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Une solution autochtone aux suicides dans les Premières Nations

Une solution autochtone aux suicides dans les Premières Nations
CBC/Devin Heroux

Des rapports, des experts et des leaders du monde autochtone affirment que la prestation de soins de santé adaptés et fournis par les Premières Nations représente la solution pour mettre fin au haut taux de suicide chez les Autochtones. Ils appellent à une meilleure reconnaissance des compétences autochtones en matière de santé.

Un texte de Félix Morrissette-Beaulieu

« Nous avons notre propre voie de guérison [...]. Il faut la reprendre », croit Rod McCormick, psychologue mohawk et détenteur de la Chaire en santé autochtone de l'Université Thompson Rivers à Kamloops, en Colombie-Britannique.

« Il faut avoir nos propres thérapeutes pour que ce lien de confiance soit là », ajoute-t-il.

Un rapport de 2015 du Centre de collaboration national de la santé autochtone (CCNSA), intitulé Revue des compétences essentielles pour la santé publique : Une perspective de santé publique autochtone, abonde en ce sens : « Les études ont montré que les projets communautaires, la valorisation de la fierté culturelle et des approches traditionnelles de la santé et de la médecine ont favorisé l'amélioration [...] de la santé mentale, physique et spirituelle des communautés autochtones ».

Les praticiens ont besoin notamment de prendre en compte l'héritage historique des Autochtones, tel que les traumatismes vécus dans les pensionnats autochtones, pour « comprendre la marginalisation de la santé mentale », souvent présente dans les réserves, est-il écrit dans le rapport.

« Comprendre le contexte dans lesquelles les Autochtones se sont développés est la seule façon de changer les choses », souligne la chercheuse en chef du CCNSA, la docteure Margo Greenwood.

Le rapport recommande de « reconnaître et nommer les organismes de gouvernance des Premières Nations, des Inuits et des Métis » et de créer des partenariats avec ces derniers et les gouvernements afin de réviser les compétences en matière de santé.

Le Dr. McCormick évoque aussi la manière dont les traitements doivent être réalisés : « Les cérémonies du nom, les cérémonies du deuil, sont importantes ». Celles-ci doivent être reconnues dans les programmes, selon lui.

Le docteur ajoute que les aînés et les autres intervenants culturels doivent aussi être reconnus comme des acteurs essentiels.

Un rapport de 2015 de Santé Canada et de l'Assemblée des Premières Nations met en lumière les difficultés d'établir des programmes en matière de santé mentale pour les Autochtones.

En effet, les deux organismes notent d'« importantes dissensions entre les administrations fédérales et provinciales », relativement à la prestation de services et de programmes dédiés aux Premières Nations. Les services provinciaux et fédéraux sont souvent fournis en parallèle et ne sont pas centralisés, est-il écrit.

En 2013, Santé Canada a confié son rôle en matière de conception, de gestion et de prestation des programmes de santé pour les Autochtones de Colombie-Britannique à la Régie de la santé des Premières Nations. Il s'agit du seul accord entre Santé Canada, un gouvernement provincial et les Premières Nations pour la mise sur pied d'une autorité de santé entièrement gérée par les Autochtones.

Ce genre « d'approches intégrées et concertées pourraient améliorer l'accès à des services adéquats de mieux-être mental dans les communautés des Premières Nations », mentionne le rapport.

Depuis 2008, Ottawa mise sur un programme d'« équipe de mieux-être mental ». Chacune des équipes utilise une approche unique adaptée aux besoins des communautés qu'elles desservent.

Il s'agit généralement d'équipes multidisciplinaires qui offrent une gamme de services de santé mentale respectueux des valeurs culturelles.

En 2016, Ottawa a annoncé un financement de plusieurs dizaines de millions de dollars pour augmenter ce nombre d'équipes de 11 à 43 pour les communautés au Canada les plus à risques.

La mise sur pied de programmes gérés et conçus par et pour les Autochtones est la meilleure façon de s'attaquer aux suicides, selon l'ancien chef de la Première Nation saskatchewanaise de Keeseekoose, Ted Quewezance.

« Qui sait mieux que nous, les témoins de ce système de santé? Qui connaît mieux nos préoccupations en termes de besoins que nous? », se questionne Ted Quewezance, qui a déjà déclaré l'État d'urgence dans sa Première Nation dans le but de lutter contre les problématiques de santé mentale.

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