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Mauvaise préparation pour la guerre en Irak: Blair exprime des regrets et des excuses (VIDÉO)

Guerre en Irak: Blair exprime des regrets et des excuses (VIDÉO)

L'ancien premier ministre britannique Tony Blair a exprimé mercredi sa "peine", ses "regrets" et ses "excuses" après la publication d'un rapport accablant sur sa décision d'engager militairement le Royaume-Uni en Irak en 2003.

"C'était la décision la plus difficile que j'aie jamais prise (...) je l'ai prise de bonne foi. J'en endosse l'entière responsabilité. J'éprouve plus de peine, de regrets et d'excuses que vous ne pouvez l'imaginer", a déclaré l'ex-chef du gouvernement, visiblement ému, lors d'une conférence de presse à Londres.

Dans une longue déclaration de 45 minutes, il a expliqué et justifié sa guerre en Irak.

"Comme le rapport le montre, a-t-il ajouté, il n'y a pas eu de mensonges, le parlement et le gouvernement n'ont pas été trompés, il n'y avait pas d'engagement secret pour aller à la guerre."

"Les renseignements n'ont pas été falsifiés et la décision a été prise de bonne foi. Je savais que ce n'était pas une décision populaire. Je l'ai prise parce que je pensais que c'était la bonne chose à faire", a-t-il poursuivi,

Si le dictateur irakien Saddam Hussein était resté au pouvoir en 2003, "il aurait continué à poser une menace à la paix dans le monde", a-t-il encore dit, rejetant l'accusation que l'intervention en Irak a augmenté la menace terroriste.

"Au moins, malgré tous les défis, avons nous aujourd'hui en Irak un gouvernement élu et réconnu comme légitime par la communauté internationale", a estimé l'ancien Premier ministre entre 1997 et 2007.

Le Royaume-Uni mal préparé

La participation du Royaume-Uni à la guerre en Irak découlait de renseignements imparfaits, a été «très mal planifiée» et a pris fin «alors que le succès était encore très loin d'être assuré», a déclaré mercredi le responsable d'une commission d'enquête qui s'est penchée sur la question.

Le fonctionnaire à la retraite John Chilcot, qui a supervisé cette enquête de sept ans, a ajouté que Londres «a choisi de participer à l'invasion de l'Irak avant que toutes les options pacifiques pour obtenir un désarmement n'aient été épuisées. L'intervention militaire n'était pas, à ce moment, un dernier recours».

Le rapport de 2,6 millions de mots porte un jugement dur sur un conflit controversé qui — au moment du retrait des troupes britanniques, en 2009 — avait coûté la vie à 179 soldats anglais, quelque 4500 militaires américains et plus de 100 000 Irakiens.

M. Chilcot a dit que le gouvernement de l'ancien premier ministre Tony Blair a présenté une évaluation de la menace associée aux armes de Saddam Hussein avec «une certitude qui n'était pas justifiée».

Il a aussi déterminé que la planification militaire de l'invasion et de ses suites était inadéquate.

«Le peuple irakien a grandement souffert» d'une intervention militaire «qui a mal tourné», a dit M. Chilcot. Il a toutefois refusé de dire si l'invasion était légale et n'a pas conclu que M. Blair ou son gouvernement ont induit le Parlement ou le public en erreur.

M. Chilcot a entendu 150 témoins et analysé 150 000 documents. Ses conclusions assènent un dur coup à M. Blair, qui avait déclaré au président américain George W. Bush — huit mois avant l'invasion de mars 2003 et sans avoir consulté ses collègues du gouvernement — qu'il serait à ses côtés «peu importe ce qui arrive».

Le rapport dit que M. Blair est entré en guerre en solidarité avec le principal allié du Royaume-Uni, mais que Londres a ensuite été exclue des principales décisions militaires concernant la campagne et ses suites. Le document reproche notamment à l'ancien premier ministre de ne pas avoir demandé de «garanties» aux Américains concernant leurs intentions.

La chute du régime de Saddam Hussein a plongé l'Irak dans un chaos sectaire qui a éventuellement mené à la naissance du groupe armé État islamique.

Le rapport pointe du doigt les responsables militaires qui n'ont pas fourni l'équipement adéquat à leurs troupes et dont la principale stratégie, après le conflit, a été de réduire le déploiement des forces britanniques.

Le document éclabousse les responsables du renseignement pour ne pas avoir empêché le gouvernement de présenter des informations fragmentaires comme étant des certitudes, et reproche à M. Blair d'avoir pris les principales décisions entouré de seulement quelques conseillers au lieu de consulter tout le gouvernement.

Le rapport conclut que l'invasion, qui s'est terminée en 2009, n'a pas atteint les objectifs énoncés en 2003. Les forces britanniques ont même dû conclure un pacte «humiliant» avec les milices du sud de l'Irak pour éviter d'être attaquées.

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