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D'autres juges albertains font l'objet d'enquête pour propos déplacés envers des victimes

D'autres juges albertains sous enquête pour propos déplacés envers des victimes
Radio-Canada.ca

Quatre juges albertains font l'objet d'une enquête après avoir eu des propos discriminatoires envers de présumées victimes de crimes sexuelles.

Robin Camp, un de ces quatre juges, a témoigné devant le Conseil canadien de la magistrature la semaine dernière. Alors qu'il était juge à la Cour provinciale de l'Alberta en 2014, il a notamment demandé à une plaignante dans un cas d'agression sexuelle : « Pourquoi n'avez-vous pas simplement gardé vos genoux serrés? ».

Robin Camp, qui s'est excusé, a déclaré avoir suivi une thérapie comportementale pour apprendre de ses erreurs afin de tenter de devenir un meilleur juge.

Autres enquêtes

Trois autres juges font l'objet d'une enquête pour des propos similaires dans des dossiers de crimes sexuels.

Patrick McIlhargey, juge à la Cour provinciale de l'Alberta, a acquitté un jeune garçon de 16 ans accusé d'avoir violé une jeune fille de 13 ans dans un parc. Dans cette décision, le juge McIlhargey déclare entre autres que la plaignante n'a pas crié, couru à l'aide et qu'elle ne s'est pas confiée à un ami.

Le magistrat s'est appuyé sur des mythes et des stéréotypes non fondés pour apprécier la crédibilité de la plaignante, selon la Cour du Banc de la Reine, qui a ordonné un nouveau procès.

De son côté, Michael Savryn, aussi juge à la Cour provinciale de l'Alberta, a acquitté un garçon de 15 ans accusé d'avoir touché la poitrine et tenté d'embrasser de force une camarade. L'homme de loi a expliqué dans sa conclusion que la plaignante n'a pas assez exprimé son malaise à son agresseur. Une nouvelle fois, la décision du juge a été annulée.

Un quatrième juge de l'Alberta, Keith Yamauchi, juge à la Cour du Banc de la Reine, fait aussi l'objet d'une enquête après avoir rendu une décision dans un procès pour agressions sexuelles.

Dans sa décision, le juge Yamauchi a demandé aux deux présumées victimes pourquoi elles n'avaient parlé à personne du comportement de leur beau-père, l'accusé dans l'affaire. L'homme que Keith Yamauchi a acquitté avait également été accusé d'avoir agressé sexuellement de sa propre fille.

La Cour d'appel de l'Alberta a ordonné la tenue d'un nouveau procès dans ce dossier. Elle a souligné que le juge Keith Yamauchi n'a pas bien appliqué la loi. Selon la cour, il a mis en doute la crédibilité des jeunes victimes parce qu'elles ont pris du temps à porter plainte.

Opinions d'experts

Steven Penney, un professeur de droit à l'Université de l'Alberta, ne croit pas que ces juges et leurs décisions représentent la magistrature canadienne, mais il reste préoccupé par ce genre de situations.

«Le premier problème est l'utilisation des mythes et des stéréotypes sexistes discrédités dans l'évaluation de la crédibilité d'une plaignante dans un dossier d'agression sexuelle. La deuxième question est l'incompréhension flagrante des juges de la loi.»

- Steven Penney, un professeur de droit à l'Université de l'Alberta

Il ne croit pas que ces questions sont « omniprésentes ou rampantes » dans le système judiciaire, mais déclare qu'il est clair qu'elles existent dans une certaine mesure.

Alison Gray, co-conseil au Fonds d'action et d'éducation juridique pour les femmes, a déclaré que les juges devraient s'éduquer sur des questions et réalités en dehors de leur propre expérience de vie.

« Je ne pense pas que nous avons un groupe de juges qui ne disposent pas d'empathie ou de compassion. Je pense juste qu'ils viennent d'un milieu de vie qui ne leur permet pas nécessairement de comprendre l'expérience d'une agression sexuelle ou l'expérience d'une personne sans-abri », a-t-elle déclaré.

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