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Arrêter le sexe pendant plusieurs années, j'ai testé pour me retrouver

J'ai passé six ans sans faire l'amour
USA, New Jersey, Jersey City, Portrait of woman waking up
Jamie Grill via Getty Images
USA, New Jersey, Jersey City, Portrait of woman waking up

Après une rupture brutale, Romane décide de tirer un trait sur sa vie amoureuse. Plus une rencontre, plus un baiser, plus une caresse. Mais…

Les propos de cette histoire ont été recueillis par la journaliste Giulia Fois et retranscrits à la première personne.

J’avais 28 ans lorsque j’ai rencontré Élodie. Notre histoire a duré deux ans, aussi forte que chaotique. J’étais très amoureuse, malgré toutes les difficultés que nous rencontrions. Le manque, d’abord, puisqu’elle vivait en province et se disait incapable de faire sa vie à Paris, avec moi. Elle sortait d’une rupture douloureuse, je laissais le temps panser ses plaies. J’avais rarement connu une telle complicité intellectuelle et je l’admirais suffisamment pour que cela compense son absence d’appétit sexuelle. Elle était très complexée, mais moi je la trouvais belle, et je pensais que je finirais par l’apprivoiser.

La seule chose face à laquelle je ne me sentais pas de taille était son addiction à l’alcool, qui gâchait souvent le peu de soirées que nous avions ensemble. Un soir, l’ivresse aidant, elle m’a raconté, des étoiles plein les yeux, qu’elle avait fait la rencontre d’une grande écrivaine et que cette femme l’avait encouragée à écrire. Or Élodie avait toujours rêvé de paillettes et de best-sellers… J’ai ressenti une pointe de jalousie, que j’ai fait taire: nos week-ends étaient si courts!

"Ne viens plus, c’est terminé."

Quelque temps plus tard, j’ai organisé son anniversaire surprise un soir avec tous ses amis et je l’ai appelée pour lui annoncer mon heure d’arrivée en gare. Glaciale, elle m’a répondu : "Non, Romane, ne viens pas. Ne viens plus, c’est terminé." Point. Sans aucune explication. J’ai appris par la suite que, quelques semaines plus tard, elle était montée s’installer à Paris avec la grande écrivaine. La violence du choc a été si rude que j’ai plongé. Pendant des semaines, j’ai pleuré sans discontinuer.

Jusqu’à ce que je tente de tourner la page: via le site où j’avais rencontré Élodie, j’ai fait la connaissance d’une femme aussi jolie qu’intelligente. Nous nous sommes donné rendez-vous et, plus la discussion avançait, plus je me rendais compte à quel point, en d’autres temps, j’aurais pu l’aimer. Sauf que, au fond de moi, la seule chose que j’entendais c’était: "Je ne peux pas, je ne veux pas." Je suis donc rentrée chez moi, seule. La suite s’est imposée comme une évidence: si Élodie m’avait déçue, je me décevais plus encore.

C’était la troisième fois que j’étais trahie par une femme que j’aimais – et dans des modalités assez proches. À ce niveau de répétition, je ne pouvais pas être que victime. Cela venait aussi de moi. Plus exactement, de mon manque d’amour pour moi qui me faisait le rechercher si fort auprès des autres. En fait, je le comprenais peu à peu: depuis le début de ma vie amoureuse, j’étais si avide de liens que, à peine sentais-je un petit quelque chose, je me précipitais… Sans jamais me demander si l’autre me correspondait.

Le temps de se connaître

Ce soir-là, j’ai dit "stop". J’ai décidé de tout arrêter, le temps d’apprendre à me connaître, à savoir ce que je voulais vraiment. C’était de moi que j’allais désormais m’occuper. Et je referais l’amour le jour où je me sentirais guérie de mes manques. Dont acte : immédiatement, je me suis désabonnée du site de rencontres et j’ai cessé de sortir le soir, pour ne pas être tentée. Au départ, cela n’a pas été facile. J’étais tellement verrouillée que personne ne m’approchait, ce qui m’allait très bien.

Ma rupture m’avait passablement écœurée: l’idée d’effleurer une nouvelle peau ne m’attirait pas du tout. En outre, j’ai un mental très fort : rien n’aurait pu me faire dévier de la feuille de route que je m’étais fixée. De toute façon, moins on pratique, moins on y pense. Assez vite, je n’ai donc plus ressenti ni désir, ni fantasme, ni frustration. C’est un peu comme l’arrêt du tabac : on finit par être sevré. Je l’étais d’autant plus aisément qu’au même moment je connaissais de vraies satisfactions professionnelles.

Jusque-là, toujours poussée par mon besoin d’affection, j’avais fait passer ma carrière au second plan. Or, assez rapidement après ma "mise en retraite amoureuse", j’ai été embauchée dans une entreprise formidable. Entourée de collègues tous plus stimulants les uns que les autres, j’ai très vite évolué –méthode miracle pour faire grimper en flèche l’estime de soi… Parallèlement, j’ai appris à prendre soin de moi et de mon environnement. J’ai commencé à me maquiller, à m’habiller de façon plus féminine.

Un vrai soulagement

Ma mue était visible à l’œil nu. Histoire de tout faire en même temps, c’est aussi à cette époque-là que j’ai acheté mon premier appartement. J’ai passé des journées entières à me fabriquer le nid dont j’avais toujours rêvé. Je bricolais sans relâche et j’étais fière de voir ce que j’étais capable de faire. Observer les autres achevait de me conforter dans mes choix, je me sentais libérée aussi bien des contraintes liées à la vie de couple que des affres de la rencontre. Guetter un SMS toute la journée le ventre noué? Ça n’était plus pour moi! Quel soulagement…

Mais c’était un leurre. Un jour, j’ai réalisé que j’avais fait de ma vie un désert absolu. Ma solitude immense m’est retombée dessus d’un coup. Je m’étais retirée du monde. À force de me préserver, pour ne pas souffrir, je m’étais empêchée de vivre. Au lieu d’apprendre à repérer les bonnes personnes, je m’étais isolée. Était-il trop tard? Allais-je pouvoir revenir en arrière? Mon corps, peu à peu, me rappelait à la vie, six ans après ma rupture. C’est lui qui m’a sortie de là, au printemps. J’ai senti le désir revenir, par vagues.

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