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Hippodrome Blue Bonnets : le projet immobilier coincé sur la table à dessin

Un projet immobilier coincé sur la table à dessin à Montréal

Près de sept ans après la fermeture des installations, le vaste terrain de l'ancien hippodrome de Montréal est toujours en friche. Le projet de « ville dans une ville » qui doit y prendre place, et qui est fort attendu dans un secteur en déficit de logements abordables, n'existe encore que sur papier. Devant l'inaction des élus, des groupes communautaires se mobilisent.

Un texte de Julien Poirier-Malo

Jennifer Auchinleck a de grandes ambitions pour le site Blue Bonnets. Organisatrice communautaire à la Corporation de développement de Côte-des-Neiges, elle planche sur l'avenir du terrain depuis... vingt ans – soit bien avant que les chevaux aient quitté la piste de course. Après moult rapports, forums et ateliers, la proposition de la CDC pour le projet est plus claire que jamais.

Développé par la firme d'architecture Rayside Labossière, le dessin de ce futur écoquartier prévoit une artère centrale – qui serait possiblement le prolongement de la rue Jean-Talon au-delà du centre commercial, à l'ouest de l'autoroute Décarie – bien desservie par des transports publics à haute fréquence, et qui relierait différentes « grappes de développement ».

Au moins 5000 unités d'habitation seraient construites – en moyenne densité, évitant la maison unifamiliale et la tour de plus de cinq ou six étages – et en intégrant un fort pourcentage de logements sociaux et abordables. Ces maisons se mêleraient à des commerces de proximité, écoles, services de santé, lieux de culte et parcs, petits et grands. La place de la voiture serait limitée, et le concept de rue partagée serait préconisé.

«C'est possible de faire du développement résidentiel autrement à Montréal. Il faut simplement penser à qui ça profite.»

- Jennifer Auchinleck, Corporation de développement communautaire de Côte-des-Neiges

Jennifer Auchinleck de la Corporation de développement communautaire de Côte-des-Neiges

Avec une superficie de 43,5 hectares, soit l'équivalent de 60 terrains de soccer, le site de l'ancien hippodrome reste l'un des derniers grands territoires centraux à développer à Montréal. Le secteur des ateliers Angus et les quartiers Bois-Franc et Griffintown, réaménagés dans les années 1990 et 2000, sont souvent cités comme les derniers exemples de telles possibilités.

Un projet qui stagne

En 2012, après une série d'études et de réflexions, l'administration du maire Gérald Tremblay a annoncé ses couleurs pour l'avenir du secteur. Cinq ans de préparation étaient prévus pour la conception et la tenue de consultations publiques, avant la mise en vente du site à un promoteur immobilier en 2017.

Or, aujourd'hui, la première pelletée de terre est encore loin. La cession du terrain à la Ville de Montréal par le gouvernement du Québec, détaillée dans une entente rédigée en 2012, n'a pas été entérinée. Quant aux bâtiments de l'hippodrome, que Québec s'est engagé à démolir avant la fin de l'année 2013 dans cette même entente, ils sont encore debout.

La Ville de Montréal confirme que des discussions sont toujours en cours avec le gouvernement du Québec pour finaliser la cession du terrain.

«Lorsque la Ville sera propriétaire, nous serons en mesure de procéder à la démolition et d'enclencher les étapes subséquentes.»

- Gonzalo Nunez, Ville de Montréal

Le porte-parole Gonzalo Nunez confirme que l'aménagement du site Blue Bonnets s'inscrit dans la démarche de planification du secteur Namur-De la Savane, qui comprend le raccordement des deux tronçons du boulevard Cavendish.

Parallèlement, le président du comité exécutif de la Ville, Pierre Desrochers, s'entretiendra fin août avec l'architecte Ron Rayside et la Corporation de développement communautaire de Côte-des-Neiges, à la demande de cette dernière. On ignore pour l'instant le programme de cette rencontre.

Cela dit, à un peu plus d'un an des prochaines élections municipales, la CDC compte bien rappeler aux élus leurs engagements concernant le développement du secteur Blue Bonnets.

Le logement social comme pivot central

À Montréal, en vertu de la stratégie d'inclusion de logements abordables, chaque projet résidentiel de cent unités ou plus doit intégrer un minimum de 15 % de logements sociaux et communautaires, et 15 % de logements abordables privés. Or, selon Jennifer Auchinleck de la CDC, ce seuil reste bien en deçà des besoins du secteur de l'hippodrome. L'organisme y réclame la construction de 2500 logements sociaux, sur un total de 5000 à 8000 unités d'habitation projetées.

La répartition de logements sociaux et communautaires du projet « ville dans une ville »

«Pendant qu'il ne se passe rien, la situation se dégrade dans l'arrondissement. Et on ne peut pas faire semblant que le marché privé répond aux besoins des plus démunis.»

- Jennifer Auchinleck, Corporation de développement communautaire de Côte-des-Neiges

Le message est notamment porté par le Front d'action populaire en réaménagement urbain, le FRAPRU, qui a tenu une manifestation sur le site dans le cadre du Forum social mondial. Quant à l'opposition officielle de Projet Montréal, elle appuie l'objectif de réalisation de 2500 logements sociaux.

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