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Alain Farah publie «La ligne la plus sombre»: la beauté du non-dit (ENTREVUE)

Alain Farah publie «La ligne la plus sombre»: la beauté du non-dit
Courtoisie de La Pastèque

Premier roman graphique d’Alain Farah, La ligne la plus sombre est une ode à l’intangible. Une illustration des «trois» lignes offertes aux humains quand ils sont confrontés à des choix. Et surtout, une fabuleuse rencontre entre l’écrivain et l’illustratrice Mélanie Baillairgé, qui ont créé entre les mots et les traits de crayon quelque chose qui ressemble à du bonheur.

Dans les premières pages du bouquin publié aux éditions La Pastèque, on découvre un écrivain, alter ego de Farah, qui profite de la vie dans le Maine, en s’acoquinant avec certains personnages plus grands que nature.

Interrompu dans ses vacances par un coup de fil surprenant, l’homme de mots entraîne les lecteurs dans une fable romantique avec la discrète Clémence, évoque la proposition d’une certaine Première ministre pour écrire ses discours, illustre un film d’espions où les agents doubles éveillent en lui des questionnements sur les mensonges qu’on sert à soi et aux autres, en plus d’explorer différences facettes de l’intangible (télépathie, connexion non palpable, chanelling).

Une façon pour lui de donner une voix à l’innommable. «C’est un formidable terrain de jeu pour un écrivain, la notion des mondes qui nous échappent, souligne Alain Farah. Dans le livre, la phrase la plus porteuse est sans aucun doute “Les choses sont là sans être là”. On fait tous l’expérience de ça. L’exemple le moins spectaculaire, mais le plus fabuleux qui porte ce nom est certainement celui de l’amour.»

Malgré la quantité de thèmes abordés et de situations illustrées en 93 pages, il affirme que son livre parle avant tout d’amour. «Je me suis entendu avec Mélanie pour que nous ne le nommions jamais, ni dans les mots ni dans les illustrations. On comprend l’amour dans tous les interstices de l’histoire.»

Farah parle avec enthousiasme du dialogue entre sa prose et le langage visuel de Baillairgé. «Mélanie possède une extrême intelligence et une grande sensibilité. Elle est ouverte aux dialogues avec des opinions fortes. Il y a eu une réelle rencontre entre nous. On a fait beaucoup d’allers-retours entre la première version du texte et les story-boards. Les textes ont été modulés jusqu’à la fin.»

Même s’il admet que les codes du roman graphique ne sont pas les mêmes que ceux du roman, de l’essai ou de la poésie, non sans avoir gentiment confronté le journaliste pour s’assurer qu’il savait de quoi il parlait, l’écrivain et professeur en littérature à l’Université McGill dit ne pas accorder une grande importance à la forme littéraire qu’il adopte.

«Ça m’est arrivé dans le passé de décider à la dernière minute quelle étiquette on donnait à une de mes œuvres. Le genre qui finit par accueillir mon travail se trouve en aval du processus créatif, et non en amont. Évidemment, la création d’un roman graphique est différente d’un point de vue rythmique et pédagogique, avec la rencontre des illustrations et des mots. Mais paradoxalement, je me suis permis encore plus d’opacité… alors que je suis déjà un écrivain hermétique.»

Peu importe le genre, Alain Farah est avide de rencontres artistiques. Il évoque la réunion d’écrivains dans la création collective de la maison d’édition Le Quartanier, son travail avec le cinéaste François Blouin et la metteure en scène Marie Brassard, ainsi que l’adaptation théâtrale du film Le déclin de l’empire américain à laquelle il participe ces jours-ci et qui sera présentée sur la scène de l’Espace GO à l’hiver 2017.

D’ici à ce que les amateurs de théâtre découvrent cette prochaine œuvre, il souhaite que son roman graphique trouve son public. Surtout en sachant que son éditeur, doté d’une renommée certaine, a pris un « risque » en l’invitant dans son giron.

«Je suis conscient de ma chance. Je suis un néophyte dans l’art séquentiel. Je célèbre presque 20 ans d’écriture, mais jamais quelque chose comme ça n’aurait pas pu se passer quand je faisais apparaître mes premiers bouts de textes. Je suis super fier d’apparaître dans le catalogue de La Pastèque. Et maintenant, j’espère que le livre rencontre ses lecteurs. C’est mon petit côté libanais qui souhaite que les comptes soient bons pour tous. »

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La revue Reliefs aux éditions Panorama 5"C'est une revue dont deux numéros sont parus. Le prochaine arrive en semptembre. La ligne ? L'exploration au sens le plus large: des sciences, de l'histoire, des technologies, de la littérature... Un bel objet très instructif ."
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Boy, Snow, Bird de Helen Oyeyemi"Ca se passe dans l'entre deux guerre aux Etats-Unis. Il raconte l'histoire d'une jeune fille de 16 ans dont le pere a la main lourde. Elle s'enfuit et au bout de la ligne trouve refuge dans un foyer de jeune fille. Elle rencontre ensuite plusieurs personnes dont un type qu'elle ne supporte pas. Elle en tombe finalement amoureuse. Il s'agit d'un roman sur la question noire aux Etats-Unis mais pas seulement. Il se lit très facilement grâce à cette belle histoire et son humour un peu cynique par moment."
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Le nuage d'Obsidienne d'Eric Mc Cormack aux éditions Bourgois"L'auteur est l'un des grands écrivains canadiens contemporains. Ce livre est le récit d'une vie, un livre d'aventure, un roman d'amour et de mystère. Un homme, en marge d'un colloque, découvre dans une librairie un livre qui parle d'un phénomène climatique en Ecosse. Un pays dans lequel il a vécu. Il va s'intéresser profondément à ce phénomène.Le récit de sa vie très fragmenté est très agréable à lire. Il joue sans arrêt sur les contre-pieds. Mais tout se tient . Le récit est bien construit et intelligent. Il y a un vrai plaisir à la fin de comprendre comment les fils ont été tressés, ce qui suscite l'envie de le relire, pour repérer tous les indices semés tout au long du livre."

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