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Le PQ veut s'attaquer à une situation devenue intenable dans les prisons

Le Parti québécois s'attaque à une situation intenable dans les prisons
An empty jail cell in a traditional prison
Andy Sacks via Getty Images
An empty jail cell in a traditional prison

Le Parti québécois (PQ) estime que la situation est devenue à ce point intenable dans les prisons québécoises qu'il est urgent de dresser un état des lieux afin d'agir le plus rapidement possible pour apporter des correctifs.

Le chef de l'opposition officielle, Sylvain Gaudreault, a réclamé vendredi, à Montréal, la création d'une commission parlementaire itinérante non partisane pour faire une tournée des établissements de détention et dégager des pistes de solution en vue de la rentrée parlementaire.

"Dans plusieurs établissements de détention, on vit des problèmes de surpopulation, de manque de personnel, de manque d'entretien des infrastructures, des problèmes de vols de drones, des problèmes quasi de mutinerie, à tout le moins d'émeutes", a affirmé le chef intérimaire du PQ.

Le porte-parole péquiste en matière de sécurité publique, Pascal Bérubé, a fait valoir de son côté qu'il fallait mettre le processus en branle rapidement.

"On veut l'aborder cet été pour que, dans la préparation de l'agenda législatif et de consultations du gouvernement, ils aient déjà reçu ce message, un message que je veux non partisan parce qu'on veut que ce soient les parlementaires qui puissent (traiter) cette question", a-t-il dit.

Le député de Matane-Matapédia a dit croire qu'une commission parlementaire était le meilleur outil pour obtenir un portrait juste de la situation qu'on ne peut dessiner autrement.

"À chaque fois qu'on essaie de demander de l'information, c'est très difficile. (...) Je pense que c'est le moment de faire un exercice pour aller au fond des choses", a-t-il fait valoir.

Le problème de surpopulation est criant, avec un taux d'occupation moyen de 99,4% pour les établissements provinciaux.

M. Bérubé a fait état de données démontrant que cinq des 18 prisons québécoises ont un taux d'occupation de plus de 100%, les pires étant celles de Saint-Jérôme et Amos avec des taux de 112,4%, une est à 100% et cinq autres sont à plus de 95%.

Il a reconnu au passage que les politiques de l'ancien gouvernement Harper, qui privilégiait les peines minimales, avaient amplifié les problèmes, mais il a aussi dit craindre une situation complètement anormale à la suite du récent jugement de la Cour suprême qui a imposé des délais maximums pour les procédures judiciaires qui ne pourront pas être respectés dans de nombreuses causes.

"Des causes vont être abandonnées; alors on aura des gens qui devraient y être (en prison) et qui ne se rendront pas dans un centre de détention, qui ne seront même pas jugés, donc encore moins condamnés et on a des gens qui sont là présentement qui vivent dans des conditions qui sont abjectes", a-t-il laissé tomber.

Les autorités dépassées

Sur la question des communications, le député Bérubé a indiqué que les criminels avaient désormais le haut du pavé en prison.

"Les cellulaires, les drones... il y a encore des communications qui se font. Même, récemment, on a appris que les communications entre les systèmes internes (de la prison), les détenus y ont accès", a-t-il dit.

Pascal Bérubé a fait valoir qu'il serait pourtant facile de déjouer les tactiques des criminels en installant des brouilleurs d'ondes, ce que le PQ a déjà suggéré dans le passé, mais "ils n'ont fait l'achat d'aucun brouilleur d'ondes. Il y a des gens qui poursuivent donc leurs communications criminelles à l'extérieur, voire même sur Facebook", a-t-il déploré.

Selon lui, les autorités carcérales ne peuvent tout simplement faire face à leurs obligations: "Il y a toujours de la drogue, des cellulaires, des cigarettes, des armes à l'intérieur... Ils sont dépassés."

Il n'hésite donc pas à parler d'une "faillite de notre système de justice", qui risque de miner la confiance de la population.

"Les Québécois s'attendent, lorsque des gens sont jugés et sont reconnus coupables de crimes importants qui nécessitent une incarcération, qu'ils purgent leur peine dans des conditions qui ne sont pas celles du commun des mortels", a-t-il dit.

Quant à l'état physique des établissements, le Plan québécois d'infrastructures accorde à six prisons la cote E, c'est-à-dire que les lieux sont en très mauvais état.

Le député Bérubé écorche au passage le ministre Martin Coiteux qui, selon lui, a défini sa priorité comme étant le mariage entre les deux ministères dont il est titulaire, soit la Sécurité publique et les Affaires municipales.

M. Bérubé estime qu'il ne s'agit là d'une priorité que pour le ministre, alors que des problèmes beaucoup plus urgents, dont ceux des établissements de détention, doivent être réglés.

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