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«Sous la ceinture»: La culture du viol, «pas une lubie de féministe» (ENTREVUE)

«Sous la ceinture»: La culture du viol, «pas une lubie de féministe»

Quand elle a lu un commentaire haineux sur Facebook à l’égard des femmes, Nancy B. Pilon a pris les armes et la plume. Une vingtaine de témoignages plus tard – et un an et demi de travail derrière la cravate – et Sous la ceinture arrive en librairie.

Le timing n’aurait pu être plus parfait. Sous la ceinture. Unis pour vaincre la culture du viol sort pile poil au moment où on parle des incidents aux résidences de l’Université Laval et des dérapes des initiations à l’Université d’Ottawa. Sans parler de l’affaire Sklavounos.

«Je n’aurais pu penser que l’actualité serait autant collée sur notre projet que ça, lance une Nancy B. Pilon en pleine tournée médiatique la fin de semaine dernière. C’est super triste, mais je trouve ça tellement bien et positif que ça sorte. Ça explose de plus en plus et j’ai l’impression qu’on prend de plus en plus conscience de l’ampleur de ce que c’est.»

Cela faisait déjà un moment que l’enseignante et bloggeuse avait envie de prendre part au débat, sans savoir comment s’y prendre. «C’est quelque chose que j’avais dans la tête depuis le début du mouvement #AgressionNonDénoncée. Quand c’est sorti, j’ai eu plusieurs discussions sur le sujet avec des gens qui m’entourent. On s’est toutes rendues compte qu’à divers degrés, les femmes qui sont proches de moi ont toutes vécu une situation qu’on pourrait relier à la culture du viol.»

À l’été 2015, elle est à la fois inspirée par le Natural Born Féministe de Koriass que repoussée par une blague de Jean-François Mercier. Dans une publication sur Facebook, l’humoriste comparait l’allure séduisante d’une femme à un cornet de crème glacée. Le comble pour Nancy a été de lire le commentaire d’une femme insinuant qu’une demoiselle qui s’habille d’une certaine façon ne devrait pas être surprise de se faire agresser.

«C’est elle qui a donné le coup d’envoi au projet parce que ce commentaire est tellement venu me chercher. Je ne comprenais pas comment une femme puisse avoir un propos aussi violent envers une autre femme.»

Prendre la parole

Émerge l’idée d’un collectif auquel contribuerait des «coups de coeur littéraires et humains» de la Montréalaise. Elle sollicite des journalistes et des dramaturges, des auteurs de fiction et d’essai, bref, des personnalités qui ne se sont jamais vraiment prononcées publiquement sur le sujet. L’intention de la jeune femme est alors de prouver que la culture du viol «n’est pas une lubie de féministe ou de l’hystérie collective.»

«Chacun est à l’intérieur du livre pour une raison précise. Pour Véronique Grenier, j’aimais qu’elle soit prof de philo ce qui amène un angle particulier. Simon Boulerice s’adresse vraiment très bien aux jeunes ados. Florence Longpré, j’avais adoré sa pièce Chlore alors je savais qu’elle serait capable de m’écrire un texte de théâtre accessible et qui allait parler aux gens », explique Nancy B. Pilon.

Question de prouver l’ampleur du phénomène, la jeune enseignante recrute aussi des auteurs masculins, dont Samuel Larochelle et Webster. Ils sont cinq en tout, sur un total de 19 collaborateurs.

Aux yeux de l’auteure, c’était là une étape essentielle pour augmenter la portée du livre. « Avoir des hommes qui prennent position, ça répartit le poids sur plusieurs épaules. Ça permet de se rendre compte que la lutte n’est pas féminine, elle est humaine et sociale. »

Sous la ceinture. Unis pour vaincre la culture du viol est en librairie depuis le 19 octobre. Avec Koriass, Aurélie Lanctôt, Judith Lussier, Sophie Bienvenu et plusieurs autres.

INOLTRE SU HUFFPOST

La librairie "M'Enfin" à Rennes
Corps et âme de Matz, Walter Hill et Jef aux éditions Rue de sèvres."C'est un polar. Un jour une femme se réveille dans une chambre glauque. Très surprise de se voir dans la glace. Très surprise car normalement c'est un homme.A partir de là l'histoire d'une vengeance est racontée. Pourquoi lui a-t-on fait ça ? Comment ? Que lui est-il arrivé ? C'est une bande-dessinée divertissante et sombre, avec un peu les mêmes ambiances que les films de Tarantino. C'est une BD pour adultes."
Librairie "La lison" à Lille
Même les pêcheurs ont le mal de mer de Diane Peylin aux éditions Les escales"Ce livre est très beau. C'est l'histoire de trois générations d'hommes: le grand-père, le fils et le petit-fils. Tout commence avec le décès du grand-père qui va briser le mal commun qui lie ces trois hommes: l'incapacité à dire ce qu'ils ressentent.Il se divise en trois partie. Chacune d'entre elles raconte la vie d'un homme avec de nombreux aller-retour entre le passé et le présent.Un vrai roman chorale."
Librairie "La Belle Lurette" à Paris
Tardigrade de Pierre Barrault aux éditions Arbre Vengeur"Tardigrade est un premier livre. On ne peut pas le qualifier de "roman", tant il est fragmentaire et singulier. Dans ce petit texte bourré d’humour et de fantaisie, il est question d’un animal minuscule aux propriétés extraordinaires, et de bien d’autre chose encore... Un narrateur pour le moins mystérieux nous fait part de son quotidien : ici, on fait chaque matin l’inventaire de ses organes, il se met à pleuvoir dès que l’on demande un peu d’eau, le sol se dérobe et les invités tombent des balcons, certains hommes ont deux têtes, d’autres n’ont qu’un seul côté, les visages se déforment quand on les regarde avec trop d’insistance et les pandas sont alternativement noirs, puis blancs; le tout raconté en une succession de passages plus ou moins brefs et sur un ton faussement léger, parfait pour ceux qui souhaitent rire ou sourire en laissant le réel de côté le temps d'une lecture."
Librairie "Vivement Dimanche" à Lyon Gabriel
Les méduses ont-elles sommeil ? de Louisiane C.Dor aux éditions Gallimard, collection Nos Vies"C'est un livre très court de 80 pages. Il m'a épaté. L'auteur a écrit 9a à 16 ou 17ans ! L'histoire est celle d'une jeune fille de 18 ans qui arrive à Paris. Pour elle, rien que d'arriver ici lui donne le sentiment d'avoir réussi sa vie. C'est une chronique d'une jeunesse sans horizon. Cette jeune femme va tomber dans la cocaïne sans s'en rendre compte. Ce qui est genial ce sont les descriptions de ses trips. On monte avec elle et on descend avec elle. Ca sent le vécu, c'est très réaliste et les descriptions sont poétiques. Un livre très original, étonnant et enthousiasmant. C'est vraiment génial !"
Librairie "Les Beaux Titres" à Levallois-Perret
Le miroir des illusions de Vincent Engel aux éditions Les Escales"Ce roman historique raconte une histoire de vengeance. Genève, 1849. Atanasio, jeune homme fraîchement arrivé de sa campagne toscane, apprend le décès de son protecteur Don Carlo, et la mission qui lui incombe pour toucher l'héritage de celui qui se révèle être son père. Il s'agit, selon un strict protocole, de le venger des quatre personnes qui ont fait de sa vie un enfer : son épouse Alba, son amant Wolfgang, et les deux bâtards engendrés par les autres infidélités de la première.Ce roman extrêmement bien construit m'a beaucoup plu dans sa peinture très touchantes des personnages. Les dialogues sont particulièrement bien menés, les longues descriptions, rares. Le lecteur accroche dès le prologue et ne relève pas la tête avant la fin des 500 pages. Un parfait roman pour l'été, profond et divertissant qu'il vaut mieux lire au calme pour pouvoir suivre l'intrigue à rebondissements."
Librairie "Les Volcans" à Clermont-Ferrand
La revue Reliefs aux éditions Panorama 5"C'est une revue dont deux numéros sont parus. Le prochaine arrive en semptembre. La ligne ? L'exploration au sens le plus large: des sciences, de l'histoire, des technologies, de la littérature... Un bel objet très instructif ."
Librairie "Violette and Co", à Paris
Mémoire de fille de Annie Ernaux aux éditions Gallimard"C'est un excellent livre d'une grande écrivaine, auteure de La Femme gelée ou encore Passion simple, qui écrit beaucoup de récits autobiographiques, comme c'est le cas ici. Dans ce livre, Annie Ernaux revient sur ses 18 ans, et raconte comment elle a vécu, pendant l'été 1958, sa première relation sexuelle avec un homme, ainsi que les deux années qui ont suivi et comment est née sa vocation d'écrivaine. C'est un livre très fort pour deux raisons. D'abord parce qu'elle revient sur cette expérience sexuelle qui fut un choc, un traumatisme et qu'elle essaye de retranscrire ce qui s'est passé. Ensuite parce qu'elle opère un va-et-vient entre son travail d'écrivaine, aujourd'hui et ce moment-là. C'est un ouvrage sur ce choc initial, sur le travail de mémoire."
Librairie "L'autre Rive" à Toulouse
Cinq Kopecks de Sarah Stricker aux éditions Piranha"Ce livre nous emmène dans la vie de la narratrice. Il parle de la seule faille. Enfant parfaite, élevée par un père tyrannique qui voulait qu'elle soit un géni en tout. Elle se promet une vie professionnelle assez grandiose puis épouse un homme qu'elle n'aime pas trop et tout à coup tombe amoureuse. Et toute la distance qu'elle avait auparavant s'écroule. L'amour s'incarne dans la personne d'un voisin. Il la chamboule. C'est un livre à la fois grave et très drôle. Les personnes sont danss l'exagération. La mère par exemple fait penser à Juliette Binoche dans le film Ma Loute. Le ton grave et humoristique m'a fait aimer ce livre mais aussi la peinture social du Berlin est après la chute du mur. Un roman assez complet et une chronique sociale de cette époque. Très beau style, assez chirurgical et avec un humour souvent grinçant."
Librairie "L'odeur du Temps" à Marseille
Boy, Snow, Bird de Helen Oyeyemi"Ca se passe dans l'entre deux guerre aux Etats-Unis. Il raconte l'histoire d'une jeune fille de 16 ans dont le pere a la main lourde. Elle s'enfuit et au bout de la ligne trouve refuge dans un foyer de jeune fille. Elle rencontre ensuite plusieurs personnes dont un type qu'elle ne supporte pas. Elle en tombe finalement amoureuse. Il s'agit d'un roman sur la question noire aux Etats-Unis mais pas seulement. Il se lit très facilement grâce à cette belle histoire et son humour un peu cynique par moment."
Librairie "Mollat" à Bordeaux
Le nuage d'Obsidienne d'Eric Mc Cormack aux éditions Bourgois"L'auteur est l'un des grands écrivains canadiens contemporains. Ce livre est le récit d'une vie, un livre d'aventure, un roman d'amour et de mystère. Un homme, en marge d'un colloque, découvre dans une librairie un livre qui parle d'un phénomène climatique en Ecosse. Un pays dans lequel il a vécu. Il va s'intéresser profondément à ce phénomène.Le récit de sa vie très fragmenté est très agréable à lire. Il joue sans arrêt sur les contre-pieds. Mais tout se tient . Le récit est bien construit et intelligent. Il y a un vrai plaisir à la fin de comprendre comment les fils ont été tressés, ce qui suscite l'envie de le relire, pour repérer tous les indices semés tout au long du livre."

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