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L’extrême droite trouve écho après l’attentat de Nice

L'extrême droite trouve écho après l'attentat de Nice

Les paroles se radicalisent encore un peu plus dans les rues de Nice. Le Front national monte en puissance ici depuis des années et l'attentat semble lui donner une autre poussée, à moins d'un an des élections présidentielles.

Un texte de Thomas Gerbet

«On a accueilli beaucoup de gens ici. Maintenant, ils sont Français. Voilà le problème.» Thierry qui promène son chien dans un quartier populaire de l'ouest de Nice poursuit son discours sans même se soucier de la femme voilée qui passe à côté de lui, accompagnée de ses trois enfants.

«On ne sait plus trop à qui on doit faire confiance dans une certaine population. L'ennemi vient de l'intérieur maintenant», renchérit l'homme de 34 ans.

«Il y en a marre de taper sur les Français, sur les petits blancs», ajoute Thierry, qui assure ne pas être raciste. «Le déclin de la civilisation en Europe a commencé il y a 30 ou 40 ans. Maintenant, c'est trop tard», dit-il.

Deux enfants jouent au ballon sous les barres d'immeubles ou sèchent des vêtements multicolores. On est loin des lieux de recueillement de la promenade des Anglais. D'ailleurs, ils sont nombreux à ne pas s'y être encore rendus.

«Je ne suis pas capable», explique Janine 75 ans, désespérée. «La France n'est plus rien aujourd'hui. Il n'y a plus de France. Quelle France avez-vous vue ici?»

Elle avoue adhérer aux idées de Marine Le Pen. «Il y a des gens qui vivent dans ce pays, ils sont nourris et logés, ils touchent de l'argent de l'État, alors qu'il y a des Français qui sont dans la rue», se désole-t-elle.

Rétablir le service militaire en France?

Janine est tout à fait d'accord avec la première proposition faite par la chef du Front national au lendemain de l'attentat : rétablir progressivement le service militaire aboli il y a 20 ans. «C'est un bon truc pour les jeunes. Il faudrait qu'ils le fassent pendant un an ou deux ans, pour qu'ils apprennent à vivre, à repasser leur linge, à ne pas attendre à la table qu'on les nourrisse», dit-elle.

«Avant, il y avait le service militaire. Est-ce que vous avez vu ce que la France était dans cette situation? Non.», dit Janine.

Assis à une table de café, Jean-Claude, chauffeur de camion poids lourd appuie lui aussi l'idée. «Parce que là, les jeunes ils sont perdus. Avec le service militaire : ils y rentrent, ils sont cons; ils ressortent, ils sont droits», affirme-t-il.

Longtemps en France, il était tabou d'exprimer publiquement ses idées d'extrême droite. Même les instituts de sondage avaient du mal à obtenir des chiffres fiables, car plusieurs n'osaient pas dire qu'ils votaient Front national.

Debout derrière le comptoir d'un café du quartier, Charlotte clame sans gêne qu'elle votera pour Marine Le Pen en avril 2017. «Il faut arrêter de faire rentrer tout le monde en Europe», croit-elle.

«Autant les essayer, on n'a rien à perdre», renchérit Tony, assis de l'autre côté du comptoir. «Avec tout ce qui est arrivé, tout ce qu'on a perdu, ça ne peut pas être pire.»

Se concentrer sur la France plutôt que le Moyen-Orient

Au lendemain de l'attentat de Nice, Marine Le Pen a évoqué «une politique étrangère suicidaire». Tony est tout à fait d'accord : «D'après moi, si on n'avait pas attaqué la Libye ou la Syrie, il n'y aurait rien eu de tout ça.»

Aurianne, qui se promène main dans la main avec son copain dans le quartier voisin de Saint-Augustin, est du même avis : «C'est bien beau de vouloir augmenter les frappes ailleurs, mais c'est aussi à l'intérieur (du pays) qu'il faut se concentrer.»

«Le Front national, il est puissant ici», constate Ismaël, un Tunisien résident en France depuis 20 ans qui fume assis sur le devant de sa voiture. «Déjà l'année dernière, il a failli gagner les élections. Là, je pense que ouais, il pourrait passer.»

Cette perspective inquiète Sonia qui sort des sacs d'épicerie de son véhicule. La jeune femme, issue de l'immigration, pense que «c'est ce que l'État islamique veut. Créer cette peur, cette division, pour mieux régner».

Elle pense que «le Français est perdu dans le système politique qu'on a, et que le système politique lui-même est perdu. Les partis ne représentent plus ce qu'ils représentaient».

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