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Donald Trump a perdu. La démocratie américaine aussi

Donald Trump a perdu. La démocratie américaine aussi

Lors du troisième et dernier débat présidentiel, qui avait lieu dans la nuit de mercredi à jeudi 20 octobre, Donald Trump et Hillary Clinton se sont affrontés pendant une heure et demie avec une violence digne d'un épisode de Game of Thrones. Les seuls qui ont pu apprécier ce spectacle lugubre sont les dirigeants du Kremlin. Tout se passait comme si le candidat républicain – sachant qu'il ne pourrait pas l'emporter – était résolu à souiller la fonction présidentielle.

Il a qualifié son adversaire de menteuse, de "crapule" et dit qu'on n'aurait "jamais dû la laisser se présenter" parce qu'elle était corrompue.

Elle l'a traité de menteur, de prédateur sexuel, de "pantin" de Vladimir Poutine et dit qu'il était "le candidat à la présidence le plus dangereux de toute l'histoire contemporaine."

Moment ahurissant de la soirée...

Le moment le plus ahurissant de la soirée est arrivé quand M. Trump, très amer, a refusé de dire s'il accepterait le résultat du scrutin dans l'hypothèse où il ne serait pas élu, ce qui semble aujourd'hui probable, sinon inévitable.

"Je verrai le moment venu", a-t-il avancé d'un ton badin, comme s'il parlait d'une livraison de sacs de ciment. "Je vais faire durer le suspense."

"Ce que vous venez de dire est terrifiant", a rétorqué Mme Clinton. "Vos pleurnicheries montrent que vous n'êtes pas digne d'être président."

Qu'un candidat à la présidentielle américaine menace de semer le chaos plutôt que reconnaître sa défaite est à la fois sans précédent et effrayant. C'est peut-être le signe qu'une croisade populiste fera tout pour délégitimer le gouvernement dans les semaines et les mois à venir.

Un duel à Las Vegas, tout un symbole...

Le dernier de ces débats sans intérêt s'est achevé ici, à Las Vegas, une ville conçue pour mettre en valeur tout ce qu'il y a de sordide et de minable dans ce pays. Tout un symbole.

Comme elle le reconnaît en privé, la candidate démocrate est bien partie pour remporter les élections, mais pas de la manière dont elle l'aurait souhaité, ni sur les thèmes qu'elle aurait choisis.

Même si elle gagne haut la main, le pays restera divisé. Les Démocrates remporteront peut-être davantage de sièges au Sénat et au Congrès, mais les choses resteront au point mort tant que les deux partis ne travailleront pas ensemble.

C'est précisément à cause du processus électoral, censé assurer un renouvellement régulier, que la confiance dans notre système politique est au plus bas.

Hillary Clinton a tenu bon

Rien de ce qui s'est passé hier n'est susceptible d'influer sur le cours de l'élection.

Donald Trump et le modérateur, Chris Wallace, qui office sur Fox News, n'ont pas réussi à déstabiliser Hillary Clinton. La candidate démocrate, toujours aussi habile, n'a pas commis d'erreur majeure, et elle a tenu bon.

Certes, l'affaire des courriels l'avait rendue vulnérable, mais elle a contre-attaqué en soulignant le rôle personnel qu'avait joué Vladimir Poutine dans ces révélations.

Donald Trump est tombé dans le panneau: il a couvert d'éloges le président russe, le plus puissant et le plus riche des soutiens au terrorisme international.

Non content de féliciter Vladimir Poutine...

Le candidat républicain n'est pas non plus devenu le chef d'Etat raisonnable qu'il prétend être (sans tromper personne). Non content de féliciter Vladimir Poutine, il a ajouté que le président syrien, Bachar el-Assad, était un "sale type" mais que ses opposants étaient pires.

En matière d'impôts, d'immigration, de l'économie, etc., les deux candidats se sont contentés de réciter leurs petites phrases et de réitérer les accusations que les Américains ont déjà entendues mille fois.

Hillary Clinton était la plus convaincante quand elle soulignait l'importance de la tolérance, du respect des femmes, des membres de toutes les religions et de tous les groupes ethniques.

Le fait que cette prise de position semble relever du calcul politique, qu'à l'évidence tout le monde ne partage pas ce point de vue, montre à quel point Donald Trump a tiré les choses vers le bas dans cette campagne.

Hillary Clinton n'a pas réussi à relever le niveau

Mme Clinton n'a pas réussi à relever le niveau, ni à redonner de l'espoir à ses compatriotes. Son agacement manifeste l'a empêché d'aborder des thématiques un peu moins déprimantes, à moins qu'elle n'en ait tout simplement pas eu l'énergie.

Passant à l'offensive, rendant coup sur coup, elle a montré qu'elle était prête à se contenter d'une victoire par défaut, où les électeurs rejetteraient son adversaire sans nécessairement se retrouver dans ses idées.

Donald Trump, pour sa part, semblait faire tout son possible pour entraîner le système dans son naufrage, et saper la confiance des Américains dans leur gouvernement. Il a réussi, là où la Russie avait échoué.

Avalanche de question gênantes...

Les agences de renseignement américaines soupçonnent fortement les alliés de M. Poutine d'avoir infiltré les serveurs informatiques de la campagne de Mme Clinton. Une avalanche de révélations gênantes ont montré au pays que la politique se résume parfois à des coups bas, et que la candidate démocrate était prête à beaucoup de compromissions pour accéder au pouvoir.

Ca ne suffira pas à faire élire M. Trump. Mais ça ne ramènera pas la confiance dans notre démocratie.

Cette confiance est notre meilleur atout. Ce qui explique pourquoi M. Poutine fait tout pour l'anéantir. Mercredi soir, à Las Vegas, le président russe a fait mouche.

Cet article, publié à l'origine sur le Huffington Post américain, a été traduit par Bamiyan Shiff pour Fast for Word.

Présidentielle américaine: Le troisième débat entre Donald Trump et Hillary Clinton

Le troisième débat entre Trump et Clinton

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