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Instagram comme moyen de combattre les troubles alimentaires

Instagram comme moyen de combattre les troubles alimentaires
Hands taking photo oatmeal with smartphone.
Rasulovs via Getty Images
Hands taking photo oatmeal with smartphone.

Qui, en 2016, n'a jamais dévoilé au grand jour une image de son repas, de son dessert ou bien de son corps sur les réseaux sociaux? Publier une photo sur Instagram relève désormais de l'ordinaire.

Un texte de Kim Vermette

Mais pour Jordane Giguère, chaque partage d'une image composée d'une salade colorée ou d'une assiette fruitée sur son compte Instagram est un véritable défi.

Depuis maintenant dix longues années, la jeune femme de 24 ans de Sherbrooke combat l'anorexie sans relâche. En janvier 2015, Instagram est devenu un allié dans sa bataille.

«C'est arrivé à un moment où ça allait vraiment mal. Je sortais de l'hôpital, puis je me sentais vraiment seule. Avec les suivis qui ne sont pas toujours adéquats et pas toujours très serrés lorsqu'on sort de l'hôpital, j'ai trouvé Instagram, un peu comme étant un groupe de soutien à la portée de la main», explique-t-elle.

Chaque fois qu'elle en ressent le besoin, Jordane Giguère publie ses états d'âme sur le réseau social où plus de 1000 personnes la suivent, un peu comme elle le ferait dans un journal intime.

Du bon et du moins bon

Cette méthode n'est cependant pas bénéfique pour tous. Tout dépend d'où est rendue la patiente dans son processus, avertit Caroline Pesant, pédiatre spécialiste en troubles alimentaires au Centre intégré université de santé et de services sociaux (CIUSSS) de l'Estrie CHUS.

«Quelqu'un qui veut s'en sortir, qui veut aller mieux, je pense que les réseaux sociaux ça peut être favorable», concède la médecin.

«Mais quelqu'un qui est en symbiose avec sa maladie, qui a juste un désir c'est de perdre du poids, de persévérer dans la maladie, je pense qu'elle va utiliser les réseaux sociaux pour s'aider à trouver des trucs, puis ça peut être nuisible à ce moment-là.»

Même son de cloche chez Arrimage Estrie, un organisme qui accompagne les gens aux prises avec des troubles alimentaires. Les demandes d'aide ne cessent d'augmenter, indique Sarah Frost, responsable du volet troubles alimentaires.

Et les nombreuses images véhiculées sur les médias sociaux pourraient y être pour quelque chose.

Une dualité dont Jordane Giguère est bien consciente.

Ressources disponibles

Malgré tout, Jordane reste fidèle à ses abonnés Instagram. C'est en quelque sorte une façon pour elle de s'obliger à aller mieux alors qu'elle déplore le manque de ressources.

«À l'hôpital, on a de l'aide d'une nutritionniste, on a des rencontres, on a plein d'exercices à faire. Quand on sort de l'hôpital, ça peut prendre plusieurs semaines avant d'avoir un rendez-vous de quinze minutes», se désole-t-elle.

«Ça fait un gros "clash" parce que pendant plusieurs journées tu es surveillée avec ton plateau, tu es pesée deux fois par semaine, et là, quand tu as ton congé, tu ne vois plus personne pendant deux mois. C'est vraiment ce bout-là qui manque, et c'est dans ce bout-là que souvent tout bascule.»

«Une jeune adolescente qui a un trouble alimentaire, qui veut recevoir de l'aide, consulte à la clinique son médecin, est référée à notre clinique, on a une infirmière clinicienne qui les trie et celles qui sont très malades on les voient très rapidement», selon la pédiatre Caroline Pesant.

Le problème, selon Sarah Frost, réside plutôt dans les suivis une fois la crise passée. Selon elle, il existe très peu de soutien pour les gens touchés par les troubles alimentaires.

De son côté, Jordane Giguère n'est pas prête à abandonner de sitôt. Même s'il y a plus de bas que de hauts dans cette décennie de combat contre l'anorexie, elle espère un jour se dire guérie.

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