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Le gouvernement Trudeau a trop de contrôle sur la Chambre des communes, selon ces sénateurs

«Comme dirait ma mère : on n’apprend pas aux vieux singes à faire des grimaces.»

OTTAWA – Malmené par l’opinion publique et les scandales de dépenses dans les dernières années, le Sénat veut maintenant regagner ses lettres de noblesse. Des sénateurs prétendent que la Chambre des communes devrait entamer une réflexion sur son fonctionnement, à l’instar de ce qui se fait à la Chambre haute.

Un premier rapport sur la modernisation du Sénat propose 21 recommandations afin de « démontrer aux Canadiens la véritable valeur du Sénat ». Parmi celles-ci, on propose de rendre ses travaux accessibles sur la télévision et sur le web, de former un caucus de sénateurs indépendants et de scinder les prochains projets de loi omnibus.

«Comme dirait ma mère : on n’apprend pas aux vieux singes à faire des grimaces. Je suis un vieux singe et, croyez-moi, j’ai vu le système à l’intérieur comme à l’extérieur.» - Serge Joyal

Ces propositions seront soumises aux sénateurs pour un débat. Mais le travail du comité n’est pas terminé, puisqu’il reste encore plusieurs étapes avant de terminer la transition d’une institution du 19e siècle en une institution apte à répondre aux défis du 21e siècle.

Entretemps, le Sénat doit composer avec l’influx de nouveaux sénateurs « indépendants » choisis par le premier ministre Justin Trudeau. Sept nouveaux venus ont fait leur entrée au printemps dernier et vingt autres se joindront à eux d’ici la fin de l’année.

S’il reconnaît qu’un Sénat plus indépendant a des effets positifs, le sénateur libéral et vice-président du comité sur la modernisation du Sénat, Serge Joyal, admet que l’expulsion de ses collègues sénateurs du caucus de Trudeau a eu des « conséquences inattendues » sur le fonctionnement de la Chambre des communes.

Les sénateurs McCoy, McInnis et Joyal présentent leur rapport. (Photo : PC)

« Quand les projets de loi arrivent au Sénat, je fais mon travail. C’est bien, dans un sens, d’être indépendant de ce côté-là. Je ne suis pas contre cela. Mais en même temps, le gouvernement doit se rendre compte de ce qu’il manque », a-t-il lancé en anglais, lors d’une conférence de presse.

« En faisant cela, le contrôle du gouvernement sur ses députés est plus grand. Leur capacité à contrôler leurs députés est plus grande, et ce n’est pas sain pour le rôle que la Chambre des communes en entier doit assumer pour tenir le gouvernement imputable. »

Il est facile de rejeter le Sénat et de surfer sur sa réputation qui a été entachée, poursuit le sénateur Joyal. Mais lorsque le gouvernement a besoin du vote de ses collègues, comme lors de l’étude du projet de loi C-14 sur l’aide médicale à mourir, les ministres concernés font des pieds et des mains pour leur parler.

Mais le sénateur dit qu’il n’est pas dupe. « Comme dirait ma mère : on n’apprend pas aux vieux singes à faire des grimaces. Je suis un vieux singe et, croyez-moi, j’ai vu le système à l’intérieur comme à l’extérieur. »

Marre des talking points

Le président du comité sénatorial sur la modernisation du Sénat, le sénateur conservateur Thomas Johnson McInnis, n’avait lui non plus pas des mots tendres à l’endroit du gouvernement libéral majoritaire de Justin Trudeau.

« Alors qu’avant, nous avions de la dignité et un décorum à la Chambre des communes, nous avons maintenant des fables et des photo-ops. Où nous avions de la passion et des débats, nous avons des talking points partisans », a-t-il décrit avant la présentation du rapport du comité.

«Il n’y a plus de débat à la Chambre des communes. Il y a des talking points.» - Serge Joyal

Le premier ministre, tous les ministres et leurs secrétaires parlementaires ont en main des points de discussion – aussi connus comme des talking points en anglais, même si le terme est plus péjoratif – pour répondre aux partis d’opposition pendant la période de questions quotidienne ainsi qu’aux médias.

Le Sénat veut entrer dans le 21e siècle avec certaines réformes. (Photo : PC)

« Il n’y a plus de débat à la Chambre des communes. Il y a des talking points, s’insurge le sénateur Joyal, en entrevue avec le Huffington Post Québec. Ce n’est pas comme ça qu’on fonctionne au Sénat. Moi, je n’ai pas de talking points. Je les définis moi-même, mes talking points. »

Il va même jusqu’à dire que la Chambre des communes doit entreprendre un examen de conscience, tout comme le Sénat a commencé à faire, afin d’éviter une trop grande emprise du gouvernement majoritaire de Justin Trudeau.

« Le Sénat est différent. Le Sénat est collégial. Nous travaillons ensemble, même si nous sommes en désaccord, et cela nous rend plus forts, ajoute le sénateur McInnis. Nous utilisons de la substance et de la logique pour convaincre. Je crois sincèrement que, même en ce moment, le Sénat est une institution parlementaire modèle. »

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