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Adele parle, parle, chante, chante

Adele parle, parle, chante, chante

On a tous vu un jour un concert où un artiste livre ses états d'âme et moult anecdotes entre ses chansons. Le plus souvent, dans une petite salle. C'est exactement ce qu'a fait Adele vendredi soir. Mais elle l'a fait devant 17 553 spectateurs au Centre Bell...

« Je parle beaucoup », a avoué la Britannique à la foule après une version dynamique de Rumour Has It, « l'une des rares chansons durant laquelle vous pouvez danser. »

Tous ceux qui ont eu l'occasion de voir Adele Adkins à Montréal dans des salles à dimension humaine lors des tournées de ses albums 19 (théâtre Outremont, 2008 et Métropolis, 2009) et 21 (L'Olympia, 2011) le savaient déjà. Mais des millions d'amateurs qui se sont rués sur ses disques ces dernières années n'ont pu faire le constat de visu avant l'actuelle tournée mondiale.

En fait, Adele ne fait pas une tournée à grande échelle : elle accumule les résidences d'une ville et d'un continent à un autre. Deux soirs à Montréal ce week-end, six spectacles au Madison Square Garden de New York ces deux dernières semaines et quatre autres concerts à venir au Centre Air Canada de Toronto. On est dans la ligue de U2. Même Kanye West n'a pas un tel pouvoir d'attraction.

Et elle a l'ambition de ses moyens. Écran (super géant) sur lequel on voit ses yeux avant que le spectacle commence, immense scène principale qui peut accueillir jusqu'à 21 musiciens en comptant le groupe de base, les choristes, les cuivres et la section de cordes, ainsi qu'une deuxième scène au milieu du parterre où elle fait son apparition avec Hello, comme il se doit.

Adele expliquera plus tard que cette chanson a été interprétée pour la première fois chez nous, dans les Cantons de l'Est, lors de la création du clip avec le réalisateur Xavier Dolan pour lequel elle a demandé à la foule une immense ovation. Obtenue.

Splendide dans sa robe du soir à paillettes qu'elle soulève pour éviter de trébucher quand elle passe d'une scène à l'autre, Adele arrive à conserver un degré de proximité rarement vu avec ses admirateurs dans une grande enceinte. Elle parle (beaucoup), plaisante (énormément) et manie l'autodérision avec brio.

Vous êtes venus pour passer un bon moment ? Vous n'êtes pas à la bonne place. Vous allez passer deux heures misérables avec moi, mes chansons et mon ex-petit ami. - Adele

Cet humour très anglais l'incite à demander aux gens s'ils ont obtenu son plus récent disque (25) à Noël ou à leur anniversaire. Elle entonne même un « Happy Birthday » pour une jeune femme de 23 ans. Elle se moque de son physique en disant que son postérieur est trop large pour le tabouret sur lequel elle prend place durant le segment acoustique et incite les amateurs à continuer de boire, histoire d'apprécier encore plus son spectacle.

Jeunes mères

Jeune maman, Adele nous entretiendra souvent de sa condition, notamment dans la chanson Sweetest Devotion, écrite pour son enfant, mais aussi pour dire à quel point la maternité l'a changé. Et c'est ce public qui se déplace en grand nombre pour aller la voir. Comme Marie-Andrée et Andréanne, mes voisines de gauche qui sont venues de Québec pour l'applaudir.

Ou bien comme ces quatre jeunes femmes venues du Nouveau-Brunswick qui portaient des camisoles noires sur lesquelles on pouvait lire en lettres d'or : « Mama's night out with Adele ». La chanteuse les a repérées dans les gradins et elle les a fait monter sur scène pour une séance d'ego-portraits.

Cette légèreté et ce plaisir palpable sont un réel contraste et un parfait contrepoids aux chansons tristes et sombres de l'Anglaise, qui sait se faire des amis dans toutes les villes où elle passe. Durant Hometown Glory, on voit d'abord des images de Londres, puis un plan aérien de Montréal avec la Ronde, le pont Jacques-Cartier et le centre-ville. Effet garanti.

Musicalement, Adele figure parmi les meilleures chanteuses pop anglo-saxonnes qui soient. Durant Millions Years Ago, comme si elle était dans un wagon de montagnes russes, elle passe d'un registre plus grave que grave à une explosion de notes sans coup férir. Il n'y a que Barbra Streisand que j'ai vu faire ça avec autant d'aisance.

Durant Skyfall, elle propulse et maintient la chanson thème du film de James Bond dans la stratosphère, histoire de l'empêcher qu'elle nous tombe sur la tête. Là encore, elle fait jeu égal avec Shirley Bassey (Goldfinger) et Tina Turner (GoldenEye) parmi les grandes dames qui ont interprété les chansons de l'agent 007. Du gros calibre.

En dépit sa voix flexible au possible et de joli timbre, Adele sait mordre dans ses chansons. One and Only est offerte avec quelque chose qui ressemble à de la hargne et Chasing Pavements, son premier tube, rentre sérieusement au poste. Parfois, elle laisse les spectateurs lui donner un coup de main et elle tend le micro à la foule pour Send My Love (To Your New Lover) et Someone Like You.

Visuellement, à peu près rien ne vient nous distraire de son apport vocal, sinon les propres projections de sa personne sur écran surdimensionné. Ça rappelait le David Bowie en format géant au Forum, en 1990, avec La La La Human Steps. Le seul coup d'éclat technique survient durant l'interprétation de Set Fire to the Rain, quand Adele chante sur la petite scène au milieu d'un carré de pluie (de la vraie flotte).

Au final, la chanteuse aura su maintenir l'intérêt durant deux heures en dépit d'une poignée de chansons moins fortes. Au rappel, elle se montre à nu durant When We Were Young – un peu ironique pour quelqu'un âgé de 28 ans – avec une enfilade de photos d'elle qui vont de l'enfance à l'adolescence, avant la finale dynamitée de Rolling In the Deep qui se termine sous la prévisible pluie de confettis.

Quoique les confettis, eux, ne sont pas banals. Sur chacun d'entre eux est inscrit au recto et au verso un mot ou une phrase d'une chanson d'Adele, comme si cette dernière voulait être sûre que ses admirateurs ne l'oublient pas quand elle ira « s'assoir durant un an » dans son sofa à la fin de cette tournée.

Quoique les confettis, eux, ne sont pas banals. Sur chacun d'entre eux est inscrit au recto et au verso un mot ou une phrase d'une chanson d'Adele, comme si cette dernière voulait être sûre que ses admirateurs ne l'oublient pas quand elle ira « s'assoir durant un an » dans son sofa à la fin de cette tournée.

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