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Des rituels ancestraux pour garder les jeunes Autochtones à l'école (PHOTOS)

Des rituels ancestraux pour garder les jeunes Autochtones à l'école

Une école secondaire atikamekw de la Mauricie invite les élèves à se prendre en main dans une cérémonie d'assermentation où se mêlent chants traditionnels et fumée de sauge.

Un texte de Claude Brunet

D'année en année au Québec, environ 85 % des élèves autochtones quittent l'école secondaire sans diplôme ni qualification. Jusqu'à présent, le manque de ressources dans les communautés n'a pas permis d'offrir une éducation de qualité, selon les universitaires qui ont évalué les projets du Fonds pour la persévérance scolaire des jeunes autochtones.

D'autre part, les communautés autochtones gèrent leurs propres écoles, mais le mode d'apprentissage demeure généralement celui des Blancs. « Pendant trop longtemps, cela a été une école de Blancs avec des Atikamekw à l'intérieur », souligne Pascal Sasseville-Quoquochi, directeur de l'école secondaire Nikanik, à Wemotaci, au nord de La Tuque.

Depuis qu'il est directeur de cette école, il encourage les élèves à prendre leur vie en main. Il cite le chaman Charles Coocoo, un des pères spirituels de la nation atikamekw : « C'est le temps de se lever et de marcher sur le chemin du bon cœur ».

Des élèves de 4e et 5e secondaire de l'école Nikanik, à Wemotaci PHOTO : RADIO-CANADA/CLAUDE BRUNET

Sauge, tambour et chants

Pour les inciter à le faire, le directeur de l'école Nikanik a organisé une cérémonie d'assermentation, empreinte de la tradition atikamekw.

Chaque élève prend l'engagement de faire tous les efforts nécessaires pour réussir. La réussite dépend d'eux; rien ne sert de blâmer les autres et le passé, dit Pascal Sasseville-Quoquochi. « On ne peut pas être une victime et responsable en même temps. »

Pour l'assermentation, les élèves se sont rendus sur le site ancestral de la communauté, à proximité de l'école et du cimetière. Bien avant la création des réserves, les Atikamekw, des nomades, se retrouvaient l'été sur ce site pour se reposer et célébrer les mariages et autres événements importants.

Le cimetière de Wemotaci PHOTO : RADIO-CANADA/CLAUDE BRUNET

Pour l'assermentation, les élèves se sont rendus sur le site ancestral de la communauté, à proximité de l'école et du cimetière. Bien avant la création des réserves, les Atikamekw, des nomades, se retrouvaient l'été sur ce site pour se reposer et célébrer les mariages et autres événements importants.

Les Young Feather Singers PHOTO : RADIO-CANADA/CLAUDE BRUNET

Des élèves, membres du groupe Young Feather Singers, ont joué et chanté des airs traditionnels, réunis autour d'un grand tambour.

Le rituel de purification PHOTO : RADIO-CANADA/CLAUDE BRUNET

De nombreux gestes symboliques marquent la cérémonie. Au cours du rituel de purification, chaque élève est libéré de toute pensée négative par la fumée de la sauge.

Le rituel de purification PHOTO : RADIO-CANADA/CLAUDE BRUNET

Ensuite, le jeune marche dans une allée bordée de branches de sapin qui symbolisent l'accueil.

Pascal Sasseville-Quoquochi avec une élève PHOTO : RADIO-CANADA/CLAUDE BRUNET

À mi-chemin, le directeur de l'école prend la main de chaque élève et lui dit : « Merci, tu es bon. »

PHOTO : RADIO-CANADA/CLAUDE BRUNET

Puis vient l'assermentation dirigée par des aînées de la communauté, pendant laquelle les élèves s'engagent à venir à l'école tous les jours. L'absentéisme est un grave problème. Tous les élèves signent ce document.

Du castor rôti PHOTO : RADIO-CANADA/CLAUDE BRUNET

Après l'assermentation, les participants ont mangé du castor, trappé par le directeur de l'école Nikanik.

Des projets d'entrepreneuriat

L'école Nikanik de Wemotaci fait face à des défis colossaux. Aux prises avec des troubles d'apprentissage, la moitié des 120 élèves est en adaptation scolaire. Depuis la première année du primaire, ils cumulent de nombreux échecs. Leur estime d'eux-mêmes est pratiquement nulle.

Pour les motiver et pour qu'ils retrouvent un minimum de fierté, l'école leur propose des projets d'entrepreneuriat. Par exemple, ce sont les élèves en adaptation scolaire qui ont cuisiné le buffet qui a été servi après l'assermentation.

Tous les projets d'entrepreneuriat éducatif sont rémunérés. Ensuite, les élèves choisissent ensemble comment ils vont dépenser cet argent; que ce soit une sortie en ville ou l'achat de vêtements.

Pendant trois ans, le Fonds pour la persévérance scolaire des jeunes autochtones (financé par le privé et le public) a soutenu des initiatives dans les communautés. Bien que le Fonds soit à sec depuis l'an dernier, des projets ont survécu. Le projet de jeunes entrepreneurs autochtones de Wemotaci est un de ceux-là.

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