Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Sophie Desmarais, abonnée aux personnages complexes

Sophie Desmarais, abonnée aux personnages complexes
Espace GO

Après avoir multiplié les rôles au grand écran depuis le début de sa carrière, Sophie Desmarais est surtout active au petit écran et au théâtre cette saison. Misant sur son intelligence émotive, son jeu nuancé et sa polyvalence, l’actrice a hérité de trois rôles de femmes riches et complexes, dans les téléséries L’Imposteur et Prémonitions, ainsi dans la pièce de théâtre Une femme à Berlin, qui sera présentée sous peu à l’Espace Go.

Depuis la fin août, les abonnés de la chaîne AddikTV peuvent regarder Prémonitions, une série québécoise aux accents fantastiques, mettant en scène Pascale Bussières, Benoit Gouin, Marc Messier, Éric Bruneau, Mikhaïl Ahooja et Sophie Desmarais. Au cœur de cette famille en cavale, victime d’une malédiction, la comédienne joue une femme ayant vécu un traumatisme à 15 ans, lorsqu’elle a été poussée dans le feu.

«Elle a été complètement brûlée dans le dos. Elle est prise dans son apparence. Elle veut absolument séduire et être aimée, donc elle envoûte les gens, sans être elle-même et sans les rencontrer réellement. C’est un personnage tourmenté dans sa féminité et son désir de plaire», souligne-t-elle.

Au cours des dernières semaines, les téléspectateurs la suivent également dans L’Imposteur, où elle interprète Gaïa, la sœur de Youri/Philippe (Marc-André Grondin), sur le point d’accoucher.

«Elle est enceinte de huit mois et elle a consommé pendant les quatre premiers, avant de savoir qu’elle attendait un bébé. Elle est tourmentée par ses problèmes de consommation et veut prendre sa vie en main. Elle espère toucher l’argent de son beau-père pour crisser son camp.»

Personnage peu présent durant les premiers épisodes, Gaïa prendra de plus en plus de place jusqu’à la fin. «Elle sera une alliée importante au personnage de Marc-André. En quelque sorte, elle retrouve le demi-frère qu’elle n’a jamais vraiment eu. Elle va vraiment le soutenir dans ce qu’il va entreprendre… »

Une femme à Berlin

Sous la direction de Brigitte Haentjens, Sophie Desmarais plongera dans le contexte trouble de la fin de la Deuxième Guerre mondiale, à Berlin. Alors que l’Armée rouge occupe la capitale allemande, ses soldats se vengent des nazis en martyrisant les Allemandes laissées derrière.

«Quand les Russes débarquent à Berlin, il n’y a que des vieillards, des femmes et des enfants. Après plus de cinq ans de guerre, les soldats arrivent avec leur lot de traumatismes et veulent boire et faire la fête. Ils s’emparent des maisons, pissent contre les murs, crachent sur le sol et violent toutes les femmes, comme si le corps des femmes devenait un nouveau territoire à conquérir.»

Du 20 avril au 20 juin 1945, période pendant laquelle deux millions de viols ont été répertoriés en Allemagne, une jeune femme a tenu un journal. Marta Hillers, début trentaine, célibataire, journaliste de profession, photographe de passion, femme ayant voyagé en France et en Russie, maîtrisait suffisamment le français et le russe pour comprendre les soldats de l’armée ennemie.

Une réalité qui lui permettra d’être considérée pour devenir interprète, alors que la famine ronge les Berlinois, mais qui lui donnera également accès à l’horreur. «En présence des soldats russes, elle arrive à comprendre les mots de leur haine et de leur colère. Elle aurait préféré avoir une distance et ne rien saisir…»

Au cœur de cette souffrance, la jeune journaliste était tout de même un symbole de résilience. «C’est ce qui ressort le plus du texte. Marta était une femme forte, lucide, drôle et cynique à la fois. Elle a décidé d’écrire son journal pour survivre à ce qui lui arrive et pour se divertir. Peu à peu, l’écriture est devenue son refuge. En seulement deux mois, elle a créé une œuvre monumentale!»

La comédienne en parle comme d’une femme résolument moderne. «Elle a beaucoup lu et beaucoup voyagé. C’est une intellectuelle qui se posait beaucoup de questions philosophiques sur la domination masculine et le corps féminin. Elle avait des réflexions sur le féminisme en avance sur son temps. C’était une femme dans l’action qui se tourne vers la vie.»

Une femme dont les mots écrits il y a plus de 70 ans seront portés par quatre actrices, Évelyne de la Chenelière, Louise Laprade, Évelyne Rompré et Sophie Desmarais, qui se sont mise en bouche l’adaptation de Jean-Marc Dalpé.

Sur scène, les interprètes joueront sans décor, afin que la parole d’Hillers prenne toute la place. Un geste qui émeut profondément Sophie Desmarais.

«Ce qu’elle écrivait était tellement tabou que ça a pris des années avant que ce soit diffusé. On a d’abord publié sa traduction aux États-Unis, avant que le peuple allemand y ait accès. Mais le texte était anonyme. Marta avait demandé que son nom soit dévoilé seulement après sa mort.»

«C’est littéralement une parole qu’on a voulu taire et interrompre, parce qu’elle évoquait le monde des femmes et tout ce qui découlait de la cuisante défaite des nazis. Je sens une grande responsabilité de propager sa parole.»

Une femme à Berlin sera présentée à l’Espace GO du 25 octobre au 19 novembre 2016. Cliquez ici pour plus de détails.

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.