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«Rites de passage» d'Émile Bilodeau: du folk de conviction (ENTREVUE)

«Rites de passage» d'Émile Bilodeau: du folk de conviction
Leolo

Fébrile est le guitariste chanteur Émile Bilodeau lorsque notre journaliste le rencontre pour sa toute première entrevue au sujet de son long jeu intitulé Rites de passage. Avenant, mais un tantinet inquiet du déroulement éventuel de l’entretien, il sourit et accueille plus qu’il n’en faut. Tant mieux. Rien ne déborde vraiment et c’est agréable. Massif comme un jeune chêne, il prend place à la table d’une terrasse, les yeux grands ouverts.

21 ans et la bouche remplie de mots, l’auteur-compositeur-interprète est toujours aux études au cégep Édouard-Montpetit, à Longueuil. Certes, il n’a pas des décennies d’expériences au compteur. Mais comme musicien, il a quand même roulé sa bosse. Ces dernières années, Bilodeau a livré un grand nombre de prestations dans les bars et dans de petites salles de spectacle. Il a aussi participé à plusieurs concours musicaux, dont ceux de Granby et Petite-Vallée.

C’est d’ailleurs grâce à une performance aux Francouvertes que le grand patron du label montréalais Grosse Boîte / Dare to Care, Éli Bissonnette, a flairé le potentiel de Bilodeau… Dans ses vivantes compositions folk, le jeune auteur raconte des histoires qui sont surtout les siennes. Il partage quelques points de vue sur monde, ses convictions, ses états d’âme, voire ses sensibilités politiques. Cela dit, sur le disque, on reste dans la simplicité. Rien n’est rageur, ni anarchiste. On demeure dans les anecdotes, les confidences (Rosie), les faits vécus.

«Je porte un regard critique envers ma société, mais en même temps j’en fais partie, affirme Bilodeau. J’aime beaucoup aborder le thème de la frustration générationnelle. Cette idée que les jeunes se voient imposer certaines pièces du jeu. On doit continuer, au Québec et ailleurs, sur un échiquier qui a déjà été joué. C’est comme si j’avais l’impression que ma génération a commencé la partie, sans sa tour, ni sa reine. J’ai vingt ans. Ce désir de symboliser quelque chose, de porter un message, comme Kendrick Lamar, j’y crois. On ne doit pas laisser tomber ses rêves, ses opinions pour des règles qui sont souvent imposées.»

En même temps, le chanteur est conscient que la vie, la sienne y compris, est remplie de paradoxes. Même s’il dénonce certains choix de société, Bilodeau est conscient qu’il est très difficile de toujours agir en respectant ses convictions. «On vit chacun dans nos contrastes», admet-il.

Adamus et de Philippe B

En tout cas, bouille en lui cette envie de témoigner, de dénoncer. On le sent d’ailleurs dans l’interprétation du jeune artiste. Les mots sont articulés avec aplomb. Les phrases sont parfois lourdes de sens («J’en ai plein mon cass de l’hiver, de tous nos rêves qui s’écroulent… de tout mon peuple qui s’écroule»). Certaines syllabes claquent, tandis que d’autres s’étirent pour amplifier l’effet, comme le fait si souvent Bernard Adamus dans ses chansons (J’en ai plein mon cass, Passer à TV, Ça va). D’ailleurs, tout s’explique. Le grand chanteur montréalais est une source d’inspiration pour Bilodeau. Même chose pour Philippe Brach, qu’il a rencontré dans un festival, il y a quelques années. On ne peut en douter, ces deux auteurs-compositeurs ont une relève quasi assurée!

Guitariste qui adore créer des mélodies, Bilodeau offre un premier album folk à deux volets. D’abord, les chansons brutes (J’en ai plein mon cass, Crise existentielle, Tu me diras-tu, América) et les autres pièces livrées de manière plus nuancées, la voix en avant-plan (Amour de félin, Quand les nuages seront partis, Bière, Les poètes maudits).

Rites de passage a été réalisé par Philippe B (Les sœurs Boulay, Groenland, Isabelle Boulay). Selon Bilodeau, ce fut un choix extrêmement judicieux. «Philippe est un très bon auteur-compositeur. Il maîtrise vraiment l’univers de la chanson. En plus, il s’est investi à jouer de la musique, dont des guitares électriques […] Intelligent, il sait aussi comment accompagner un artiste qui n’a pas beaucoup d’expérience. Contrairement à moi, il est d’un calme très rassurant. C’était parfait comme association. C’est aussi un amateur d’hockey! […] L’album a été terminé au printemps.»

«Je dois dire qu’il a été très efficace également au niveau de la direction artistique musicale et le propos, raconte Bilodeau. Il voulait pas qu’on s’enligne dans un trip de gang, de buzz de rue. On a enregistré de manière live, mais on a fait plusieurs pistes. Philippe voulait des sonorités claires. Ensuite, on a ajouté des lignes de piano et de cuivres. C’est grâce à lui si j’ai pu collaborer avec de superbes musiciens (le batteur Pierre Fortin, le bassite Michel-Olivier Gasse et le pianiste Alexis Dumais) en studio.»

Enregistré en une semaine au Studio de L’Est, à Montréal, l’album proposé par Bilodeau renferme surtout des chansons folk. Çà et là, le musicien a quand même butiné le blues, le rock et même le hip-hop (sur América).

Pour la scène, les chansons devraient bénéficiées d’une facture plus rock que sur le disque. Émile Bilodeau sera accompagné de trois musiciens.

Émile Bilodeau

Rites de passage

Folk, blues, rock

Grosse Boîte / Dare to Care

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