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Pour éviter la colle chimique, ces chaussures ont été assemblées avec des ultrasons

Difficile de faire des chaussures plus écolo
INSOFT

"Comment transformer la mode au service du bien commun?" Le créateur des chaussures écologiques Insoft made in France, Patrick Mainguené, répondra à cette question jeudi 29 septembre lors des Fashion Tech Days.

À l'heure où la Semaine de la mode parisienne bat son plein, les Fashion Tech Days consacrent deux journées de débat à Roubaix, les 29 et 30 septembre, sur les vêtements de demain et la création d'un modèle économique plus humain dans un secteur connu pour ses flux tendus, ses relations complexes aux fournisseurs et ses dégradations sur l'environnement.

« Slow fashion »

Une économie plus humaine dans la mode, c'est déjà ce que propose le mouvement "slow fashion", qui milite pour des vêtements solides, portables sur plusieurs saisons, fabriqués en France et respectueux de l'environnement. Et l'un de ses acteurs, c'est la marque Insoft. Son dirigeant, Patrick Mainguené, a fait ses armes dans l'industrie de la chaussure sportive chez Lafuma, Aigle et Salomon. Puis il s'est mis à son compte, persuadé qu'il pourrait fabriquer des produits français écoresponsables et innovants.

"Nous avons créé un atelier près de Romans, dans la Drôme, raconte Patrick Mainguené au HuffPost, et commencé avec des chaussons intérieurs en feutre écologique eco tex 100, c'est-à-dire qu'ils ne contiennent aucune substance nocive pour l'individu. Pas de chrome, ni autre solvant problématique. Une seule matière est utilisée, donc elle est plus facile à recycler."

Sur le terrain, le circuit de recyclage des chaussures n'est pas encore au point. L'entreprise travaille à un test grandeur nature pour évaluer les possibilités de collecte de ces produits en fin de vie. Par ailleurs, l'absence de produits chimiques jugés dangereux est remarquable sur l'intérieur de la chaussure, mais pas à l'extérieur.

Le chausson en feutre écologique eco tex 100.

Pas de colle, des ultrasons

"Nous avons supprimé la colle qui est un polluant de l'industrie textile, continue le directeur. Et l'avons remplacé par des ultrasons. La vibration d'un élément mécanique à 30 000 hertz échauffe la matière et vient la souder à l'autre. Ce procédé ne coûte pas très cher, mais il demande des mises au point pour l'intégrer dans le processus de fabrication et il n'est pas compatible avec tous les matériaux."

Pour les chaussures en cuir, Insoft fait tanner ses cuirs à 6 kilomètres de son atelier. Il achète ses semelles au Portugal, seule dérogation à ses principes, liée au fait que "la France ne compte qu'un seul fabricant de semelles avec un catalogue très limité", fait valoir Patrick Mainguené. Ensuite, le produit est découpé, piqué et assemblé sur le territoire de Romans et dispose ainsi de l'étiquette "fabriqué à Romans", aux côtés des marques 1083 et Milémil.

Les prix restent abordables pour des chaussures censées durer dans le temps, contrairement à d'autres marques made in France. Comptez 45 euros (67 $CAN) pour les chaussons et entre 150 et 250 euros (222 $CAN à 371 $CAN) pour les chaussures, les prix variant en fonction de la qualité de la matière utilisée.

Le chiffre d'affaires d'Insoft, qui fait aussi du conseil aux entreprises, est de 480 000 euros (711 890 $CAN). Il a progressé de 15% en 1 an. La société existe depuis 5 ans et emploie aujourd'hui 7 personnes.

Chaussures tricotées avec du fil issu du recyclage

Pour Hugues Poissonnier, professeur d'économie à l'École de management de Grenoble, les nouvelles habitudes de consommation qui sont enclenchées par la "slow fashion" passent d’abord "par un ralentissement des dépenses d’habillement", écrit-il sur le site The Conversation.

"L’objet de l’achat est ensuite choisi sur la base de critères traditionnels à l’exclusion de la mode : la solidité (on souhaite pouvoir porter un vêtement plus longtemps), la relative neutralité (pour pouvoir porter un vêtement plusieurs saisons, il faut que ce dernier ne soit pas trop marqué par la mode du moment) et, de plus en plus, la proximité (qui permet au consommateur d’être actif dans la défense de l’emploi local et la minimisation de l’empreinte environnementale du produit)."

Dans cet état d'esprit, la marque travaille sur un nouveau projet, une chaussure tricotée avec des fils issus du recyclage de bouteilles plastiques. Idem pour les lacets. Seule la semelle serait traitée différemment, mais de manière à ce qu'elle puisse être dissociée pour faciliter le retraitement.

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