Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Traité d'extradition avec la Chine : le Canada ne peut pas oublier ses principes, selon Irwin Cotler

« Nous ne pourrions pas nous commettre à cette politique. »

OTTAWA – Le Canada ne peut pas se commettre à signer un traité d’extradition avec les pays qui pratiquent la peine de mort, comme la Chine. Il s’agit d’une « question de principe », selon l’ancien ministre de la Justice Irwin Cotler.

D’abord réticent à s’avancer sur le sujet, lors d’une conférence de presse au Parlement, l’ancien député libéral de Mont-Royal a expliqué au Huffington Post Québec qu’il n’aurait pas recommandé d’extraditions dans des pays où l’on retrouve la peine capitale quand il était ministre de la Justice, de 2003 à 2006.

« La Chine exerce la peine capitale. Nous ne pourrions pas nous commettre à cette politique ni permettre qu’elle ait lieu dans un traité d’extradition entre le Canada et la Chine. Si je suis en faveur d’engager un dialogue avec des pays qui ont un piètre bilan en matière de droits humains, cet engagement est une question de principe. Il doit y avoir un principe d’engagement, c’est ce qui doit guider nos politiques », a-t-il dit en entrevue avec le Huffington Post Québec.

Un possible traité d’extradition inquiète les partis d’opposition, depuis que des médias ont révélé qu’Ottawa et Pékin avaient amorcé des discussions sur le sujet le 12 septembre dernier, lors de la première visite officielle du premier ministre Justin Trudeau en Chine.

Interpelé à ce sujet à son retour au Parlement, Trudeau a indiqué que le Canada a toujours eu « des attentes extrêmement élevées par rapport aux traités d’extradition avec n’importe quel pays ». Il n’a toutefois pas précisé quelles seraient les garanties qu’une personne extradée ne soit ni torturée ni condamnée à mourir.

Le premier ministre chinois Li Keqiang a pour sa part défendu le maintien de la peine capitale dans son pays en raison des nombreux crimes violents au pays. Il a fait valoir que beaucoup plus de personnes perdraient la vie si la peine de mort était abolie en Chine.

Refuser de reconnaître les crimes

Jusqu’à maintenant, le bureau du premier ministre Justin Trudeau a refusé de dire s’il fait confiance au système judiciaire chinois. « Nous n’allons pas commencer à critiquer les systèmes des autres pays », a réagi son porte-parole Cameron Ahmad.

« Nous avons nos propres standards. Nous avons de très hauts standards quant à la loi et notre propre système… et nous les maintenons en discussions avec tout autre pays. »

Mais les partis d’opposition à Ottawa se disent estomaqués de voir que le gouvernement Trudeau ouvre la porte à un traité d’extradition avec un pays reconnu pour la maltraitance de ses dissidents politiques.

« Évidemment, je pense que ce n’est pas cohérent d’avoir un traité d’extradition avec la Chine. C’est une grande préoccupation. On sait que le système de justice est très faible et que les tribunaux sont souvent utilisés pour commettre des actes contre les droits de la personne. Je suis très inquiète à l’idée que le Canada négocie une extradition avec la Chine », a réitéré Hélène Laverdière, porte-parole du NPD en matière d’Affaires étrangères.

« Notre position, en gros, c’est : pourquoi entamer des discussions tout court? s'interroge Peter Kent, porte-parole conservateur. À moins que le Canada négocie avec la Chine pour d’autres raisons ou qu’il y avait des conditions rattachées à la libération de M. Garratt? »

Kevin Garratt est un Canadien accusé d’espionnage qui a été détenu en Chine pendant deux ans, mais libéré peu après la visite de Trudeau. Mais le ministre des Affaires étrangères, Stéphane Dion, dit que le Canada n’a pas fait de concessions ni de marché avec l’empire du Milieu pour permettre sa libération.

Quant au traité d’extradition, le ministre Dion continue de dire qu’il n’y a pas eu de « négociations », mais bien de simples discussions à ce sujet. Il dit également que le Canada n’extraderait aucun citoyen vers des pays qui pratiquent la peine de mort.

INOLTRE SU HUFFPOST

11. Stephen Harper, Conservateur

Les 15 députés qui ont servi le plus longtemps (2016)

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.