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Des lois russes qui rappellent le «temps du communisme»

Des lois russes qui rappellent le «temps du communisme»

Des groupes russes de défense des droits de la personne et le lanceur d'alerte Edward Snowden s'inquiètent des nouvelles lois antiterroristes de Moscou, qui prévoient notamment que toutes les communications des citoyens seront conservées.

Un texte de Raymond Saint-Pierre

La série de lois doit entrer en vigueur aujourd'hui. Les communications des citoyens (courriels, textos, photos et appels téléphoniques) devront, après cette date, être stockées par les entreprises de communications et les fournisseurs d'accès Internet pendant six mois.

Certaines données devront être transmises aux agences gouvernementales à leur demande.

Surveillance de masse

Ces lois sont dénoncées notamment par l'ex-consultant du renseignement américain Edward Snowden, réfugié en Russie après avoir dénoncé les violations systématiques de la vie privée des citoyens américains par son employeur la NSA, l'Agence de sécurité nationale.

Le lanceur d'alerte s'en prend au président Poutine sur son compte Twitter. Il avance que « Poutine a paraphé une nouvelle loi répressive qui viole non seulement les droits de la personne, mais aussi le bon sens. Jour sombre pour la Russie », conclut-il.

« Les gens me demandent si je crains les représailles à la suite de mes critiques, ajoute-t-il sur Twitter. Oui. Mais ça ne m'a pas empêché de critiquer la Maison-Blanche et ça ne m'arrêtera pas ici. »

Les lois russes forceront donc les entreprises de communications à entreposer une quantité d'informations énorme. La facture s'élèvera à plus de 43 milliards de dollars pour cette industrie.

Dimitri Porotchkin est l'un des dirigeants d'un parti politique qui représente le milieu des affaires, La croissance. Selon lui, cet aspect des nouvelles lois ne pourra pas être appliqué. « Ces mesures sont bien trop coûteuses et techniquement irréalisables », explique-t-il.

Le PDG de l'opérateur de téléphonie mobile Megafon, Sergueï Soldatenkov, partage cet avis. Il déclarait au journal Kommersant que ces lois tueront l'industrie des télécommunications et qu'elles pourraient coûter 4 milliards de dollars à son entreprise.

D'autres dispositions indisposent

La mathématicienne Svetlana Gannushkina, qui milite au sein du groupe de défense des droits de la personne Memorial, voit toute une série de raisons de dénoncer ces nouvelles lois comme la responsabilité pénale pour plusieurs délits qui est abaissée à 14 ans. Selon elle, emprisonner des jeunes, c'est les envoyer à l'école de la criminalité. « La société russe ne veut pas qu'on envoie des enfants en prison », dit-elle.

Les nouvelles lois pénalisent aussi la non-dénonciation d'un délit. Les citoyens risquent ainsi la prison s'ils détiennent des informations sur certains crimes et qu'ils ne les rapportent pas aux autorités.

De plus, une personne risque aussi de se retrouver en prison si elle encourage ses concitoyens à descendre dans la rue, à manifester. « Le genre de mesures qu'on retrouvait ici au temps du communisme », conclut Mme Gannushkina, dont le groupe a également pour objectif de rappeler le souvenir des victimes de la répression soviétique.

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