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Vente des actions de Rona : Pierre Ouellet contredit Jacques Daoust (VIDÉO)

Vente des actions de Rona : Pierre Ouellet contredit Jacques Daoust (VIDÉO)

QUÉBEC _ L'ex-chef de cabinet de Jacques Daoust, Pierre Ouellet, contredit son ancien patron et affirme que le ministre de l'Économie de l'époque avait été mis au courant du projet de vente d'actions de Rona par Investissement Québec le 26 novembre 2014 et qu'il ne semblait pas d'accord avec cette décision.

Mais le ministre Daoust ne voulait pas s'en mêler, estimant que la décision de liquider ou non l'ensemble des actions de Rona relevait de la société d'État et non de lui, a relaté M. Ouellet, jeudi, en commission parlementaire.

"C'est leur responsabilité. Ils vivront avec les conséquences", aurait répliqué M. Daoust quand son directeur de cabinet l'a informé de la consultation formulée par les administrateurs d'Investissement Québec auprès du cabinet sur le bien-fondé de la transaction, selon M. Ouellet.

Ce dernier a témoigné en fin de journée jeudi, en commission parlementaire, en vue de préciser le rôle politique qu'il a pu jouer dans l'approbation de la vente massive des actions de Rona détenues par Investissement Québec, une résolution adoptée par les administrateurs le 17 novembre 2014.

Dans son communiqué annonçant sa démission, le 19 août dernier, M. Daoust réaffirmait qu'il n'avait "pas été informé de l'intention des administrateurs de vendre la participation d'Investissement Québec dans Rona", et qu'il n'avait "pas donné d'autorisation à celle-ci".

À la demande du député caquiste François Bonnardel, M. Ouellet, qui avait demandé à être entendu par la commission, a été assermenté.

À la grande surprise de l'opposition péquiste, Pierre Ouellet a dit qu'il n'avait pas discuté du dossier Rona avec le cabinet du premier ministre Philippe Couillard avant juin 2016.

La commission parlementaire spéciale, qui se tenait toute la journée au Salon rouge de l'Assemblée nationale, visait à faire la lumière sur les conditions ayant mené à la vente, en novembre 2014, de 11 millions d'actions de Rona, d'une valeur de 140 millions $, détenues par Investissement Québec. L'américaine Lowe's a acquis le géant québécois de la quincaillerie en février dernier au montant de 3,2 milliards $.

La transaction avait semé aussitôt la controverse, les partis d'opposition jugeant que le gouvernement Couillard n'avait rien fait pour empêcher la vente d'un "fleuron" de l'économie québécoise à une entreprise américaine et éviter la perte d'un siège social.

Pierre Ouellet était à l'époque l'interlocuteur du ministre Daoust auprès d'Investissement Québec, la société d'État qui relevait du ministre de l'Économie.

Les partis d'opposition cherchaient à savoir si le gouvernement a joué un rôle politique dans la transaction, en approuvant cette vente massive d'actions, ce que l'ex-ministre Daoust a toujours nié.

Dans la tourmente dans ce dossier depuis des mois, M. Daoust a été forcé de démissionner vendredi dernier, à la suite de la publication d'un échange de courriels laissant croire que son directeur de cabinet, M. Ouellet, avait donné l'autorisation politique requise par Investissement Québec, le 26 novembre 2014.

M. Ouellet avait en fait été informé par téléphone des projets d'Investissement Québec, par son président par intérim, Yves Lafrance, plusieurs jours plus tôt, dès le 17 ou le 18 novembre, a relaté ce dernier. L'appel visait à "consulter" le ministre sur la transaction.

Éventuellement, d'autres personnes pourraient être amenées à témoigner, si les parlementaires membres de la Commission de l'économie et du travail jugent qu'ils n'ont pas obtenu les informations souhaitées.

Avant le début des travaux de la commission, en matinée jeudi, plusieurs députés des rangs de l'opposition avaient exprimé leur insatisfaction, quant au choix des témoins. Ils voulaient entendre l'ex-ministre Daoust, Robert Dutton, l'ancien patron de Rona à l'époque où M. Daoust dirigeait Investissement Québec avant de se lancer en politique, et le chef de cabinet du premier ministre Philippe Couillard, Jean-Louis Dufresne.

L'opposition reproche aux députés libéraux membres de la commission d'avoir refusé d'entendre ces témoins-clés pour comprendre ce qui s'est passé.

Le député péquiste Alain Therrien s'est dit persuadé que la vente d'actions était une commande politique.

"C'est une évidence que le ministre savait", a-t-il conclu à partir du témoignage de M. Lafrance. Le député en conclut que l'ex-ministre Daoust a menti.

En 2012, le gouvernement Charest avait demandé à Investissement Québec de procéder à l'acquisition de millions d'actions de Rona, en vue d'empêcher Lowe's de sortir gagnant de l'offre d'achat non sollicitée déposée en vue de mettre la main sur le quincailler québécois.

L'ancien président du conseil d'administration d'Investissement Québec, Louis Roquet, est venu dire que la résolution adoptée par les administrateurs en novembre 2014 était "décisionnelle", donc que l'autorisation politique n'était pas nécessaire pour liquider l'ensemble des actions de Rona.

La démarche faite par courriel auprès du cabinet du ministre Daoust en était donc une davantage axée sur "l'information préalable" au ministre plutôt qu'une "consultation" comme telle. Selon lui, le ministre n'avait pas de pouvoir décisionnel dans ce dossier et "probablement" que la société d'État serait allée de l'avant de toute façon, en cas de désaccord gouvernemental.

Le président par intérim d'Investissement Québec au moment de la vente des actions, Yves Lafrance, a confirmé que la société d'État "n'avait pas besoin" de la sanction politique pour procéder, mais il a estimé que c'était "un élément au poids relatif important" dans la prise de décision.

En juin 2016, la vérificatrice générale avait publié un rapport sur le sujet, en concluant, après étude des procès-verbaux d'Investissement Québec, que le ministre Daoust avait approuvé la vente des actions.

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