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La mort d'Alan Kurdi a eu un grand impact sur le Canada, selon des experts

La mort d'Alan Kurdi a eu un grand impact sur le Canada
CP

VANCOUVER - Une année s'est écoulée depuis que la photo d'un bambin mort noyé, allongé face contre terre sur une plage turque, a attiré l'attention du monde sur la crise des réfugiés syriens. Les experts croient toutefois que cette image troublante de la souffrance humaine n'a pas fait grand-chose à long terme pour soulager les misères d'un pays déchiré par la guerre.

Vendredi, ce sera le premier anniversaire de la mort d'Alan Kurdi, un petit Syrien âgé de trois ans immortalisé par un cliché illustrant parfaitement le prix trop souvent payé par ceux qui essaient d'échapper au conflit en Syrie.

Selon Rouba Alfattal, une professeure de science politique de l'Université d'Ottawa et spécialiste du Moyen-Orient et du monde arabe, la photo d'Alan s'est un peu estompée dans l'esprit des gens et a été reléguée à l'arrière-plan.

Mme Alfattal a suggéré que l'inquiétude engendrée par la hausse des attentats terroristes en Europe était en partie responsable du manque de volonté de l'Occident d'aider les personnes déplacées par la guerre syrienne.

Elle a soutenu que les Occidentaux s'étaient malheureusement désintéressés au sort de la Syrie et qu'ils l'avaient même carrément oubliée.

Si l'image du bambin n'a pas eu un effet durable pour la Syrie, les experts estiment qu'elle a eu un grand impact sur le Canada.

Catherine Dauvergne, la doyenne de la faculté de droit de l'Université de Colombie-Britannique et une spécialiste du droit des réfugiés et de l'immigration, estime que le cliché a influencé les élections fédérales de l'automne dernier.

"Je pense que l'intérêt considérable suscité par cette nouvelle a probablement permis à la question des réfugiés d'attirer l'attention du public et de se mêler au scrutin d'une manière plus directe qu'auparavant", a expliqué Mme Dauvergne.

La promesse d'accueillir 25 000 réfugiés syriens avant la fin de 2015 est devenue un élément majeur de la plateforme électorale libérale. Une fois au pouvoir, le gouvernement de Justin Trudeau a fini par respecter cet engagement, même s'il a dépassé l'échéance initiale de quelques mois.

Mais à mesure que le temps passe, le sentiment d'urgence faiblit, a souligné Catherine Dauvergne. "Pas parce que la situation elle-même n'est pas urgente, mais parce que c'est difficile de ressentir l'urgence durant une longue période."

Pour certains, l'un des impacts négatifs de la photo d'Alan Kurdi est d'avoir concentré l'attention sur la réinstallation des réfugiés plutôt que sur la source du problème, soit la guerre civile en Syrie.

"Vous pouvez réinstaller les réfugiés encore et encore, mais si nous ne mettez pas un terme au conflit, cela va continuer", a prévenu Kyle Matthews, le principal directeur adjoint d'un institut de l'Université Concordia spécialisé dans l'étude des génocides et des droits de la personne.

"Sur le plan humanitaire, nous nous sommes beaucoup enorgueillis du fait d'avoir accepté des réfugiés, mais nous ne sommes pas remontés jusqu'à la racine du mal, qui est le conflit syrien."

La tante d'Alan, Tima Kurdi, qui réside à Coquitlam, en Colombie-Britannique, a abondé dans le même sens, ajoutant que l'image de l'enfant syrien couvert de poussière après avoir été retiré des décombres d'un immeuble touché par une frappe aérienne à Alep allait convaincre les gens de continuer à se battre plutôt que d'essayer de faire cesser les hostilités.

Alan Kurdi est mort en même temps que son frère aîné et sa mère en tentant de traverser la mer Méditerranée.

Mme Kurdi a récemment fait le voyage jusqu'au Kurdistan pour être aux côtés de son frère, le père d'Alan, à l'occasion du premier anniversaire de la disparition de sa famille.

"Abdullah ne va pas bien", a-t-elle écrit dans un courriel.

"Ça me brise de coeur de le voir dans cet état après un an. Il n'est pas en bonne santé. Il pleure et il me dit: "Je ne sais pas pourquoi je suis en vie.""

La soeur et le frère ont prévu passer la journée de vendredi à visiter un camp de réfugiés syriens.

Voir aussi:

«Refusé»

Hommages à Alan Kurdi

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