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Écluses de Sault-Sainte-Marie: le talon d'Achille de l'économie nord-américaine

Écluses de Sault-Sainte-Marie: le talon d'Achille de l'économie nord-américaine
RADIO-CANADA/LISA MARIE FLEURENT

Le vieillissement des écluses de Sault-Sainte-Marie au Michigan inquiète grandement les intervenants du milieu du transport maritime. La plus importante écluse, Poe, fonctionne à la moitié de sa capacité. La fermeture de cette écluse névralgique, qui permet aux navires de passer du lac Supérieur au lac Huron, plongerait le Canada et les États-Unis dans une grave récession économique.

L'écluse Poe a près de 50 ans et a besoin de réparations majeures. L'une des deux valves, qui permet de faire monter et descendre le niveau de l'eau, ne fonctionne plus. Le temps de passage en est doublé.

L'écluse Poe est le seul lien entre le lac Supérieur, les Grands Lacs et l'océan Atlantique pour 80 % des laquiers, qui sont trop imposants pour passer par les portes de l'écluse MacArthur. Cette écluse, construite en 1943, a d'ailleurs dû être fermée pendant plusieurs jours l'an passé afin que les équipes y effectuent des travaux d'urgences.

Ce sont des dizaines de milliers de dollars qui sont perdus lorsqu'un bateau est retardé d'une heure aux écluses, affirme Joanne Gray du Corps des ingénieurs de l'armée des États-Unis, responsable des travaux de réfection des écluses.

Des millions d'emplois en jeu

Une étude du département de la Sécurité intérieure des États-Unis conclut que la fermeture de l'écluse Poe pendant six mois aurait des conséquences économiques dévastatrices.

Ce sont 11 millions d'emplois qui seraient perdus aux États- Unis et plusieurs millions au Canada et au Mexique. Environ 80 % de l'exploitation minière de fer cesserait, et près de 100 % des manufactures d'électroménagers, d'automobiles, de matériels de construction et agricoles fermeraient.

Ce passage maritime est l'un des piliers de l'économie canadienne et américaine, explique Glenn Nekvasil, vice-président de l'Association des armateurs américains des Grands Lacs. Son association compte 56 bateaux et représente 14 compagnies de transport maritime. Ses paquebots transportent majoritairement du fer et des minerais ainsi que de l'acier et du charbon.

Glenn Nekvasil insiste : le temps presse. « Le corps des ingénieurs de l'armée des États-Unis réfère aux écluses comme étant le point faible qui pourrait paralyser le transport par voie maritime ». Comme tous les intervenants du milieu du transport maritime, il souhaite que le Congrès américain construise une nouvelle écluse... et rapidement.

Or, le projet fait du surplace. Le Congrès américain a donné son aval en 1986 pour la construction d'une nouvelle écluse, mais il n'a jamais alloué les fonds nécessaires, qui se chiffrent à environ 580 M$, au Corps des ingénieurs de l'armée des États-Unis. Et l'approbation du projet ne serait pas une solution magique : le chantier prendrait entre 3 et 10 ans à être complété.

« C'est inquiétant parce qu'on n'a pas d'autre choix [que d'utiliser l'écluse Poe]... mais il y a de l'espoir », explique Joanne Gray du Corps des ingénieurs de l'armée des États-Unis.

Le Congrès a financé une nouvelle étude afin de déterminer si les avantages économiques d'une nouvelle écluse sont significatifs. Le dépôt de cette étude est prévu en décembre 2017.

Manquer le bateau

Steven Welch gagne sa vie grâce aux écluses. Sa compagnie organise des tours de bateaux qui complètent une boucle en passant par l'une des deux écluses du côté américain avant de traverser la frontière et d'emprunter celle du Canada. Le vieillissement des écluses a un impact sur son chiffre d'affaires. Il doit parfois annuler des voyages, car les laquiers font la file en attendant que l'écluse relâche un autre paquebot.

Comme Steven Welch, plusieurs Américains se demandent s'ils ne sont pas la génération qui manquera le bateau.

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