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Apprenez à lâcher prise et à mieux vous connaître avec la cuisine thérapie

Oubliez la recette, apprenez à lâcher prise grâce à la cuisine
Knife chopping red onion on cutting board
Adam Gault via Getty Images
Knife chopping red onion on cutting board

I l existe une vraie satisfaction à battre un œuf avec du sucre, à écouter les grains de cassonade crisser contre les parois du saladier, à voir le fouet émulsionner l'ensemble. Enfin, pour ma part. Votre truc c'est peut-être plutôt d'entendre une viande griller ou de faire rissoler des oignons? Dans tous les cas, ce n'est pas grand chose, mais c'est assez plaisant. Surtout après une journée au travail où bien des choses ne dépendaient pas vraiment de nous. Dans la cuisine, le monde est enfin arrangé selon notre goût et notre envie du moment.

La cuisine thérapie a fait ses preuves à l'hôpital, auprès des personnes âgées et de personnes atteintes du cancer par exemple. Au sein d'ateliers culinaires réguliers, les patients apprennent le plaisir de lâcher prise et de renouer avec leur créativité à travers la cuisine. Pourquoi cantonner cette forme d'art thérapie au seul milieu médical? Le bénéfice de râper des carottes, de faire fondre du chocolat ou de regarder une tarte cuire dans le four est à notre portée au quotidien. Nous pouvons transformer ce moment anodin voire désagréable ou stressant de la préparation du repas en vrai plaisir. À condition d'avoir les bonnes clés pour apprécier ce moment.

Pour se mettre à la cuisine thérapie, il ne faut pas forcément être passionné par la cuisine, ni être doué. Ce mardi de juin, dans le salon d'un appartement parisien, nous sommes trois à suivre une séance de cuisine thérapie animé par Emmanuelle Turquet, art thérapeute. Parmi nous, une participante annonce d'emblée qu'elle a failli ne pas venir. L'idée de cuisiner est une vraie source d'inquiétude pour elle. Elle raconte s'être sentie jugée et rabaissée à ce sujet toute sa vie par ses proches.

Avez-vous déjà regardé une fraise? Du genre vraiment?

Au cours des trois heures de l'atelier, plusieurs activités se succèdent avec pour but de progressivement nous amener à nous concentrer sur nos émotions et à les traduire dans une assiette. Il ne s'agit donc pas de suivre une recette, ni de faire plaisir aux convives autour de la table, de réussir un plat très technique, ni encore de convaincre quiconque de nos compétences en cuisine. La séance débute sur une discussion sur notre rapport à la cuisine et notre état d'esprit du moment. Puis, nous mangeons une fraise... pendant trente minutes.

Pour faciliter la discussion, nous devons choisir une image correspondant à notre humeur et répondre à ces trois questions

Avez-vous déjà regardé avec attention la fraise que vous vous apprêtez à manger? À en imaginer le goût? À en manger finalement un petit morceau? A sentir votre salive affluer, l'acidité venir titiller vos papilles? À vous demander à quelle image vous associez ce parfum de fraise? Cela s'appelle manger en pleine conscience.

Évidemment, manger en pleine conscience tous vos repas, c'est impossible. Mais cette première activité permet de penser à notre façon de manger et à notre vision de l'alimentation. Quand prenons-nous vraiment le temps d'apprécier une bouchée ou la vue d'un aliment? Avant d'entamer la cuisine à proprement parler, un autre exercice de relaxation nous attend. Puis le thème du jour est annoncé: la courgette. Le premier plat à réaliser en 30 minutes est "la courgette fait ce qui lui plaît" à partir de nombreux ingrédients rassemblés sur la table de la cuisine.

Éplucher, râper, assaisonner et rien d'autre

Et là les réflexes reviennent. Quelle recette vais-je faire? Est-ce que ça va leur plaire? Est-ce que ce sera trop/pas assez? Cuisiner avec des étrangers à côté de soi, c'est loin d'être évident. Emmanuelle Turquet rassure et nous conseille de nous servir de tous nos sens, de toucher les ingrédients. Sans trop savoir comment ni pourquoi, nous partons toutes les trois dans une direction différente: courgettes à la poêle, courgettes en salade et courgettes râpées. Des plats simples que nous prenons plaisir à cuisiner chacune dans notre coin.

Les trois plats cuisinés après la première partie.

Pour la dégustation, autour de la table, un échange intéressant s'installe où l'on questionne nos réflexes et notre plaisir ou non à cuisiner ces ingrédients. La deuxième partie de l'atelier s'avère plus ardue. Il faut nous concentrer sur une émotion qui nous traverse à ce moment-là et la traduire dans l'assiette. Se concentrer sur son émotion et s'en saisir, c'est un peu comme penser à rien, cela semble impossible.

Et finalement, l'une se lance dans un velouté, l'autre dans des courgettes gratinées au fromage. Pour ma part, je me lance dans la préparation d'un gâteau au chocolat avec de la courgette râpée, une recette improvisée du début à la fin. Pour répondre à quelle émotion? De l'audace, j'ai toujours eu envie de tester cette recette sans vraiment oser. Sans ligne conductrice et sans indications, je découvre un nouveau plaisir à cuisiner sans pression et sans intérêt autre que celui de voir la courgette se râper et ce gâteau prendre forme. Une concentration et une décontraction qui m'étonne tout autant que les deux autres participantes.

Les six courgettes que nous avons cuisinées ce jour-là ont fait remonter bien des choses. Pourquoi a-t-on si peur du regard des autres? Que risque-t-on à rater un plat? Pourquoi s'assit-on à cette place à table? À qui pense-t-on derrière les fourneaux et pourquoi? Autant de questions qui dépassent de loin la transformation de simples courgettes en plats délicieux.

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