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Turo: l'essor de la location de voitures entre particuliers au Canada

Turo: l'essor de la location de voitures entre particuliers au Canada

Après Airbnb dans le secteur du logement, c'est au tour de Turo d'ouvrir grand la porte à l'économie du partage dans le monde du véhicule individuel. Nouvelle source de revenus pour les uns et location d'autos moins coûteuse pour les autres, trois mois après son lancement au Canada, l'application mobile compte déjà plusieurs milliers d'utilisateurs au pays.

Un texte de Julien Poirier-Malo

Turo, entreprise démarrée aux États-Unis, permet aux propriétaires d'inscrire gratuitement leur véhicule sur une plateforme en ligne pour le louer à des particuliers. Le tarif de location est suggéré par l'algorithme de Turo, mais reste à la discrétion du propriétaire.

Ces prix varient en fonction de la demande, de la saison, de la durée de la location et, évidemment, du type de véhicule convoité. Par exemple, pour une même journée, il faudra payer environ 50 $ pour une Volkswagen Golf, 180 $ pour un Audi Q5, et plus de 500 $ pour une Mercredes-Benz Classe S. Notons que 25 % du montant de la facture est récupéré par Turo.

L'entreprise fondée en 2009 sous le nom de RelayRides connait un véritable essor depuis deux ans. Maintenant présente dans plus de 2500 villes, Turo compte des centaines de milliers d'utilisateurs, bien que beaucoup d'inscrits n'y aient encore jamais utilisé le service. Au Canada, c'est au Québec que la plateforme est la plus populaire.

Sandrine Barraud n'était pas chaude à l'idée d'acheter un deuxième véhicule familial, début 2016. L'idée de posséder une voiture qui dormirait trop souvent dans le stationnement l'agaçait, mais l'éloignement du lieu de travail l'en obligeait. L'achat s'est donc fait à contrecœur.

Quatre mois plus tard, elle n'a toujours pas déboursé un seul sou pour les paiements de sa voiture. Après l'avoir achetée, Sandrine a inscrit sa Scion iQ sur la plateforme de partage de Turo, sans trop savoir à quoi s'attendre. Avec sept locations à son actif, elle voit jusqu'à maintenant quelque 250 $ s'ajouter à ses revenus mensuels.

Sunil Motihar s'est lui aussi inscrit à Turo au printemps. Il y loue une Mitsubishi Lancer et une Volkswagen Jetta, et prévoit prochainement ajouter une Honda Civic à sa flotte. Pour cet entrepreneur, le revenu mensuel s'élève à 500 ou 600 $. D'autres utilisateurs contactés par Radio-Canada font également état de revenus atteignant quelques centaines de dollars par mois. Selon Turo, les utilisateurs américains de la plateforme gagnent en moyenne 600 $ tous les mois.

Les revenus peuvent donc grimper rapidement, mais il importe de rappeler qu'un véhicule loué s'usera aussi plus vite. Les locateurs peuvent limiter le kilométrage alloué – au-delà duquel une pénalité est imposée aux locataires –, mais l'usure générale du véhicule contribue à sa dépréciation.

Qui utilise Turo?

Quant à la clientèle, bien qu'aucun portrait précis ne puisse en être brossé, les témoignages des locateurs sont cohérents : les automobilistes qui louent des véhicules via Turo sont jeunes – de la jeune vingtaine à la fin trentaine – et le font généralement pour de courtes virées en ville ou fins de semaine à la campagne. Les touristes américains et français seraient nombreux à utiliser la plateforme.

Pas pour tout le monde

Si la rentabilité est au rendez-vous, la pratique requiert cependant un certain détachement du propriétaire envers son véhicule. Selon certains utilisateurs de Turo, il faut s'habituer à voir sa voiture perdre de son lustre.

« Ma voiture était impeccable au printemps et depuis, des rayures sont apparues. C'est léger, mais quand on tient aussi compte de l'usure mécanique et des pneus, on voit que la voiture prend de l'âge plus vite », dit un utilisateur de Turo, locateur d'une Mercedes-Benz.

Il ajoute qu'une personne qui prend un soin maladif de son bolide aura du mal à le laisser entre les mains d'un autre, rémunération ou pas. Cela dit, les locateurs font état d'expériences de location globalement très positives, et soulignent le respect des gens.

«Parfois, ma voiture revient encore plus propre que lorsqu'elle est partie! Et les gens qui la louent remettent toujours l'essence à niveau. C'est apprécié.» - Sandrine, utilisatrice de Turo

L'enjeu des assurances

Pour être locateur sur la plateforme Turo, les propriétaires doivent être assurés chez l'un des partenaires de l'entreprise, soit belairdirect, Intact Assurance, L'Unique ou La Capitale.

Contrairement à Uber, qui laisse à ses membres la responsabilité des assurances, Turo prend en charge les modalités. Les membres n'ont qu'à informer leur assureur de leur présence sur la plateforme.

Par contre, selon un abonné de Turo qui a plusieurs locations à son actif, les personnes qui louent un véhicule sur la plateforme auraient intérêt à mieux lire les détails du contrat de location.

«La prime peut être assez élevée en cas de dommages, et ça peut causer de très mauvaises surprises. Je me suis déjà entendu à l'amiable avec un locataire pour réparer un pare-choc sans que ça lui coûte une fortune.» - Un utilisateur de Turo

Tout dépendant du forfait choisi au moment de la location d'un véhicule, la prime demandée en cas de dommages est de 500 à 3000 $.

Quelques critiques

Le service à la clientèle de l'entreprise a aussi soulevé quelques critiques concernant notamment ses heures d'ouverture. Bien que beaucoup de transactions se fassent en soirée, il est impossible de joindre un employé de Turo au bout du fil après 17 h en cas de pépin. La direction de l'entreprise reconnaît le problème, et explique que les heures d'ouverture seront éventuellement revues, à mesure que l'entreprise grandira.

Quant à sa légalité, le directeur de Turo Canada est clair : l'entreprise se conforme au cadre légal en place. Le directeur de Turo au Canada, Cédric Mathieu, dit avoir observé d'autres entreprises du genre qui ont connu des débuts plus houleux, ce qui explique l'arrivée tardive de la plateforme au pays.

Pour l'instant, Turo n'est présente qu'en Alberta, en Ontario et au Québec, mais le marché s'agrandira lorsque de nouveaux partenariats seront établis avec les assureurs locaux.

NOTE: La rédactrice en chef du Huffington Post, Arianna Huffington, est membre du c.a. de Uber et s’est retirée de toute décision éditoriale impliquant la couverture de cette entreprise, de l’industrie du taxi ou de l’autopartage.

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