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Nunavut: l'Arctique poétique (PHOTOS)

Nunavut: l'Arctique poétique (PHOTOS)
Sarah-Émilie Nault

1720 miles nautiques. En 12 jours, sur les eaux truffées d'icebergs de la mer de Baffin, ce sont 1720 miles nautiques que nous avons parcourus à bord de notre navire de passagers intrépides mené de main de maître par l'équipe d'Adventure Canada. 1720 miles nautiques au départ du Groenland jusqu'aux confins du Canada, en plein cœur de l'Arctique. 1720 miles nautiques de splendeurs sauvages menant jusqu'au Nunavut, cette terre inconnue, mystérieuse et intrigante célébrant à sa manière notre éblouissant Canada.

Nunavut: l'Arctique poétique

L'Arctique poétique

«Je suis tombé en amour avec l'Arctique», explique le grand aventurier explorateur Jerry Kobalenko alors qu'un mur d'icebergs empêche notre navire de toucher Niqinganiq (la baie d'Isabela), notre premier arrêt prévu au Nunavut. Si la mini-conférence porte sur sa douzaine de rencontres avec des ours polaires lors de ses folles expéditions de plusieurs mois - en solo ou en duo - en Arctique, c'est la poésie et l'amour du Nord qui enveloppent ses péripéties qui m'impressionnent et me charment le plus.

«On voit, on goûte, on fait de la méditation dans l'Arctique, murmure-t-il les yeux humides. L'Arctique te fait ressentir une joie pure. C'est si intense! Je lui suis reconnaissant de me faire vivre toutes ces émotions»

Il me semble comprendre ce que ce grand explorateur s'applique à nous décrire; la magie de l'Arctique s'infiltrant doucement et sauvagement en nous, qu'on le veuille ou non. Cet air marin et glacé qui affame, peu importe l'heure de la journée. Ces paysages fastueux et droits, sans fioriture, comme des diamants bruts dont on ne saurait détourner les yeux.

Aux portes du Nunavut

C'est par le fjord Gibbs que nous faisons notre entrée dans ce recoin du Canada que peu, très peu de gens auront la chance d'admirer un jour. C'est sur une mer de Baffin toute calme que je fais la connaissance de ce Nunavut fort et fier dont le rose des montagnes de granite s'accorde à la perfection aux eaux turquoise et au bleu du ciel. Un paysage tout en miroir menant à l'île de Sillem, indomptable et grandiose, et à ses falaises dont certaines pointes atteignent jusqu'à 2 km de hauteur.

Tunugasugit (Bienvenue en inuktitut) semble me murmurer ce bel endroit où je vois mon tout premier nanuk (ours polaire) se baladant sur la rive rocailleuse. La promenade en zodiac dans la baie turquoise - comme toutes celles que nous ferons dans cette pointe du Canada - est parsemée de rencontres de phoques barbus et marbrés dont les petites têtes fendent fréquemment la surface de l'eau claire.

À bord du Ocean Endeavour, entre Pond Inlet où nous accueilleront avec enthousiasme les gens de la communauté et Devon Island, la plus grande île inhabitée au monde, Jason nous enseigne les règles et traditions de certains jeux inuits. «Des jeux ayant un lien avec la vraie vie, alliant douleur, force, équilibre, agilité et endurance», explique l'explorateur originaire du Labrador.

Becky Qilavvaq, une grande artiste Inuk, me fascine, quant à elle, autant lorsqu'elle entreprend des démonstrations de chant de gorge (discipline dont elle est considérée comme un maître) que lorsqu'elle décode l'écriture syllabaire inuktitut avec nous. Une langue fascinante dont chaque syllabe et chaque mot possèdent un sens et une histoire bien particulière.

Saisir l'insaisissable

Je n'ai point vu de narval dans les eaux tranquilles de Mittimatalik (Pond Inlet). Mais j'y ai vu, outre ce paysage grandiloquent abritant le parc national Sirmilik, une communauté de 1 600 habitants aussi fiers de leur petit recoin du monde que du simple fait d'être Canadiens. Une communauté d'adultes et de beaux enfants enchantés de partager leur savoir, leurs coutumes et une portion de leurs traditions tout en chants, en danses, en jeux inuits et en rituels à des étrangers venus de la ville.

Dans cette ville étrange où les maisons rectangulaires s'élèvent sur des tas de poussière, j'ai entendu un «Ô Canada» différent et beau, chanté en inuktitut. J'ai aussi vu les plus beaux visages d'enfants qui soient. Et j'ai tenté, très fort, de comprendre comment des gens arrivaient à vivre heureux loin, si loin, de toute civilisation et d'aussi peu de promesses d'un futur ensoleillé...

Entre les sites archéologiques de Dundas Harbour que l'on admire de notre zodiac (afin de ne pas déranger cette maman ours polaire et son bébé prenant un bain de soleil sur la plage) et cette randonnée ardue à travers les roches jusqu'aux immenses glaciers de Croker Bay, deux endroits se sont appliqués à me torsader le coeur.

Beechey Island pour son incroyable paysage lunaire, son histoire et ses mystères. Et pour cette exigeante randonnée menant sur cet interminable plateau que seules quelques poignées de gens au monde peuvent affirmer avoir foulé.

Puis Resolute (Quaasuittuq, littéralement «le lieu sans aube») que je n'ai qu'entrevu lors de notre débarquement, mais dont les quelques images ont suffi à me faire saisir le vrai sens des mots «solitude» et «bout du monde». Une «terre du soleil de minuit» où il n'y a rien, ou si peu. Là où se trouvait le micro terminal où prenait fin mon aventure, et là aussi où la pluie et la brume légendaires de l'Arctique se pointaient finalement le bout du nez, comme pour me signifier qu'il était l'heure de rentrer à la maison.

«Nous avons respecté ces terres en y marchant doucement, dans la nature sauvage comme à travers les communautés, avait lancé avec émotion David, l'un des explorateurs d'Adventure Canada lors de notre dernière soirée à bord. Rapportez ce périple et vivez, chez vous, de la même manière dont vous avez vécu ici.»

Les yeux brumeux comme le ciel du Grand Nord qui me disait au revoir, j'ai quitté cet Arctique et ce Nunavut qui venaient de changer la Canadienne, la Montréalaise, la voyageuse, puis l'humaine que j'étais. Puis je me suis envolée vers Montréal, à jamais transformée.

- Pour de belles images du Nunavut et de l'Arctique, il faut feuilleter les recueils «Nunavut» de Mario Fauber et «Journeys through the changing high Artic» de Jerry Kobalenko.

- Cliquez ici pour en savoir plus sur les expéditions proposées par Adventure Canada.

- Enfin, comme les vols au départ de Resolute ne s'envolent – souvent au gré de la température – que vers Ottawa, il vaut mieux passer la nuit sur place avant de reprendre la route vers Montréal. Le Courtyard by Marriott Ottawa East offre un accueil sympathique, un restaurant offrant des repas santé, des chambres vastes et douillettes et une proximité non-négligeable avec la gare.

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