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Le fabricant d'armes Streit Group défend la légitimité de ses pratiques

Le fabricant d'armes Streit Group défend la légitimité de ses pratiques
CBC

Deux semaines après avoir été mis sur la sellette par une série de reportages de CBC, le fabricant d'armes canadien Streit Group sort de son mutisme pour démentir tout agissement illégal dans des livraisons de véhicules de transport de troupes blindés au Soudan du Sud.

En vertu d'ententes signées dans les huit premiers mois de 2014, Streit a livré 173 véhicules de type Cougar et Typhoon au Soudan du Sud, une décision critiquée par un comité de l'ONU faisant le suivi de sanctions concernant des armes imposées à certains individus.

Des documents obtenus par CBC montrent que les véhicules étaient officiellement destinés aux forces policières, qui relèvent du ministère de l'Intérieur, mais que les contrats de vente ont plutôt été signés par le major général Akol Koor Kuc, du ministère de la Défense.

L'histoire ne dit pas à quel moment les véhicules, fabriqués aux Émirats arabes unis, ont été livrés au Soudan du Sud, mais des photos obtenues par la société d'État révèlent que certains de ces véhicules ont ensuite été équipés de mitrailleuses et utilisés par l'armée.

La vente d'équipements effectuée sous de faux prétextes, mais destinés en bout de piste à être utilisé dans des zones de conflit, est considérée comme une manœuvre de « détournement », et constitue une violation du droit international.

Des ventes légitimes, selon Streit

Streit Group dément cependant avoir quoi que ce soit à se reprocher dans cette affaire. Dans un courriel envoyé à CBC lundi soir, elle soutient que chacune de ses 12 usines dans le monde est considérée comme une entité légale qui respecte les droits du pays où elle se trouve.

La société soutient en outre n'avoir vendu ses armes qu'à des « agences légitimes du gouvernement, comme le Service de sécurité nationale, le Bureau de la sécurité intérieure et le Bureau du directeur général. »

« Nous surveillons de près les listes des sanctions de l'ONU et aucune de ces agences n'y apparaissaient à l'époque, pas plus qu'aujourd'hui », affirme la compagnie.

Il est de notre responsabilité de nous assurer que nous respectons les lois sur l'exportation aux Émirats arabes unis [et] toute la documentation juridique, incluant les déclarations sur l'utilisateur final, a été soumise aux autorités compétentes.

- Déclaration de Streit Group

La compagnie balaie aussi du revers de la main les arguments d'organisations de défense des droits de la personne, qui ont soutenu que la signature des contrats de vente par un major général de l'armée aurait dû lui mettre la puce à l'oreille.

Selon elle, toute la documentation requise a été transmise directement à l'ambassade des Émirats arabes unis au Soudan du Sud, sans que la compagnie ne la voie.

« Pour s'assurer de leur authenticité, les versions originales de ces documents ont été fournies directement par les agences gouvernementales du Soudan du Sud à l'ambassade des Émirats arabes unis – ils n'ont jamais été en possession du groupe Streit ».

La société Streit affirme qu'elle ne savait pas ce qu'il était advenu de ces véhicules.

Les modifications qui y sont apportées, dit-elle, sont du seul ressort du gouvernement sud-soudanais. « Nous ne pouvons pas influencer ce processus, mais toute modification non approuvée - incluant l'ajout d'armes - invalide la garantie ».

Affaires mondiales Canada avait déjà affirmé que Streit n'avait violé aucune loi canadienne, étant donné que ces véhicules ont été fabriqués aux Émirats arabes unis, et qu'ils ont été livrés à parti de ce pays.

Pas de commentaires sur le dossier libyen

La société Streit demeure cependant silencieuse au sujet de 131 véhicules de transport de troupes livrés en Libye en 2012.

Un autre comité de l'ONU soutient qu'il s'agit d'un « transfert illicite » et a accusé l'entreprise et les Émirats arabes unis d'avoir ainsi violé un embargo sur les armes adopté par l'ONU dans la foulée de la chute de Mouammar Kadhafi.

La semaine dernière, le gouvernement Trudeau a demandé à la Gendarmerie royale du Canada d'étudier ce dossier. Une porte-parole de la police fédérale confirme que la requête a été reçue, mais n'a pas voulu dire si une enquête a été formellement lancée.

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