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Relations Québec et Ottawa: des eaux calmes qui pourraient s'agiter

Relations Québec et Ottawa: des eaux calmes qui pourraient s'agiter

Un an après l'élection des troupes de Justin Trudeau, les relations Québec-Ottawa voguent sur des eaux plutôt calmes, mais des tempêtes pourraient surgir, alors que les dossiers plus difficiles restent à être réglés.

Qu'adviendra-t-il du financement des soins de santé? Ottawa finira-t-il par accorder une aide financière à Bombardier? Comment le gouvernement fédéral réglera-t-il le dossier de l'importation de lait diafiltré qui fait mal aux agriculteurs québécois? Ces questions restent en suspens alors que l'an 2 du gouvernement Trudeau s'amorce.

"Il y a beaucoup de décisions en attente de la part du gouvernement. Donc, on ne peut pas présumer que parce que ça a été relativement bien au cours de l'année qui vient de s'écouler, que ça va toujours être la même chose pour les trois prochaines années", croit le politologue François Rocher, de l'Université d'Ottawa.

Bombardier

De l'avis de plusieurs ministres québécois à Ottawa, le dossier de Bombardier est un des plus urgents à boucler.

"Il faut vraiment régler Bombardier", signale en entrevue la ministre du Patrimoine et députée montréalaise, Mélanie Joly.

"Pour moi, c'est important. J'ai beaucoup de familles dont le papa et la maman amènent du pain sur la table parce qu'ils travaillent chez Bombardier ou qu'ils sont dans des secteurs qui bénéficient de la présence de Bombardier à Montréal", ajoute-t-elle.

Même les ministres qui ne représentent pas la région métropolitaine sont sensibles aux doléances de Québec et de Bombardier.

"Ce n'est pas réglé encore, mais c'est important. Quand ça touche l'aérospatiale, c'est du développement, c'est beaucoup d'emplois et c'est une belle reconnaissance à l'international", énumère la ministre du Revenu, Diane Lebouthillier. "Je suis convaincue que ça va se faire", tranche-t-elle.

Bombardier demande au gouvernement fédéral de faire comme Québec et d'investir 1 milliard $ US dans le programme d'avions de la CSeries. Le dossier traîne depuis plusieurs mois, mais l'espoir persiste. La semaine dernière, le ministre de l'Innovation, des Sciences et du Développement économique, Navdeep Bains, a indiqué qu'un investissement du fédéral pour le géant de l'aéronautique n'était "pas une question de "si'', mais bien de ''comment''".

Santé

Un dossier qui fâche et pour lequel Québec semble moins patient est celui des transferts en santé. Le ministre québécois de la Santé, Gaétan Barrette, n'a pas mâché ses mots devant l'intention du fédéral de faire passer la hausse des transferts de 6 pour cent à 3 pour cent dès l'an prochain.

Il prévient également son homologue fédérale Jane Philpott que Québec n'acceptera pas que la portion destinée à la province de l'enveloppe supplémentaire de 3 milliards $ sur trois ans pour les soins à domicile soit assujettie à des conditions. "Est-ce que la ministre de la Santé est la voix du premier ministre qui annoncerait

à ce moment-là que c'est la fin du fédéralisme asymétrique? Il va falloir poser des questions à Ottawa, parce que ça, ce n'est pas banal", avait-il lancé en entrevue à la fin septembre.

Autres dossiers

Le dossier du lait diafiltré est également en suspens. Les agriculteurs subissent des pertes de revenus en raison de l'importation de ce liquide produit aux États-Unis dont la teneur en protéines est très élevée. Il est considéré comme un "ingrédient" quand il traverse la frontière et n'est ainsi pas soumis au système de gestion de l'offre qui prévaut au Canada pour le lait, les oeufs et la volaille. Québec a pressé le ministre fédéral de l'Agriculture, Lawrence MacAulay, de régler le litige.

"J'ai entièrement confiance en mes collègues qui travaillent sur le dossier très sérieusement. C'est une priorité, explique la ministre du Développement international, Marie-Claude Bibeau, qui compte de nombreux agriculteurs dans sa circonscription de Compton Stanstead. Mais j'ai tellement hâte de pouvoir annoncer de bonnes nouvelles à nos producteurs laitiers."

Côté environnement, Philippe Couillard et Justin Trudeau partagent une vision similaire de la lutte contre les changements climatiques. Le ministre québécois de l'Environnement, David Heurtel, est particulièrement ravi qu'Ottawa laisse aux provinces le choix d'adhérer à un marché du carbone ou d'imposer une taxe. "On a enfin un véritable interlocuteur à Ottawa sur la question des changements climatiques", confie-t-il.

Mais s'ils veulent garder de bonnes relations avec les provinces, les libéraux devront éviter de s'ingérer dans les compétences de celles-ci.

"Ce qui caractérisait l'ère de Harper, c'était le fait qu'on avait résolument opté pour respecter les compétences provinciales, alors que le gouvernement Trudeau se veut plus interventionniste, explique le politologue François Rocher. Alors, les possibilités d'entrer en conflit avec les gouvernements provinciaux sont plus élevées que ça pouvait l'être sous le régime Harper."

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