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CIBL: Tout balayer (ou presque) pour mieux rebâtir (ENTREVUE)

CIBL: Tout balayer (ou presque) pour mieux rebâtir (ENTREVUE)
Rodolfo Moraga

La radio communautaire CIBL 101,5 FM à Montréal a eu sa part belle de bruit pour ses 35 ans: problèmes financiers importants, vent d'un projet de quitter les ondes hertziennes, virage numérique, don inespéré de 375 000 dollars de Cogeco Média et arrivée d'un nouveau directeur, Arnaud Larsonneur. D'une main assurée, il a repris le navire en train de sombrer, a balayé les fondations existantes - en annulant notamment toutes les émissions déjà au programme - et a décidé de rebâtir à neuf en utilisant quelques acquis de la station trentenaire dans le but de respecter le passé, mais aussi de trouver une nouvelle identité propre à CIBL. Entrevue.

Concrètement, quels sont les grands changements envisagés pour le lancement de la nouvelle programmation le 29 août prochain? Larsonneur a tout d'abord jeté un oeil rationnel sur la programmation offerte par la station, dans le but de mieux comprendre le manque d'intérêt des auditeurs après 35 ans de radio par des bénévoles passionnés. Bien vite, il en est venu à une conclusion bien simple: toutes les émissions devraient être annulées et la programmation, totalement repensée: «Il n'y avait pas d'unité de ton: il y avait beaucoup d'émissions, donc beaucoup de disparité. Il y avait une incohérence. Même si chaque émission était intéressante, ce n'était pas digeste pour l'auditeur.»

La question qui se pose d'emblée: qu'arrive-t-il aux nombreux bénévoles qui se sont beaucoup impliqués au fil des années? «Il est important de garder en tête que personne n'a été remercié. J'ai rencontré les bénévoles pour une séance de réorientation. Sur dix personnes, neuf embarquent dans la nouvelle mouture. Ils sont invités à participer à la nouvelle programmation, c'est certain. Le projet est très inclusif. D'ailleurs, si le public a envie de s'impliquer, ils est le bienvenu!»

Pour ce qui est de la nouvelle programmation qui débutera le 29 août, Larsonneur et son équipe se sont dirigés vers un style plus aéré: «CIBL a une super histoire. C'est une station concernée par les enjeux de société, des sujets universels, la culture - surtout la relève. C'est là-dessus qu'on doit construire.» Et autour, CIBL proposera plusieurs chroniques sur tous les sujets, toute la journée: «Il n'y aura plus seulement un bloc de littérature par semaine, par exemple. On va essayer d'en parler tous les jours. Je ne veux plus qu'on enferme des sujets dans des cases horaire.» Les différents styles musicaux seront aussi proposés de manière plus fluide, harmonieuse. «Un bloc de rap suivi d'un bloc de hip-hop, c'est indigeste.»

Larsonneur en a vu d'autres: il est bien conscient que ces nouveautés risquent d'apporter satisfaction... et bien sûr, insatisfaction. «C'est clair que pour un auditeur qui écoutait son émission préférée toutes les semaines, c'est plus dérangeant. On ne peut pas avoir l'adhésion de tout le monde. Mais ça va attirer de nouvelles personnes. C'est un changement nécessaire et appuyé. CIBL sera une station plus harmonieuse qu'elle ne l'était. On veut conserver l'engagement des gens, trouver notre ton, une identité plus forte.»

Qui est Arnaud Larsonneur?

arnaud larsonneur

Venu directement de France avec sa conjointe et ses enfants, Arnaud Larsonneur a une solide expérience derrière la cravate. Celui qui est passé par TF1 et Lagardère a travaillé au développement de stations de radio en Europe et en Afrique. Construire avec peu, disons qu'il connaît. «Je viens du milieu des médias en général et de la radio en particulier. J'étais déjà venu à Montréal en vacances avec la famille, et j'avais envie de venir habiter ici. En m'installant, je me suis tourné vers ce que je connais: la radio.»

En lisant les nouvelles, Larsonneur est tombé sur un article portant sur CIBL. «J'ai vu que l'équipe envisageait de ne plus diffuser sur la bande FM. J'ai tout de suite cherché à rejoindre ces gens: la richesse est sur le FM. On a vite fait connaissance, ils cherchaient un directeur général... Ça s'est fait tout naturellement.»

Pour la station CIBL, Larsonneur est arrivé comme un vent de renouveau, surtout dans un temps très précaire. Avec une dette dans les eaux de 200 000 dollars en janvier dernier et une réduction de 40% du personnel salarié, la situation était loin d'être rose. Pourtant, l'homme de radio était décidé à remettre la station sur pied: «CIBL ne devait pas mourir. Je pensais en terme de développement, pas de fermeture. Le but, c'était de passer de seuls au pluriel à ensemble au singulier.»

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