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Une Mostra au goût de Maudite poutine

Une Mostra au goût de Maudite poutine
MALIK COCHEREL

VENISE - Fin 2015, quand il terminait le tournage de Maudite poutine à Kingsey Falls, Karl Lemieux était encore loin de se douter que son premier long-métrage ferait sa première, moins d'un an après, à Venise pour la 73e édition de la Mostra. «Je me disais que ce serait un film probablement voué au circuit parallèle. Alors présenter mon premier long à Venise, c'est tout un honneur», a réagi le cinéaste québécois, en entrevue avec le Huffington Post Québec. «On espèrait Venice Days, qui est une catégorie parallèle au Festival. Mais ils nous avaient refusé, donc je ne pensais pas venir à Venise. Puis ils sont revenus pour nous proposer la compétition officielle dans la section Orizzonti. C'était un beau cadeau!»

Touché par l'accueil du public

À Venise, Maudite poutine a été projeté dans la Sala Darsena en présence des principaux artisans du film, dont les deux acteurs, Jean-Simon Leduc et Martin Dubreuil. «À la fin de la projection, des gens ont formé un cercle autour de nous pour nous donner un dernier round d'applaudissements. Et je me suis dit: si ces gens se sont rendus jusque-là, c'est qu'ils ont vraiment été touchés par le film. Et ça, c'est une raison suffisante d'avoir fait ce maudit film-là!» a commenté Karl Lemieux, qui s'était déjà brillamment illustré avec ses courts-métrages Ondes et silence en 2014, Mamori en 2010 et Passage en 2008.

Martin Dubreuil, qui n'était plus revenu à Venise depuis le tournage de Félix et Meira en 2013, a lui aussi vécu «un très beau moment» lors de cette première. L'acteur a profité d'une pause sur le tournage de De père en flic 2 pour accompagner l'équipe de Maudite poutine à la Mostra. «C'est important pour moi d'être là, car ça me permet de maintenir un équilibre entre des films mainstream comme De Père en Flic 2, et des films d'auteur comme Maudite poutine», nous a confié Martin Dubreuil.

Retour à Kingsey Falls

L'acteur a souligné que si le film avait un côté «expérimental», il reposait également sur «une trame narrative assez simple à suivre». L'histoire de Maudite poutine tourne autour du personnage de Vincent (Jean-Simon Leduc), un musicien qui se retrouve dans une situation fort délicate après avoir volé du pot à une bande de motards. Sous pression, Vincent reprend alors contact avec son frère Michel (Martin Dubreuil), lui-même en proie à de sérieux problèmes d'addiction, pour tenter d'arranger l'affaire.

«Le titre du film a rendu les gens un peu confus. Beaucoup ont pensé que c'était une comédie d'été, alors que c'est un film très sombre», a commenté Karl Lemieux. «Mais je trouvais ça intéressant d'utiliser du slang québécois pour un film qui a été tourné en région au Québec.» Le réalisateur a dit s'être inspiré de ses jeunes années à Kingsey Falls pour écrire ce scénario qui évoque la violence du crime organisé comme la détresse du monde rural. «L'idée, c'était de retourner un peu autour de mon village natal, pour parler de toutes ces choses que j'ai laissées un peu derrière moi quand je suis allé à Montréal. C'est de la fiction, mais c'est basé sur plein de petites histoires avec lesquelles j'ai grandi.»

Cinéma de sensation

S'il a fait un gros travail sur l'image, en tournant en noir et blanc sur pellicule 16mm (son support de prédilection), le réalisateur a également réservé une bonne place à la musique dans son film, pour produire ce «cinéma de sensation» qui lui tient tant à cœur. «Je ne fais pas une utilisation traditionnelle de la musique qui sert souvent à appuyer des émotions dans un film. Je cherche plus à ce qu'on ressente physiquement la musique, pour qu'elle nous travaille au corps», nous a confié Lemieux qui collabore, par ailleurs, comme projectionniste avec le groupe Godspeed You! Black Emperor.

Également présent à Venise, le producteur de Maudite poutine Sylvain Corbeil (Félix et Meira, Boris sans Béatrice, Juste la fin du monde) s'est réjouit de la visibilité procurée par la Mostra qui devrait ouvrir au film les portes de nombreux autres festivals, notamment à l'étranger. «On en a déjà plusieurs qui sont confirmés. C'est assez difficile pour le cinéma d'auteur de s'imposer sur les grands écrans au Québec comme ailleurs. Et une bonne façon de rendre le film visible, c'est d'en faire parler sur une longue période à travers les festivals.» Maudite poutine sera notamment présenté au Festival du film de Hambourg début octobre, juste avant d'être à l'affiche du Festival du nouveau cinéma à Montréal. Le film sortira ensuite en salle au Québec le 27 janvier 2017.

Les frais de ce voyage ont été payés par Téléfilm Canada.

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