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La programmation informatique à l’école : un nouvel outil pédagogique en vogue

La programmation informatique à l'école : un nouvel outil pédagogique en vogue
USA, New Jersey, Jersey City, Girl (8-9) using digital tablet in classroom
Tetra Images via Getty Images
USA, New Jersey, Jersey City, Girl (8-9) using digital tablet in classroom

De plus en plus d'élèves sont maintenant initiés en classe aux rudiments de la programmation informatique. Un peu partout au pays, des enseignants tentent l'expérience.

Une texte de Marie-France Bélanger

Par exemple, à l'école primaire Alexander-Wolff, à Shannon, tout près de Québec, l'enseignant de sixième année Éric Tremblay a décidé l'an passé d'intégrer la programmation informatique (ou du codage comme disent certains) à son enseignement, à raison d'environ une heure par semaine.

C'est après avoir constaté les effets positifs du jeu vidéo Minecraft du point de vue pédagogique que l'enseignant, un passionné d'informatique, a décidé de faire le pas. À son avis, l'apprentissage de la programmation informatique est une approche qui permet à l'élève d'organiser et de structurer sa pensée, des habiletés qui peuvent ensuite être transposées dans d'autres matières, comme les mathématiques, où il a constaté des améliorations. Pour lui, la programmation n'est pas une fin en soi, mais plutôt un moyen pour aider les jeunes à apprendre.

« Si je ne voyais pas de gains [pour les élèves], je ne ferais pas de programmation », dit l'enseignant.

Éric Tremblay est décidément un « prof » non conformiste. Dans sa classe trône une statuette de Darth Vader, des affiches de super héros, et même un sac de boxe. Mais lui-même n'a pas de bureau.

« On est dans ma tanière, mon oasis, un local où l'on apprend un peu différemment », dit-il.

Des jeunes passionnés

La programmation informatique semble littéralement absorber les jeunes élèves de la classe d'Éric Tremblay.

Au moment où nous assistons à l'exercice enseigné par le professeur, on peut presque entendre voler une mouche dans la classe. Ce matin-là, les élèves doivent notamment faire bouger un personnage sur leur tablette en inscrivant les bons codes.

Mais bien que l'exercice de programmation auquel nous participons semble captiver tout le monde, l'activité résonne peut-être davantage chez les garçons.

Écoutez Éric Tremblay et l'un de ses élèves :

Un point de vue d'expert

Intégrer la programmation informatique au cursus scolaire de ses élèves est un bon choix, selon Margarida Romero, professeur en technologie éducative à l'Université Laval et spécialiste de la question.

Mme Romero est favorable à l'enseignement de la programmation informatique dès le primaire. L'activité permet notamment aux enfants de penser de manière abstraite, dit-elle, en plus d'être un outil de création qui s'intègre facilement aux matières existantes. À titre d'exemple, au lieu d'apprendre la géométrie par coeur, pourquoi ne pas programmer des figures géométriques, suggère-t-elle.

Mme Romero souligne en plus que la plupart des outils de programmation utilisés à l'école sont gratuits.

Ampleur du phénomène

Au Canada, la Colombie-Britannique se démarque en vertu de nouvelles mesures qui viennent d'entrer en vigueur. L'objectif de la première ministre Christy Clark : que chaque élève puisse apprendre les bases de la programmation avant la fin du primaire.

Ailleurs au pays, ça bouge aussi, souligne Kate Arthur, la directrice Kids Code Jeunesse, un organisme pancanadien sans but lucratif qui milite pour l'enseignement de la programmation dans les écoles. Dans plusieurs provinces, la programmation est enseignée, mais sans toutefois être obligatoire, précise-t-elle.

Au Québec, le phénomène est encore peu répandu, à son avis. Le ministère de l'Éducation ne dispose pas de données à ce sujet.

Aux États-Unis, le président Barack Obama a clairement indiqué lors d'un discours en janvier dernier que les enfants doivent être en mesure non seulement de travailler avec un ordinateur, mais aussi de développer des compétences en analyse et en programmation afin de propulser l'économie d'innovation.

Peu de débats sur le sujet

Pour l'instant, l'enseignement de la programmation a suscité peu de débats dans le monde de l'éducation au Québec. Les deux grands syndicats qui représentent les enseignants, la FSE et la FAE, n'ont pas de position spécifique sur le sujet. De son côté, un porte-parole du gouvernement indique que la programmation fera l'objet de discussions lors des consultations publiques en éducation qui viennent d'être lancées.

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