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Qui remplacera David Cameron?

Qui remplacera David Cameron?

Au Royaume-Uni, les conservateurs cherchent un remplaçant au premier ministre David Cameron, qui a annoncé sa démission dans la foulée du vote de la semaine dernière, à l'issue duquel les Britanniques se sont prononcés pour que leur pays quitte l'Union européenne (UE). Cinq candidats souhaitent lui succéder, les voici.

Un texte de Jérôme Labbé

Les prétendants au poste avaient jusqu'à jeudi matin pour déclarer leur candidature. L'ex-maire de Londres, Boris Johnson, a pris tout le monde par surprise en annonçant qu'il renonçait à briguer la direction du Parti conservateur, qui est majoritaire à la Chambre des communes et dont le mandat s'étirera jusqu'en 2020.

Les députés conservateurs ont maintenant trois semaines pour choisir deux finalistes. Le choix du chef sera ensuite remis entre les mains des 150 000 membres du parti. La campagne durera environ six semaines. Le nom du vainqueur sera annoncé le 9 septembre.

Theresa May

Fonction : Secrétaire d'État à l'Intérieur

Âge : 59 ans

A fait campagne pour le camp du : Remain

Ses chances* : 4 contre 7 (excellentes)

Theresa May fait figure de favorite parmi les cinq prétendants pour succéder au premier ministre britannique.

Premier choix des adhérents conservateurs – qui sont 36 % à la soutenir selon un sondage du quotidien The Times –, Theresa May a lancé sa candidature jeudi, promettant de respecter le verdict du référendum en dépit du soutien qu'elle avait apporté à la campagne pour le maintien du Royaume-Uni dans l'UE.

« Brexit, cela veut dire Brexit », a-t-elle déclaré. « La campagne a été disputée, le scrutin s'est tenu et le public a rendu sa décision », a-t-elle poursuivi, tout en indiquant qu'il ne fallait pas activer la procédure de sortie avant la fin de l'année.

«Il ne doit y avoir aucune tentative de demeurer dans l'Union européenne, aucune tentative de s'y joindre par la porte de derrière et pas de deuxième référendum.»

- Theresa May

La ministre de l'Intérieur se décrit comme le porte-drapeau des Britanniques ordinaires. « Honnêtement, à Westminster, tous ne comprennent pas ce que c'est, de vivre comme ça. Et certains ont besoin d'entendre que ce que fait le gouvernement n'est pas un jeu », écrit-elle.

Mme May a prôné le maintien du Royaume-Uni dans l'UE, mais a été moins présente dans la campagne que David Cameron et son chancelier de l'Échiquier, George Osborne, dont les espoirs de prendre la tête du Parti conservateur ont volé en éclats après la victoire du Brexit.

« Notre pays a besoin d'un dirigeant qui soit fort et reconnu pour traverser cette période d'incertitude économique et politique », a-t-elle déclaré.

Fille d'un vicaire de l'église anglicane, également diplômée d'Oxford, Mme May est députée britannique depuis 1997, année où le travailliste Tony Blair a pris le pouvoir.

Après de nombreuses années dans l'opposition, elle a été nommée ministre de l'Intérieur dans le gouvernement Cameron. Son règne de six ans à ce poste est le plus long depuis un siècle.

Michael Gove

Fonction : Secrétaire d'État à la Justice

Âge : 48 ans

A fait campagne pour le camp du : Leave

Ses chances* : 5 contre 2 (très bonnes)

Les perspectives d'une candidature de Boris Johnson se sont assombries lorsque Michael Gove a annoncé qu'il ne le soutiendrait pas et qu'il serait lui-même candidat à la présidence du Parti conservateur.

Ami proche de David Cameron, malgré leurs divergences sur le référendum, M. Gove avait initialement annoncé qu'il soutiendrait une candidature de Boris Johnson avant d'écrire dans les colonnes de l'hebdomadaire The Spectator qu'il était « à regret parvenu à la conclusion que Boris n'est pas en mesure d'assumer la fonction de dirigeant et de bâtir une équipe pour la tâche qui s'annonce ».

Selon certains parlementaires conservateurs s'exprimant sous le sceau de l'anonymat, Boris Johnson pourrait avoir été victime de manoeuvres ourdies par des partisans de David Cameron, qui n'a jamais admis que l'ancien maire de Londres leur tourne le dos pour aller soutenir la campagne du « Brexit ».

À peine actée, la candidature-surprise du secrétaire d'État à la Justice, jeudi, a été interprétée comme un coup de couteau dans le dos de Boris Johnson. Lui-même y a implicitement fait allusion, plus tard dans la journée, en citant les mots que Brutus prononça avant de poignarder Jules César.

Très respecté au sein de son parti, mais moins populaire auprès du public, Michael Gove nie depuis longtemps vouloir diriger le pays. Il avait déclaré, en 2012, être prêt à signer « de mon sang un parchemin qui dit que je ne veux pas être premier ministre ». Il avait de nouveau fait savoir, plus tôt ce mois-ci, qu'il ne serait pas de la course.

Le député écossais Alex Salmond l'a comparé à Lord Macbeth, le général qui, dans la tragédie de Shakespeare, commet un régicide pour s'emparer du pouvoir.

Né à Édimbourg, en Écosse, diplômé d'Oxford, Michael Gove est réputé être un intellectuel néo-conservateur doté d'un esprit fin, courtois, drôle et charmeur. Il a été journaliste pour la BBC et le quotidien The Times avant d'être élu député de Surrey Heath, au sud-ouest de Londres.

Il a rapidement gravi les marches du pouvoir par la suite. Membre du cabinet fantôme conservateur dès 2005, il a été nommé ministre de l'Éducation après la victoire de David Cameron, en 2010, avant d'hériter du portefeuille de la Justice.

Andrea Leadsom

Fonction : Secrétaire d'État à l'Énergie et au Changement climatique

Âge : 53 ans

A fait campagne pour le camp du : Leave

Ses chances* : 9 contre 2 (bonnes)

Cette ancienne gestionnaire de fonds, députée depuis six ans, a été l'une des vedettes du camp du Leave, prenant place aux côtés de Boris Johnson dans les débats télévisés et plaidant dans un style calme et posé qu'un divorce avec l'UE n'affecterait pas l'économie britannique.

Plusieurs estiment que l'expérience d'Andrea Leadsom en matière de finances pourrait se révéler un avantage en vue des négociations qui s'annoncent serrées avec Bruxelles. Elle-même fait valoir que les 25 ans qu'elle a passés à travailler dans les services financiers font d'elle une candidate avec « l'expérience du vrai monde ». Elle prend l'exemple de David Cameron, « qui n'a pas fait partie du gouvernement avant de devenir chef du Parti conservateur et premier ministre ».

Mme Leadson s'est dite « surprise et déçue » que Boris Johnson ne soit pas sur les rangs. Elle estime que le prochain premier ministre devrait provenir du camp pro-Brexit, car « il sera difficile pour quelqu'un ayant fait campagne pour le Remain et qui a fait valoir que le Brexit serait un désastre de faire volte-face et de commencer à croire qu'on peut faire en sorte que cela fonctionne ».

Stephen Crabb

Fonction : Secrétaire d'État au Travail et aux Retraites

Âge : 43 ans

A fait campagne pour le camp du : Remain

Ses chances* : 20 contre 1 (faibles)

Stephen Crabb a été le premier à officialiser sa candidature. Favorable au maintien dans l'UE, il a indiqué qu'aucun retour en arrière n'était possible et qu'il n'y aura « pas de second référendum ».

En annonçant qu'il serait candidat, mercredi, M. Crabb a estimé que la question de l'immigration devrait être au centre des négociations entre le Royaume-Uni et l'UE. « Le peuple britannique veut un contrôle de l'immigration. Pour nous, c'est une ligne rouge » a-t-il déclaré.

Qualifié par certains journaux britanniques de « candidat en col bleu », M. Crabb a rappelé ses origines modestes – il a été élevé par une mère d'une famille monoparentale dans un logement social – qui lui ont parfois valu d'être comparé à Margaret Thatcher. Il parle ouvertement de sa foi chrétienne.

Élu député pour la première fois en 2005, M. Crabb est vu comme l'une des étoiles montantes du Parti conservateur. Nommé secrétaire d'État au pays de Galles en 2014, il a pris du galon depuis et a remplacé l'ancien chef Iain Ducan Smith au Travail et aux Retraites.

M. Crabb a constitué un tandem avec son collègue responsable des entreprises, Sajid Javid, auquel il a proposé le poste de chancelier de l'Échiquier s'il était porté à la tête du futur gouvernement. Il pourrait bénéficier du réseau du chancelier à l'Échiquier, George Osborne, qui a choisi de ne pas se présenter.

Liam Fox

Fonction : Député (ancien secrétaire d'État à la Défense)

Âge : 54 ans

A fait campagne pour le camp du : Leave

Ses chances : 40 contre 1 (très faibles)

C'est la deuxième fois que Liam Fox tente sa chance à la direction du Parti conservateur (il avait terminé au troisième rang en 2005). Nommé secrétaire d'État à la Défense par David Cameron, M. Fox a dû démissionner dans la controverse du gouvernement en 2011 en raison d'allégations selon lesquelles il aurait accordé certains privilèges à un ami lobbyiste, Adam Werritty.

Redevenu simple député – fonction qu'il exerce depuis près de 25 ans – , Liam Fox a été l'une des voix les plus fortes du camp du Leave au cours de la récente campagne référendaire, plaidant en outre pour l'unité du Parti conservateur après le vote. Il a notamment déclaré que le prochain premier ministre devait respecter le résultat du référendum et ne pas tenter de demeurer membre de l'UE.

Il est identifié à l'aile droite du parti.

AVEC REUTERS, BBC, LES ÉCHOS, THE DAILY MIRROR, AGENCE FRANCE-PRESSE ET ASSOCIATED PRESS

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