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Lagacé espionné: le ministre Coiteux se dit préoccupé, mais refuse d'intervenir (VIDÉO)

Lagacé espionné: le ministre Coiteux se dit préoccupé, mais refuse d'intervenir (VIDÉO)

QUÉBEC – Les partis politiques à Québec dénoncent unanimement l’espionnage du chroniqueur Patrick Lagacé par le SPVM. Mais le gouvernement Couillard hésite à intervenir, invoquant la séparation des pouvoirs.

Le quotidien La Presse révélait lundi matin que le SPVM a obtenu 24 mandats de surveillance concernant le téléphone cellulaire de son chroniqueur-vedette depuis le début de l’année. Les limiers montréalais souhaitaient savoir quels policiers lui servaient de sources. Les mandats leur ont permis d’obtenir les appels entrants et sortants, ainsi que la géolocalisation du téléphone de Patrick Lagacé.

«C’est préoccupant, a dit d’entrée de jeu lundi le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux. Quand j’ai lu ça, ce matin, je n’en revenais pas, de la façon dont ces choses-là sont relatées.» Le ministre a rappelé l’importance de l’indépendance de la presse dans une démocratie.

Toutefois, Martin Coiteux refuse d’intervenir directement auprès du corps policier. D’ailleurs, il n’a pas contacté le chef du SPVM, Philippe Pichet, lundi. «Le ministre de la Sécurité publique, et le gouvernement, n’a pas à s’immiscer dans les enquêtes policières, a dit le ministre, en marge de la Conférence internationale sur la radicalisation, organisée par l'UNESCO à Québec. Le gouvernement a simplement à s’assurer que les processus normaux, habituels, acceptables dans une société comme la nôtre, soit en place.»

Le ministre a donc entrepris la vérification des politiques que les policiers doivent suivre pour obtenir de tels mandats. Martin Coiteux veut s’assurer que les processus ont été «dûment respectés» dans le cas de Patrick Lagacé.

Il rappelle que les mandats sont octroyés par un juge, en vertu du Code criminel et de la jurisprudence, notamment à la suite des jugements de la Cour suprême. «Il n’appartient pas au gouvernement de s’immiscer dans le judiciaire. Il n’appartient pas au gouvernement de s’immiscer dans les enquêtes policières», a martelé le ministre.

Martin Coiteux estime qu’il revient aux journalistes de faire «les pressions nécessaires» pour démontrer l’importance de leur travail. Il invite également le quotidien La Presse a utilisé les recours judiciaires disponibles.

Le ministre n’a toutefois pas voulu s’avancer sur une législation qui pourrait protéger les journalistes et leurs sources. «Ce n’est pas aujourd’hui qu’on va prendre de telles décisions», a-t-il dit.

Réactions de l’opposition

Bien qu’elle se dise préoccupée, la ministre des Relations internationales, Christine St-Pierre, ne s’est pas non plus prononcée en faveur d’une législation pour protéger les sources journalistiques. «Je pense que vous êtes assez forts, assez puissants, les journalistes — vous êtes le quatrième pouvoir —, je pense que vous êtes capables de parler haut et fort en faveur de votre profession», a souligné celle qui fut longtemps journaliste à Radio-Canada.

Pour sa part, la critique péquiste en matière de Justice, Véronique Hivon, a réclamé une nouvelle loi. «Il est grand temps de se doter d’une loi visant à réaffirmer clairement le principe de la protection des sources journalistiques et de prévoir les critères qui doivent être respectés pour passer outre, de manière tout à fait exceptionnelle, à ce principe», a-t-elle affirmé dans un communiqué.

Autre ancienne journaliste devenue députée, Nathalie Roy s’est indignée de la tactique du SPVM. «Je trouve ça très inquiétant que monsieur Lagacé ait été espionné par la police, a lancé l’élue caquiste. Il n’y a rien de plus important pour les journalistes que les sources journalistiques.»

«Que va-t-il arriver à ces sources si elles ont peur?», s’est-elle inquiétée.

De son côté, Québec solidaire «somme» le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, «de mettre fin à la traque aux sources journalistiques».

«Depuis des mois, nous savons que la SPVM et la Sûreté du Québec se démènent pour identifier les policiers qui se confient aux journalistes quand une enquête fait du surplace, écrit la députée Manon Massé dans un communiqué. On voit aujourd'hui qu'ils sont prêts à tout pour entraver le travail essentiel des journalistes et faire taire les sources.»

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