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Pollution de l'air : les vieilles voitures interdites à Paris dès le 1er juillet (VIDÉO)

Les vieilles voitures interdites à Paris

Dans sa chronique, le journaliste Étienne Leblanc explique qu'à partir du 1er juillet tous les véhicules immatriculés avant le 1er janvier 1997 seront interdits de circulation à Paris. La capitale française prend à bras le corps le problème de la pollution atmosphérique, qui serait responsable de 6,5 millions de décès dans le monde, selon un rapport de l'Agence internationale de l'énergie publié cette semaine.

Un texte de Étienne Leblanc

La publication du rapport de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) ne pouvait pas mieux tomber pour la mairesse de Paris : 6,5 millions de morts attribuables à la pollution de l'air dans le monde, c'est un message qui renforce son projet controversé de restreindre la circulation dans la capitale française.

Les touristes nostalgiques de l'odeur de diesel et des volutes de fumée bleue qui flottaient dans les rues parisiennes devront s'y faire : tous les véhicules propulsés au diesel seront interdits d'ici 2020.

Ce sera l'aboutissement d'un grand plan antipollution qui a débuté en 2015 avec les restrictions sur les autobus et les poids lourds anciens et qui franchit une nouvelle étape le 1er juillet 2016 : tous les véhicules particuliers et utilitaires, à essence ou au diesel, qui ont été immatriculés avant le 1er janvier 1997 seront interdits de circulation à Paris pendant les jours de semaine de 8 h à 20 h. L'obligation sera la même pour les motos et les scooters mis en circulation avant 1999.

Ces mesures touchent environ 30 000 voitures sur les 400 000 qui circulent tous les jours à Paris, ainsi que 10 000 véhicules à deux roues. Elle avait été annoncée il y moins d'un an, ce qui incite certains à dire que le délai entre l'annonce et l'entrée en vigueur de la règle est trop court.

« Pourquoi allez si vite? Parce que c'est une urgence sanitaire », répond Christophe Najdovski, le maire adjoint de Paris responsable des transports, en entrevue avec Radio-Canada.

Mardi dernier, dans la foulée du rapport de l'AIE, l'Agence française de santé publique a publié un rapport sur les effets de la pollution de l'air en France. Conclusion des experts français : la pollution atmosphérique provoque presque autant de décès que l'alcool, soit 48 000 décès prématurés par an. C'est 9 % de la mortalité totale.

« On ne va pas éliminer la voiture des villes. Ce que nous voulons à travers ce plan, c'est d'accélérer le renouvellement du parc automobile, et accélérer la transition énergétique vers des véhicules plus propres comme des véhicules électriques, de manière à ce que l'on puisse reconquérir la qualité de l'air »

Les automobilistes pris en flagrant délit devront payer à terme, à partir du 1er janvier 2017, une contravention de 68 euros.

Une limite de vitesse à Paris pour combattre la pollution

Timur Guel, un des auteurs du rapport de l'AIE sur la pollution de l'air et Parisien lui-même, approuve sans réserve le plan d'Anne Hidalgo: « La seule façon de réduire la pollution atmosphérique, c'est de réduire la circulation automobile, dit-il. On aura beau avoir tous les véhicules électriques qu'on veut, toutes les voitures émettent des particules en roulant, ne serait-ce que par leur simple déplacement sur les routes ».

Le plan Hidalgo prévoit tout de même une aide financière aux commerçants qui veulent remplacer leurs vieux fourgons et aux personnes qui souhaitent remplacer leur vieille voiture par un véhicule électrique, jusqu'à hauteur de 9000 $.

La Ville de Paris offrira aussi une aide modeste aux particuliers qui renoncent à leur voiture individuelle : une réduction de 50 % sur l'abonnement aux services d'autos et de vélos en libre partage, Autolib' et Vélib', ainsi que, au choix, une passe d'un an au service de transport en commun ou un chèque de 400 euros (576 $) pour l'achat d'une autre voiture moins polluante.

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S'attaquer aux plus pauvres?

Ce « Plan de reconquête de la qualité de l'air » - c'est ainsi qu'on l'a baptisé - ne fait pas que des heureux, au contraire. Les associations d'automobilistes sont montées au front et menacent de poursuivre la Ville de Paris en cour pour obtenir des dédommagements.

« C'est un préjudice pour les plus faibles, les plus démunis, c'est ça qui est triste, dit Pierre Chasseray, le délégué général de l'organisme 40 millions d'automobilistes. La Ville de Paris est en train de mettre en place une mesure terriblement injuste socialement. On dit à des gens qui n'ont pas les moyens d'acheter une autre voiture, d'en acheter une autre! », dit-il.

Les opposants déplorent aussi l'effet de cette mesure sur la valeur des voitures plus âgées. « Elle ne vaudra plus rien sur le marché d'occasion cette voiture, parce que personne ne voudra acheter une voiture avec laquelle on ne pourra pas rouler ».

Circulation réduite : une tendance croissante en Europe

Les zones de restriction de la circulation sont en croissance dans les villes européennes. Selon le site Urban Access Regulation, qui recense toutes les zones à faibles émissions en Europe, au moins 230 villes restreignent l'accès à leur territoire aux véhicules polluants. Les moyens sont multiples : péages urbains, zones restreintes, interdiction des vieux véhicules ou vignettes payantes en fonction du niveau de pollution de l'automobile.

« En Europe et en Amérique du Nord, la principale cause de pollution atmosphérique est le transport urbain. 44 % des particules fines qui sont émises dans l'air proviennent de la circulation, dit Timur Guel de l'Agence internationale de l'énergie. La régulation sur les transports doit être la priorité », conclut-il.

En Amérique : plus de voitures, toujours plus grosses

À Paris, une ville où le transport en commun est très développé, la part modale de la voiture est assez faible, ne comptant que pour 7 % des déplacements. À titre de comparaison, ce taux se situe à 50 % pour une ville comme Montréal. Dans la grande région parisienne, l'utilisation de la voiture est en baisse.

La part des déplacements en véhicule entre la banlieue et la ville a diminué de 10 % entre 2003 et 2013, passant de 35 % à 25 %. Une tendance contraire à celle observée à Montréal, où l'utilisation de la voiture dans la grande région métropolitaine a augmenté de 15 % entre 2008 et 2013, une tendance observée à l'échelle de l'Amérique du Nord.

Soit, les Québécois achètent de plus en plus de voitures électriques, surtout dans la région métropolitaine de Montréal. Mais ils consomment aussi, de plus en plus, de véhicules utilitaires sport (VUS). Entre 2011 et 2015, les ventes de ce type de véhicules ont augmenté de 25 % au Québec.

Un chargeur à voiture électrique

La situation est encore pire aux États-Unis, où les ventes de véhicules électriques commencent à fléchir (baisse de 2,4 % en 2015). La baisse du prix de l'essence incite les Américains à renouer avec les gros véhicules, qui comptent désormais pour 16 % des émissions de gaz à effet de serre du pays.

On reproche d'ailleurs aux autorités de Paris de ne s'intéresser qu'aux vieilles voitures et de négliger l'impact des grosses cylindrées dans les rues de Paris.

« Ce n'est qu'une première étape, dit Christophe Najdovski, le maire adjoint de Paris chargé des transports. Ce que nous voulons au bout du compte, c'est que les Parisiens abandonnent leur voiture pour de bon. »

Même là-bas, le défi est de taille.

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