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Déficit de 40 milliards de dollars à Ottawa?

Déficit de 40 milliards de dollars à Ottawa?
NATHAN DENETTE/CANADIAN PRESS

L'économiste Clément Gignac est l'un des premiers experts au Canada à nous avoir prévenus en début d'année d'un déficit de plus de 25 milliards de dollars dans le premier budget Morneau. Alors que Justin Trudeau avait promis en campagne électorale de ne pas dépasser les 10 milliards en déficit par année, la faible croissance économique a finalement poussé le gouvernement à prévoir des investissements plus massifs.

Un texte de Gérald Fillion

Maintenant, Clément Gignac, dans une entrevue mercredi à RDI Économie, nous annonce qu'Ottawa pourrait plancher sur un déficit de 35 à 40 milliards de dollars dans le cadre de l'exercice actuel ou dans le prochain budget. Pourquoi? Parce que la croissance est lente et décevante. Et ça va se poursuivre.

La Banque du Canada a révisé à la baisse ses prévisions de croissance du PIB pour cette année et l'an prochain, au Canada comme aux États-Unis. Une hausse de 1,1 % du PIB est attendue maintenant en 2016 au Canada et de l'augmentation serait de 1,5 % seulement chez nos voisins du sud, où les entreprises hésitent à investir en attente du résultat électoral de novembre. Les exportations canadiennes ne vont croître que de 0,2 % cette année, selon la banque centrale, et le marché immobilier va sérieusement ralentir avec l'annonce de nouvelles règles hypothécaires qui vont particulièrement calmer l'appétit des jeunes familles.

La croissance, toujours un peu plus faible au Canada, laisse entrevoir des problèmes structuraux dans l'économie canadienne, selon Clément Gignac. La conjoncture n'est pas très bonne, certes, mais des facteurs fondamentaux sont en cause. Le Canada fait face à une forte concurrence sur le marché des exportations vers les États-Unis. De plus, les Canadiens sont endettés, la remontée des cours du pétrole ne se matérialise toujours pas et le vieillissement de la population est en train de paralyser l'économie.

De l'argent et des immigrants

Et donc, pour stimuler une économie anémique, le Conseil consultatif sur la croissance économique, qui a été mis en place par le gouvernement Trudeau, fait maintenant trois propositions structurantes :

  1. investir 200 milliards de dollars dans les infrastructures d'ici 10 ans en créant notamment une Banque canadienne de développement de l'infrastructure et en attirant des investissements institutionnels, un peu comme le fait la Caisse de dépôt au Québec avec le Réseau électrique métropolitain (REM) dans la région de Montréal ;
  2. développer une stratégie et mettre en place un organisme pour attirer beaucoup plus d'investissements étrangers dans l'économie canadienne. La croissance de ces investissements est de 2 % par année au Canada depuis 2005, alors que la hausse est de 7 % par année dans l'ensemble des pays de l'OCDE;
  3. augmenter le nombre de nouveaux immigrants au Canada à 450 000 par année, une hausse de 50 % par rapport au niveau actuel de 300 000.

L'enjeu est clair : la portion de la population âgée de plus de 64 ans va passer de 16 % en 2015 à 23 % en 2030. Avec plus d'immigrants, selon le Conseil consultatif, il y aura plus de gens pour payer des taxes et des impôts et ça réduira la pression sur le système de sécurité de la vieillesse.

Le gouvernement n'a rien à gagner à laisser la croissance économique du Canada ralentir. C'est un travail de fond qui doit se faire, avec des visées à long terme. Un déficit de 40 milliards de dollars, sur une économie de 2000 milliards de dollars, ce n'est pas significatif. Oui, 40 milliards, ça frappe, et oui, ça pourrait alourdir la dette. Toutefois, comme Clément Gignac nous le disait, le Canada peut se permettre un tel déficit, puisque sa dette est la plus faible du G7 par rapport à son économie.

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