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Festival de jazz de Montréal 2016: Marcus Miller au top (PHOTOS)

Jazz: Marcus Miller au top (PHOTOS)
Denis Alix

Le légendaire bassiste et compositeur new-yorkais Marcus Miller se donnait en spectacle au Théâtre Maisonneuve de la Place des arts, mercredi soir, dans le cadre du Festival international de jazz de Montréal. Pas nouveau, mais toujours jouissif.

Le multi-instrumentiste de 57 ans a collaboré avec les plus grands, dont le trompettiste Miles Davis (sur scène et sur disque), à une époque où il était encore très jeune. Il a aussi collaboré à des centaines d’albums au fil de sa prodigieuse carrière. Miller n’est pas à sa première visite dans la métropole québécoise! Mais pourquoi s’en priver quand c’est si bon, d’autant plus que le prolifique créateur offrait de nouvelles chansons issues de son plus récent disque Afrodeezia, paru en 2015. Celui-ci lui a d’ailleurs valu un Grammy Award dans la catégorie Meilleur album pop instrumental.

Marcus Miller au Festival international de jazz de Montréal

Les origines

Roi incontesté du groove, l’homme à l’éternel chapeau noir était entouré de quatre jeunes érudits musiciens assurant le saxophone (fidèle compagnon Alex Han), la trompette, la batterie et le clavier. Sur la chanson Panther - extrait de son album The Sun Don't Lie sorti en 1993 -, il a envoyé les premières salves de basse, qu’il domine comme un maître, surtout quand il frappe vigoureusement les cordes du pouce (le fameux style slap bass de Miller). Déjà, l’ambiance s’avérait excellente. Dès cet instant, nous sentions que l’homme a encore un plaisir fou sur la scène. Une passion contagieuse, bien évidemment.

Que ce soit sur les anciennes pièces de son répertoire, ou sur les morceaux tirés de son plus récent album, dont l’énergique Hylife et la plus contemplative B’s River, l’excellence était toujours de mise. Sur les nouvelles chansons, on sentait assurément les influences africaines. Normal puisque l’idée derrière Afrodeezia était, pour Marcus Miller, de retourner aux origines (il a dit racines lors du spectacle) de la musique noire. Celle de ses prédécesseurs. Celle qui nourrit encore le jazz, le blues et le funk.

«J’ai eu l'idée de collaborer avec des musiciens qui venaient de différents lieux de la route des esclaves, en commençant par l’Afrique de l’Ouest et en passant par les Caraïbes, l’Amérique du Sud et le Sud des États-Unis puis enfin les grandes villes du Nord des États-Unis comme New York, Chicago, Detroit», a-t-il expliqué entre deux morceaux.

C’est de cette manière, donc, que Miller a fréquenté les chemins sillonnés avant lui par de nombreux musiciens. Afrodeezia, c’est le résultat de cette grande aventure. C’est pourquoi nous avons pu sentir, sur certaines pièces, les influences maliennes et sénégalaises. Et plus près de nous, la musique motown qui a marqué Detroit, symbolisée durant la soirée par une version bien personnelle de Papa Was a Rolling Stone, le méga succès du groupe The Temptations. C’est fou ce que Miller peut faire avec quatre cordes! Gros groove.

Visiblement, Marcus Miller n’a rien à faire de certains puristes qui ne se sont pas gênés pour le vilipender au fil de sa carrière, l’accusant de vouloir exploiter les reprises, dont celles de Miles Davis, ou des succès populaires comme celui des Temptations… Pour le musicien, de toute évidence, l’évolution du jazz rime parfois avec celle des emprunts. Et de toute évidence, les spectateurs dans la salle du Théâtre Maisonneuve ne furent aucunement offensés qu’il propose quelques reprises, bien au contraire. Les applaudissements (pour ne pas dire ovations) ont été fort généreux au terme de Papa Was a Rolling Stone, tout comme après les quelques morceaux du géant Miles Davis.

Guembri et Gorée

De temps en temps durant le concert, Miller a déposé sa basse pour jouer quelques minutes de cet étrange instrument appelé guembri: sonorités plus vibrantes qui nous transportaient inévitablement sur le continent africain, plus précisément chez les peuples Gnawa.

Un moment fort de la soirée fut sans contredit l’offrande de la pièce Gorée, diffusée en 2012. Un morceau inspiré d’un séjour dans l’île de Gorée (dans la baie de Dakar, au large du Sénégal).

«Sur cette île, il y a un musée, a raconté Miller dans un mélange de français et d’anglais. Il s’appelle la Maison des esclaves. Dans cet endroit, on y mettait hommes, femmes et enfants dans trois pièces minuscules. Dans cette Maison, il y avait aussi une porte. On l’appelait the door of no return. Quand un esclave franchissait cette porte, ça signifiait la fin de sa vie en Afrique. Ça m’a grandement bouleversé. J’ai donc composé un morceau à partir de l'émotion que j'avais pu ressentir là-bas. Ce morceau, titré Gorée, est empreint de colère. Mais, c’est surtout un hommage à la survie et à la dignité. Il faut garder espoir.»

Inspiré.

Les boys

Évidemment, Miller est un grand du jazz. Et les grands sont surtout ceux qui savent bien s’entourer. Sur ce plan, Miller sait faire également. Bien qu’il soit un brillant musicien, les quatre autres gars n’étaient pas en reste. Ils ont pu à maintes reprises démontrer la maîtrise de leur instrument durant pratiqument toute la soirée. Sans oublier certains jam quasi déraisonnables... Selon ses envies, Marcus Miller convoquaient ses jeunes acolytes, qui remplissaient leur mandat avec une aisance déconcertante. C’est notamment le cas du claviériste Brett Williams qui s’est avéré étonnant.

Marcus Miller avait été adoré il y a quelques années lors de son dernier passage à Montréal (au Métropolis), et rien n’a vraiment changé. La grande classe mélangée à l’écrin de virtuose.

Tout à son aise, le bassiste a livré un superbe concert.

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