Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Réfugiés syriens: les conservateurs avaient refusé de faciliter le parrainage

Les conservateurs avaient refusé de faciliter le parrainage pour les réfugiés
TORONTO, ON - SEPTEMBER 14: Minister of Citizenship and Immigration Chris Alexander speaks at the 'Life Of Crime' Premiere during the 2013 Toronto International Film Festival at Roy Thomson Hall on September 14, 2013 in Toronto, Canada. (Photo by George Pimentel/WireImage)
George Pimentel via Getty Images
TORONTO, ON - SEPTEMBER 14: Minister of Citizenship and Immigration Chris Alexander speaks at the 'Life Of Crime' Premiere during the 2013 Toronto International Film Festival at Roy Thomson Hall on September 14, 2013 in Toronto, Canada. (Photo by George Pimentel/WireImage)

En dépit de pressions croissantes pour aider les réfugiés syriens à fuir la guerre, l'ancien gouvernement conservateur a rejeté à deux reprises une mesure pour faciliter le parrainage privé chez les Canadiens, selon des documents récemment publiés.

Des fonctionnaires fédéraux avaient proposé deux fois, en mars et en juillet, lorsque la crise s'est intensifiée, d'exempter les Syriens et les Irakiens d'une règle les obligeant à obtenir le statut officiel de réfugié avant de pouvoir être parrainés par des petits groupes au Canada.

À chaque occasion, la recommandation a été écartée par l'ancien ministre de l'Immigration, Chris Alexander. Les documents ont été obtenus par La Presse canadienne en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.

Les conservateurs avaient éventuellement accepté d'apporter ce changement, mais seulement au mois de septembre, dans la foulée du décès du petit réfugié Alan Kurdi, trois ans, dont la mort par noyade avait été immortalisée sur une photo devenue tristement célèbre.

Une note interne, appelée "Politique publique pour faciliter le parrainage des réfugiés syriens ou irakiens pour les groupes de cinq et les parrains communautaires", avait été envoyée à M. Alexander le 17 mars 2015.

Une politique adoptée par les conservateurs était alors en jeu. En vertu du nouveau règlement mis de l'avant par les conservateurs en 2012, il était presque impossible pour des groupes informels d'amener des réfugiés au Canada sans avoir un accord de parrainage avec le gouvernement.

Par conséquent, lesdits "groupes de cinq" pouvaient seulement parrainer des personnes qui détenaient le statut de réfugiés aux Nations unies ou dans leur pays hôte.

Les demandes des réfugiés qui n'étaient pas ainsi désignés étaient plus difficiles à vérifier, elles prenaient beaucoup plus de temps à traiter et elles obstruaient tout le système de parrainage, selon des documents gouvernementaux publiés à l'époque _ c'est d'ailleurs en partie pour cette raison que les conservateurs avaient amendé le règlement.

Mais le gouvernement de Stephen Harper n'aimait pas non plus que le parrainage soit devenu un moyen de réunification familiale et il craignait que ces demandes aient pour effet de refouler d'autres réfugiés avec des besoins plus urgents, selon une source bien au fait du processus de décision à l'époque.

À la suite de cette modification, le nombre de demandes a chuté considérablement.

En 2015, les membres de la famille Kurdi avaient tenté de faire une telle demande. En fait, ils avaient même écrit au ministre Alexander le 17 mars, soit le même jour où il a reçu la note de son ministère.

Dans sa lettre, la famille Kurdi avait écrit qu'elle tentait d'accueillir l'oncle du petit Alan et sa famille au Canada, mais ils ne pouvaient pas quitter la Turquie parce qu'ils ne détenaient pas le statut de réfugiés. Les critères canadiens ralentissaient tout le processus, avaient-ils soutenu.

M. Alexander n'a lu cette lettre que plusieurs mois plus tard.

Le ministre avait refusé de modifier la politique parce qu'il tentait d'accélérer les démarches et il se heurtait à des obstacles politiques, selon une source qui a requis l'anonymat.

Au moment où la note interne a été rédigée, le gouvernement venait d'atteindre tardivement sa cible de 2013, selon laquelle le Canada avait accueilli 1300 nouveaux arrivants en l'espace d'une année.

Chris Alexander s'était déjà engagé au mois de janvier à admettre 10 000 réfugiés de plus, une promesse qui avait pris plus d'un an avant d'être approuvée par le bureau du premier ministre.

D'ailleurs, la promesse des conservateurs sur l'accueil des 10 000 réfugiés avait une condition. Ces derniers devaient satisfaire au moins un critère sur une liste précise, dont faire partie d'une minorité vulnérable ou celui d'être un survivant de violence sexuelle.

La note interne du ministère avait souligné l'importance des groupes de cinq personnes dans l'accueil de réfugiés, ajoutant que ces derniers continuaient d'exprimer leur intérêt à l'égard du parrainage.

Au mois de juillet, des millions de Syriens quittaient leur pays et les fonctionnaires ont renvoyé leur proposition au ministre _ une rare persistance de la part du ministère alors qu'une élection fédérale était imminente.

Cette proposition n'était pas susceptible d'être populaire chez les électeurs conservateurs, a fait remarquer la même source anonyme. Ainsi, le Parti conservateur a plutôt promis en campagne d'accepter 10 000 réfugiés syriens et irakiens sur quatre ans.

Moins d'un mois plus tard, le corps du petit Alan Kurdi, gisant sur la plage, a provoqué l'émoi à l'échelle internationale, dont au Canada.

Le 19 septembre, un avis publié sur le site internet du ministère de l'Immigration annonçait les changements qui avaient été proposés déjà deux fois par les fonctionnaires.

VOIR AUSSI:

Syrie: Un hôpital à Alep qui bénéficiait de l'aide du Canada a été détruit

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.