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Protection des sources: Justin Trudeau suit l'affaire Lagacé de près

Justin Trudeau suit l'affaire Lagacé de près

OTTAWA – Le premier ministre Justin Trudeau regardera «attentivement» les échanges entre la Ville de Montréal et son service de police dans l’affaire Patrick Lagacé et se dit prêt à faire le nécessaire pour encadrer la liberté de la presse au besoin.

«La préoccupation que nous avons tous par rapport à la protection de la liberté d’expression, la liberté de la presse, certainement, est soulignée par ce qui vient de se passer», a-t-il dit à l’entrée de son caucus hebdomadaire, mercredi matin.

« Comme on a dit plusieurs fois, ce gouvernement est à la défense de la liberté de la presse et on va faire ce qui est nécessaire pour l’encadrer s’il y a d’autres étapes nécessaires. »

Le premier ministre n’a pas donné de plus amples précisions sur la forme que pourrait prendre cette aide, dans la foulée du scandale sur la surveillance du journaliste Patrick Lagacé.

Questionné à ce sujet par le NPD, lundi et mardi, le ministre fédéral de la Sécurité publique Ralph Goodale a répondu que le cas de Patrick Lagacé ne relevait pas des compétences fédérales, mais bien de Québec.

Il n’a toutefois pas voulu dire combien de journalistes étaient visés par un mandat de surveillance de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) à l’heure actuelle, mais a martelé l’importance de la liberté de presse.

« Il est très clair que la liberté de la presse est quelque chose qui compte pour tous les Canadiens. Ce gouvernement, et je m’attends à ce que tous les élus de cette Chambre, défendent ce droit avec vigueur », a dit Goodale.

Le ministre examinera toutefois une directive ministérielle qui demande aux forces policières de faire attention à ce que les enquêtes criminelles et le journalisme ne se recoupent pas.

Mais ces vœux pieux n’ont pas convaincu le chef du NPD, Thomas Mulcair, qui a rappelé que la GRC avait voulu surveiller le correspondant de La Presse Joël-Denis Bellavance pour démasquer l’une de ses sources qui lui avait révélé des informations sur Adil Charkaoui.

« Défendre cette liberté veut dire de faire quelque chose quand un journaliste à Ottawa – comme Joël-Denis Bellavance – est sous surveillance, et ce ministre n’a rien fait! »

Mardi soir, le ministre Goodale a précisé aux journalistes que le nouveau comité multipartite sur la sécurité publique et nationale pourrait se pencher sur des nouveaux cas de surveillance de journalistes, s’il y en avait d’autres au national.

Mais le commissaire de la GRC, Bob Paulson, a dit qu’il n’y avait aucune enquête en cours ni d’activités de surveillance de la part de son organisation à l’endroit de journalistes.

Des projets de loi à venir?

Si le gouvernement Trudeau reste flou sur les prochaines étapes à prendre pour protéger les journalistes et leurs sources, tant la Chambre haute que la Chambre basse s’activent pour trouver une solution.

Le sénateur indépendant et ancien journaliste André Pratte a confié au site iPolitics qu’il voulait possiblement proposer des amendements aux lois existantes pour protéger les journalistes ou la protection de la vie privée.

La Bloc québécois devrait quant à lui déposer, d’ici deux semaines, un projet de loi privé qui vise à mieux protéger les sources journalistiques « sauf dans certaines circonstances particulières », a confirmé le chef par intérim Rhéal Fortin.

Le parti s’inspire d’un projet de loi présenté par l’ancien député bloquiste Serge Ménard en 2007, qui avait été adopté en deuxième lecture. Le projet est finalement mort au feuilleton en raison des élections fédérales.

« C’est un peu prétentieux de dire qu’on l’a préparé, parce qu’effectivement, c’est le projet de loi de Serge Ménard. On l’a, disons, adapté avec le bureau du légiste », a laissé tomber Rhéal Fortin.

Le chef adjoint du Parti conservateur du Canada, Denis Lebel, ne s’est pas avancé sur les mesures à prendre pour mieux protéger les sources journalistiques, disant que c’est au gouvernement Trudeau à agir dans ce dossier.

Mais son collègue conservateur Gérard Deltell, un ancien journaliste, a laissé entendre que la loi fédérale pour la protection des lanceurs d’alertes pourrait être bonifiée pour mieux protéger les journalistes et leurs sources.

« Est-ce que ça mériterait d’être approfondi, cette loi-là, pour permettre la protection des sources journalistiques? Ça mérite d’être apprécié à sa juste valeur. Maintenant, je vous rappelle qu’on ne part pas de rien », a-t-il dit, mercredi matin.

Deltell, qui a parlé à Patrick Lagacé dans la période où il a été espionné, avait d’ailleurs un message bien spécial pour les personnes qui auraient intercepté leurs échanges : « Bonjour la police! »

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