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World Press Photo 2016: le monde pris sur le vif (VIDÉO/PHOTOS)

World Press Photo 2016: le monde pris sur le vif (VIDÉO/PHOTOS)

La photographie est en noir et blanc. Les visages et les contours restent flous. On y voit un homme attrapant un bébé sous des barbelés menaçants. Les visages tendus de ces anonymes ne sont éclairés que par la lumière de la lune. En pleine nuit, ils tentent le tout pour le tout à la frontière serbo-hongroise.

C’est avec ce terrible cliché que Warren Richardson a remporté le prix de la photo de l’année remis par le jury du World Press, présidé cette fois par Francis Kohn, le directeur de l’Agence France Presse (AFP).

«La photo de Richardson nous a frappés par sa singularité, a déclaré en entrevue Francis Kohn. Au premier regard, elle nous raconte vraiment une histoire. Elle est visuellement très simple, mais plus on l’observe, plus elle gagne en puissance. Son contenu informatif et sa force esthétique, voilà ce qui nous a également séduits.»

Pourtant, le lauréat qui s’intéresse depuis un certain temps déjà aux sorts des réfugiés en Europe de l’Est n’a jamais publié sa photo prise le 28 août 2015. Aucun journal ni magazine ne s’est montré intéressé. Le directeur de l’AFP ne connait pas les raisons d’un tel refus, mais il rappelle que le jury du World Press n’a pas connaissance de l’identité des photographes pendant le processus de sélection.

«Nous ne connaissons pas le nom des photographes. Nous n’avons accès qu’aux légendes qui accompagnent les images. Comme cette photo n’a été imprimée nulle part, on l’a découvert pour la première fois lors du concours.»

La photo de Richardson est présentée depuis mercredi au Marché Bonsecours, entourée du travail de 40 autres lauréats. Comme à chaque édition, l’exposition annuelle se veut un parcours des grands événements de l’année répartie en plusieurs catégories. Actualité oblige, certaines photos reprennent évidemment la tragédie des réfugiés syriens.

©Anuar_Patjane_Floriuk

World Press Photo 2016: le monde pris sur le vif

Nature et humanité

Le World Press Photo ne se cantonne pas seulement à de l’info pure (attentats ou catastrophes humanitaires) puisque sont aussi présentés des reportages concernant la vie sociale comme l’émouvante série de Nancy Borowick, qui a photographié les derniers mois de vie de ses parents atteints d’un cancer.

Et puis, les visiteurs resteront sans doute sans voix devant le deuxième prix de la catégorie «Photo de la nature» où des plongeurs surprennent une énorme baleine à bosse et son nouveau-né au large des îles Revillagigedo au Mexique.

Des quatre coins de la planète, les photojournalistes témoignent d’un monde en constante mutation. Il reste que le métier subit de plein fouet la crise que traversent les médias. Selon une étude française publiée par la Société civile des auteurs multimédia (SCAM) le nombre de reporters photographes accrédités en Hexagone aurait fondu de 44 % en 14 ans passant de 1458 en 2000 à 816 en 2014.

«Les changements, je ne vais pas les nier. Ils sont là. La presse mondiale traverse aujourd’hui des bouleversements historiques. Internet, l’arrivée du numérique et les réseaux sociaux remettent tout en cause, sans qu’on puisse encore trouver de modèle économique viable. Avec la profusion d’images qui nous envahit tous les jours, le rôle de certification de l’information est devenu encore plus nécessaire», explique Mr. Kohn.

Cela dit, le directeur de l’AFP ne croit pas en la mort du photojournalisme. «Même s’il existe des forces qui ne veulent pas que l’on témoigne, le métier attire toujours des passionnés. Je ne crois pas en la fin de la photo annoncée d’ailleurs à maintes reprises. Certes, il existe une évolution qui affecte durement la profession, mais je reste optimiste.»

L’exposition du World Press Photo se déroule au Marché Bonsecours, du 31 août au 2 octobre. Quatre expositions complémentaires sont proposées au public, dont une organisée par la réalisatrice Anaïs Barbeau-Lavalette, également porte-parole de l’événement.

Pour tous les détails, c'est ici.

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