans un article fleuve, le site Politico avait interrogé de nombreux praticiens signataires. Tous racontent les implications concrètes de la campagne de Donald Trump sur leurs patients et sur eux-mêmes. Une psychologue de Seattle avait par exemple expliqué avoir fait une crise de panique en pensant à l'élection du candidat républicain.

Prise de recul

Mais, désormais, il faut faire avec. Donald Trump est le 45e président des États-Unis. Susan Krauss Whitbourne enseigne la psychologie et la neurologie à l'université. Dans un texte publié la veille de l'élection, elle revient sur les conclusions d'une recherche menée en 2016 par une équipe anglaise. "Vous pourriez être tentés de mettre cet événement le plus rapidement possible derrière vous", met-elle en garde en parlant d'une défaite à l'élection présidentielle. "Cette désagréable sensation peut avoir des effets positifs sur vous, acceptez de la ressentir".

Pour cela, il faut voir que la défaite est une opportunité de prendre du recul, de se poser les bonnes questions, calmement et de pouvoir agir en conséquence. Cela passe par le fait de confier ses peurs aux autres et d'agir en faveur de l'apaisement.

C'est d'ailleurs un message de cette trempe qu'a prononcé Donald Trump pour sa première apparition après l'annonce de sa victoire. "Il est temps pour nous de panser nos blessures, de nous rassembler, a-t-il dit. Que tous les indépendants, les républicains, les démocrates, se rassemblent en tant que nation unie."

Il faudra bien plus pour apaiser les craintes que suscite cette élection.

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Trump: les unes de son élection

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