Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Parole de Rachid Badouri, «sky is (not) the limit»!

Parole de Rachid Badouri, «sky is (not) the limit»!
Courtoisie Rachid Badouri

Vivotant ces mois-ci entre la France et l’Afrique du Sud, l’Abitibi et l’Ontario, la République démocratique du Congo et les Émirats arabes unis, Rachid Badouri posera ses valises à Montréal du 13 au 28 juillet pour animer The Ethnic Show. Un spectacle anglophone faisant place aux humoristes de toutes les origines qui osent rire de toutes les cultures, alors que les drames raciaux font plus que jamais les manchettes.

Notre entrevue avec Rachid Badouri a été réalisée quelques heures après le drame de Dallas où des policiers ont été tués lors d’une manifestation dénonçant la mort de deux Afro-Américains par d’autres policiers blancs aux États-Unis.

D’emblée, on lui a demandé si les tensions raciales extrêmement vives rendaient les blagues « ethniques » trop délicates ou doublement nécessaires. « Elles sont essentielles! Si on ne peut plus rire de soi et des autres, qu’est-ce qui va nous rester après? Ceci étant dit, il faut toujours garder à l’esprit de ne pas avoir un discours haineux derrière nos blagues. Quand c’est bien dit et bien fait, on peut rire de tous les stéréotypes culturels. »

Il cite en exemple l’imitation des accents étrangers, celui des Haïtiens en particulier. « J’ai entendu un humoriste les imiter à la perfection et des Haïtiens capoter tellement ils se reconnaissaient. Mais j’en ai aussi entendu un autre qui les imitait en sonnant comme un animal… Les deux avaient l’intention de faire rire, mais le deuxième avait une mauvaise approche. Moi, je me permets de les imiter, car j’ai grandi avec eux et je les connais très bien. »

The Ethnic Show 2016

Après avoir cassé la baraque avec l’animation du show ethnique en 2015, Badouri remet ça avec une ribambelle d’humoristes aux styles des plus divers. Le Nigérien-Américain Godfrey qui avait fait un malheur à Juste Pour Rire en 2012. Le New Yorkais d’origine grecque Yannis Pappas. Deux humoristes féminines, la Portoricaine Gina Brillon et l’Américaine de confession juive Jessica Kirson. « Ce sont deux tornades avec un style ressemblant à celui de la seule femme du spectacle l’année dernière, Gina Yashere, qui avait complètement ramassé le show. »

L’animateur décrit ses deux autres comparses comme des légendes. Le premier, le Libanais-Américain Nemr, remplit des salles de 5000 à 10 000 places au Moyen-Orient. Le deuxième, l’Italien-Américain Dom Irrera, roule sa bosse depuis des décennies. « Il a participé à son premier late show dans les années 80, au temps de Jerry Seinfeild. Il est très fort sur les imitations et les accents. C’est l’un des premiers qui a osé aller dans cette voie. »

Son animation

L’humoriste québécois d’origine marocaine offrira quant à lui deux numéros. Un sur l’institution du mariage, sa propre union, sa femme et sa fille. Et l’autre, où il donnera un aperçu de son histoire. « Je sais très bien qu’en anglais, plein de gens ne me connaissent pas. Je vais parler de moi, de mes origines et, bien sûr, de mon père, qui est toujours un must. Dans chaque pays, il est un succès. Je ne sais pas pourquoi c’est moi qui fais carrière. Je devrais être son agent! »

Repartir à zéro

Quand Rachid Badouri évoque les pays où il présente des spectacles, il ne fait plus seulement référence au Québec, à la France et au Maroc, mais aussi à Dubaï, Kinshasa et New York, où il savoure le plaisir de retrouver les petites salles.

« C’est dans les foules les plus restreintes qu’on ressent l’intimité la plus totale. Ça révèle beaucoup de choses sur moi-même, mon énergie et façon de puncher. Quand je demande à une masse de gens de faire du bruit et qu’une personne n’aime pas ça, je ne le saurai jamais. Mais si j’arrive à faire rire 160 personnes “aussi fort” que les spectateurs d’un grand théâtre, c’est qu’il se passe quelque chose. »

Peu importe si certaines de ses blagues le suivent depuis des années, l’humoriste s’assure d’ajouter du piquant à son matériel, partout où il passe. « Quand je vais présenter un spectacle dans un nouveau pays, j’arrive généralement un ou deux jours avant. Je m’y perds, j’observe et je compare ma petite vie lavalloise à ce qui m’entoure. Je note des choses qui à mes yeux ne font aucun sens et je le mets dans la face des spectateurs dès le départ. Ça fonctionne très fort et ça m’éloigne de la routine. »

Sky is (not) the limit

Rachid Badouri ne voit aucune limite à ses ambitions internationales. « Je vais exagérer en disant ça, mais si un jour on trouvait de l’eau sur Mars et qu’on y ouvrait un comedy club, je voudrais être le premier à m’y produire.

Et pour ça, je dois conquérir la planète au complet. J’ai déjà un bon pied dans la francophonie. Et en anglais, les portes s’ouvrent de plus en plus. »

Il affirme même qu’il ne s’en tiendra pas au français et à l’anglais. « Un jour, je veux tenter le coup en espagnol.

J’ai toujours été extrêmement passionné par les langues. Si je n’avais pas travaillé en humour, j’aurais étudié huit langues pour les maîtriser à la perfection et travailler comme traducteur à l’ONU. »

Avant de lancer une tournée internationale officielle, Badouri et son équipe essaient de créer un buzz partout où il passe. Comme ce fut le cas au Maroc au cours des dernières années. « Même si je suis d’origine marocaine, j’étais peu connu là-bas, jusqu’à ce que je participe au Marrakech du rire. Ensuite, j’ai rempli mes salles à Rabat et Casablanca. Je pourrai bientôt faire la même chose à Kinshasa et Dubaï, où ça s’est hyper bien passé. Et si je veux réaliser mon objectif, je dois faire de chacun de mes passages un événement. »

Voir aussi:

Galas Juste pour rire

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.