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Retard et grincements de dents entourant la réforme du transport en commun

Retard et grincements de dents entourant la réforme du transport en commun

La réforme majeure du transport en commun dans le Grand Montréal soulève plusieurs questions chez les élus des couronnes nord et sud. De plus, l'arrivée de l'Autorité régionale de transport métropolitain (ART) et du Réseau de transport métropolitain (RTM) pourrait être retardée au printemps prochain.

Un texte de Francis Labbé

Le chantier est énorme. Abolition de l'Agence métropolitaine de transport (AMT), disparition des 12 conseils intermunicipaux de transport, arrimage des tarifs et des services... le tout devait être prêt au début de 2017. Ce sera « fort peu probable », selon le président du comité de transition, Paul Côté.

« Nous sommes en attente d'une autorisation de Québec quant à notre échéancier. La loi prévoyait le 1er janvier 2017, ce qui veut dire qu'au 1er septembre, les nouveaux administrateurs des deux sociétés devaient être en place, poursuit M. Côté. Est-ce que ce sera au printemps, au premier trimestre? Nous avons fait notre recommandation et nous attendons une réponse du [nouveau ministre] à cet effet. »

« Nous avons quatre grands chantiers en cours, ajoute le président du comité de transition. D'abord, la gouvernance, donc les conseils d'administration et bâtir les organisations. Ensuite, il y a la politique de financement et aussi la politique de contratisation et, finalement, le quatrième chantier, ce sont les budgets et transferts d'actifs. Par exemple, l'Agence métropolitaine est une entité qui relève du gouvernement provincial, alors que la nouvelle structure sera municipale. Alors, il faut transférer les actifs. Tout est à définir, mais avec les bonnes ressources et les bons plans, nous allons accomplir le travail. »

Inquiétudes

Plusieurs élus du Grand Montréal se questionnent à propos de cette réforme. « Cette réforme était nécessaire pour les 82 villes de la Communauté métropolitaine de Montréal », affirme le maire de Saint-Eustache et président du Conseil intermunicipal de transport des Laurentides, Pierre Charron. « Il faut que ça fonctionne, mais des inquiétudes, il y en a plusieurs. »

L'une d'elles a trait à la nomination de la directrice principale de la Planification stratégique de la Société de transport de Montréal (STM), Céline Desmarteau, au comité de transition. Une source au fait du dossier se demandait, à ce sujet, si Mme Desmarteau aurait l'indépendance nécessaire pour élaborer une politique de financement qui ne favoriserait pas Montréal au détriment des banlieues.

Un questionnement que confirme le maire de Saint-Eustache. « Je comprends que des gens se demandent ce que ça veut dire, entre les lignes. Mais cette dame apporte avec elle une très très grande expertise. Si ça sert de la bonne façon à cette gouvernance-là, il n'y a pas de problème. Donnons la chance au coureur », dit Pierre Charron.

Il semble que cette nomination ait aussi attiré l'attention à Québec. À la fin mai, après l'annonce de la composition du comité de transition, l'ex-ministre des Transports Jacques Daoust a envoyé une lettre au président de la CMM, Denis Coderre, pour lui préciser notamment qu'« ...il importe de nous assurer de la plus grande objectivité, indépendance et impartialité possibles des membres du comité, dans le cadre de l'exercice de leurs responsabilités ».

De son côté, le président du Comité de transition, Paul Côté, se veut rassurant. « Les membres du comité de transition ont tous signé un code d'éthique qui les engage vis-à-vis les travaux du Comité. [...] Je disais à mes collègues des CIT : "Vous aurez l'occasion de commenter nos travaux, et nous allons en prendre note". »

Gouvernance

D'autres éléments inquiètent davantage le maire de Saint-Eustache. « Il y a absence totale de cadre financier. Quel sera l'impact des dettes actuelles des grandes sociétés de transport pour l'ensemble des citoyens des 82 villes de la CMM? »

« Nous sommes aussi inquiets des postes réservés aux élus des couronnes nord et sud au sein du conseil de l'Autorité régionale de transport. Il y a cinq postes disponibles. Montréal, Laval et Longueuil, et un par couronne. Nous avons envoyé une résolution au cabinet du ministre des Transports pour lui demander que nos représentants soient élus par un collège électoral et non par nomination », indique Pierre Charron.

« Une bonne gouvernance, c'est le point de départ de la réussite. Une bonne gouvernance veut dire bonne confiance, veut dire bonne transmission aux citoyens de ce qui se passe », conclut M. Charron.

Voir aussi:

Plan prévu pour l'an 2000... en 1967!
EDMX.org/Marc Dufour
Malgré ce qui est écrit sur l'image, ce plan futuriste du réseau n'était pas prévu pour 1982, mais pour l'an 2000. C'est du moins ce qu'assure Benoît Clairoux, auteur du livre «Le métro de Montréal, 35 ans déjà». Il explique que cette projection réalisée en 1967, moins d'un an après l'ouverture du métro, a été réalisée par le Service de l'urbanisme de la Ville de Montréal. Les urbanistes de l'époque spéculaient que l'agglomération de Montréal serait habitée par 6 millions de citadins en 2000... Alors que dans les faits, en 2001, il était plutôt question de 1,8 million. Selon les plus récentes statistiques, le cap du 2 millions n'a toujours pas été franchi. Pour ce qui est de la grande région du Montréal métropolitain, le cap des 4 millions a été dépassé en 2015.
Un croquis qui date de 1944
COMPAGNIE DES TRAMWAYS DE MONTRÉAL, Rapport sur un projet de métropolitain pour Montréal, Montréal, mai 1944.
On rêve depuis longtemps au métro... Ce croquis d'un futur réseau est l'un des premiers, réalisé par la Compagnie des tramways de Montréal en 1944.
Plan du métro en 1953 (avant sa création!)
Commission de transport de Montréal, «Un système de transport en commun rapide», Montréal, juin 1953.
Deuxième plan effectué en vue de la construction du métro, par la Commission de transport de Montréal, en 1953, alors que le réseau de tramway de l'époque commençait à être démantelé. La ligne à construire en priorité est dessinée en rouge foncé, les lignes futures en rouge plus pâle.
Plan prévu en 1962 par la Ville de Montréal
Ville de Montréal, Métro Montréal, Bulletin d'information no 1, 23 mai 1962.
Quatre ans avant que les 20 premières stations de métro ne soient inaugurées (14 octobre 1966, une portion de la ligne orange et de la ligne verte), la Ville de Montréal présente à la population un plan contenant trois lignes, le scénario 3 ne verra finalement jamais le jour.
Le réseau intégré de 1970
Communauté urbaine de Montréal, Le transport public: un bond en avant, Montréal, 1970.
Créé en 1970 pour remplacer le Bureau du métro (qui a construit le réseau initial de 1966-67), le Bureau de transport métropolitain (BTM) de la Communauté urbaine de Montréal (CUM) rend rapidement public ce projet de prolongements.LégendeLignes noires: réseau existant en 1970Lignes rouges: prolongements prioritaires avec tracés définitifsPointillés rouges: tracés à l'étudeZone orange: corridor à l'étude pour prolongementZones grises: deuxième vague de corridors à l'étudeLignes vertes: prévision du réseau de train
Version révisée en 1974
Communauté urbaine de Montréal, Le transport public: les prolongements, Montréal, février 1974.
Le Bureau du transport métropolitain peaufine son étude de 1970 et propose ce plan en 1974.
Plan préconisé en 1978
Communauté urbaine de Montréal, schéma d'aménagement, 1985.
Ce plan du métro était celui visé par le Bureau des transports de Montréal en 1978 pour 1985 et il aurait pu être réalisé si le gouvernement Bourassa n'avait pas imposé un moratoire sur les prolongements du métro en 1976.
1983: Un métro en surface?
Ministère des Transports du Québec, Le métro fait surface: la ligne 6, 1983.
En 1983, le ministère des Transports propose le prolongement du métro souterrain à Anjou et la réalisation d'un métro de surface. Ce réseau ne verra jamais le jour...
Le plan «réplique» de 1986
Communauté urbaine de Montréal, 1986
La Communauté urbaine de Montréal réplique au MTQ avec un projet de métro sous le boulevard Pie-IX...
1991: prolongement vers Laval (plan de 1986 revu)
Communauté urbaine de Montréal, 1991
La Communauté urbaine fait apparaître un projet de prolongement possible à Laval en 1991. Il sera concrétisé, avec un tracé différent, en 2007. Depuis 1988, aucune nouvelle station de métro n'a été construite sur l'île de Montréal.

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