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Affaire Mike Ward : Gilbert Rozon et Louise Richer inquiets pour la liberté d'expression

Affaire Mike Ward : Gilbert Rozon et Louise Richer inquiets

Le milieu de l'humour s'inquiète au sujet de la liberté d'expression des humoristes à la suite du jugement du Tribunal des droits de la personne, qui condamne l'humoriste Mike Ward à verser 35 000 $ à Jérémy Gabriel pour des propos portés à son endroit.

Au micro de Patrick Masbourian sur ICI Radio-Canada Première jeudi matin, Louise Richer, directrice de l'École nationale de l'humour, s'est dite « incroyablement inquiète » de cette première au Québec.

«Indépendamment, cela dit, de ce qu'on peut penser des gags mêmes et du travail de Mike Ward, ce jugement-là symbolise une époque politiquement correcte.»

- Louise Richer, directrice de l'École nationale de l'humour

Le producteur et fondateur du festival Juste pour rire, Gilbert Rozon, abonde dans le même sens que Louise Richer. Il estime que cette cause crée un précédent dans le milieu de l'humour au Québec.

S'il dit être « très respectueux du droit et des tribunaux », Gilbert Rozon est néanmoins préoccupé par de possibles entraves à la liberté d'expression.

« C'est une bataille millénaire d'acquérir le droit à la liberté d'expression », a-t-il affirmé mercredi soir à l'émission Les échangistes de Pénélope McQuade, quelques heures après que le Tribunal des droits de la personne eut rendu sa décision.

«Je suis vraiment préoccupé, tout le monde le sait, je l'ai dit partout [...] Moi, ce n'est pas le genre d'humour que je pratiquerais, je ne serais pas capable de dire ce que Mike Ward dit. Par contre, je vais voir ses spectacles et je ris.»

- Gilbert Rozon, fondateur du festival Juste pour rire

Lorsqu'on lui demande si ce jugement changera son travail à l'École nationale de l'humour, Louise Richer fait remarquer qu'elle se penche depuis longtemps sur la provocation avec ses étudiants.

«La réflexion sur la provocation, à quoi elle sert, ce n'est pas nouveau. La provocation, ce n'est pas un contenu, c'est un effet. C'est un moyen pour arriver à une fin. Cette réflexion est déjà entamée. Pour un humoriste, le flirt avec l'inacceptable doit être maintenu.»

- Louise Richer

Gilbert Rozon craint pour sa part que la décision rendue par le tribunal ait un effet sur le contenu des numéros que les humoristes présentent au public.

Le producteur et fondateur du festival Juste pour rire est d'avis que les artistes seront de plus en plus enclins à censurer certaines portions de leur spectacle, par peur d'être poursuivis.

Des assureurs plus frileux

En regard du jugement rendu mercredi dans l'affaire Mike Ward, les assureurs et les avocats derrière les grands événements humoristiques seront également de plus en plus frileux, ce qui n'augure rien de bon pour l'humour, prédit Gilbert Rozon.

« Il ne faut jamais perdre de vue que les avocats ou les assureurs, ils vont toujours vouloir se protéger. Donc, ils vont vers ce qu'il y a de plus plate, de plus lisse, de moins dérangeant. »

Le litige entre Mike Ward et Jérémy Gabriel remonte à un numéro que présentait l'humoriste en 2010 et dans lequel il était question du handicap du « petit Jérémy », qui souffre du syndrome de Treacher Collins. C'est une amie de la famille qui a porté plainte devant la Commission des droits de la personne.

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