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Le Conseil supérieur de l'éducation dénonce l'école à la carte

Le Conseil supérieur de l'éducation dénonce l'école à la carte
Girl sitting on floor of library with book
Martin Barraud via Getty Images
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QUÉBEC – L’égalité des chances des élèves québécois est mise en péril par les nombreux programmes spécialisés, affirme le Conseil supérieur de l’éducation dans son plus récent rapport.

Composé de 22 membres, l’organisme a pour mandat de conseiller les ministres de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur.

Dans son rapport intitulé Remettre le cap sur l’équité, le Conseil s’inquiète de voir que «le Québec est engagé depuis déjà quelques années dans une logique de quasi-marché qui encourage l’essor d’une école à plusieurs vitesses». Cette situation menace «l’équité de son système d’éducation, mais aussi sur son efficacité globale».

En créant des parcours contingentés, comme le programme d’éducation internationale, le système d’éducation laisse en plan les élèves moins doués. «Ça a pour effet de regrouper les élèves plus vulnérables au sein d’un même groupe et de les placer dans des conditions moins propices à l’apprentissage», affirme la présidente par intérim du Conseil, Lucie Bouchard.

Les effets sont perceptibles jusqu’aux niveaux supérieurs, tel que le démontre une étude (Maroy-Kamanzi) citée par le rapport. Des élèves avec des résultats scolaires équivalents à l’âge de 15 ans ont 13% plus de chances de poursuivre des études universitaires s’ils ont suivi un programme enrichi (20% s’ils ont étudié au privé) que ceux restés dans la filière «ordinaire».

«On voit qu’il y a des inégalités de traitement au sein des différentes écoles qui ont des impacts sur l’égalité de résultats en bout de piste», explique Lucie Bouchard.

Cercle vicieux

Toutefois, le Conseil ne va pas jusqu’à proposer d’abolir les programmes spécialisés. L’organisme se contente de proposer «des grandes orientations», explique Lucie Bouchard. «Le Conseil ne cherche pas de coupables», dit-elle.

Le Conseil suggère tout de même de «réduire les écarts entre toutes les écoles». Ceci implique d’investir à la fois dans les aspects matériels et pédagogiques des écoles sans programmes enrichis. «Parce que c’est un cercle vicieux : si l’école publique, dans certains secteurs, est jugée défavorisée, elle devient moins attrayante pour les parents qui sont capables de faires d’autres choix, et elle devient moins attrayante pour les enseignants qui sont capables de faire d’autres choix», illustre Lucie Bouchard.

L’organisme propose également de mettre en place des indicateurs afin d’assurer l’équité pour tous les élèves dans le système d’éducation.

Quant aux programmes spécialisés, Lucie Bouchard fait cette proposition : «Une façon [d’éviter les inégalités] pourrait être de ne pas les rendre sélectifs.» Les élèves pourraient ainsi assister aux cours de base le matin et choisir les classes selon leurs préférences en après-midi, suggère-t-elle. Cette approche aurait l’avantage de favoriser la mixité et de créer «l’émulation» entre les plus forts et les plus faibles.

Revoir les évaluations

Pour son prochain rapport, le Conseil se penchera sur les méthodes d’évaluation des élèves. Pas question, toutefois, de proposer le retour aux bulletins non chiffrés, tant décriés lors de la réforme pédagogique au tournant des années 2000. Le Conseil s’était pourtant prononcé en faveur du maintien de «l’évaluation qualitative» en 2008.

L’organisme étudiera plutôt la possibilité de commencer l’évaluation des élèves plus tard dans le parcours scolaire. De la même façon, le Conseil étudiera la pertinence de mettre les enfants en concurrence à un si jeune âge. «On veut se questionner sur les finalités de l’évaluation», dit Lucie Bouchard.

Reste à savoir si le Conseil sera encore là pour déposer son prochain rapport. En juillet dernier, la ministre de l’Enseignement supérieur, Hélène David, a affirmé être «en questionnement» sur l’avenir de l’organisme.

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