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Élections en Espagne: les conservateurs soulagés, Podemos a perdu son sourire

Élections en Espagne: les conservateurs soulagés, Podemos a perdu son sourire

Les militants de Podemos ont perdu dimanche soir à Madrid "le sourire d'un pays" - leur slogan - au profit des conservateurs et du chef du gouvernement sortant, Mariano Rajoy, vainqueur des législatives avec 33% des voix.

Jouant son va-tout après une législature éprouvante, M. Rajoy, 61 ans, est apparu ivre de soulagement, peinant à trouver ses mots devant des milliers de militants du Parti populaire (PP).

"Comment ne pas t'aimer? Tu vas gouverner l'Espagne pour la seconde fois", lui a promis la foule en chantant, alors qu'après les législatives de décembre, il n'avait pu trouver aucun allié pour former un gouvernement.

Mais cette fois, s'ils restent loin de la majorité absolue, les conservateurs consolident leur position en passant de 123 à 137 députés.

Sous la tribune montée devant le siège du parti, la foule scande - ironiquement - "si se puede!" ("oui, c'est possible"), le cri de ralliement volé à ses grands rivaux, la coalition de gauche Unidos Podemos.

Pour Laura Vasquez, enveloppée dans un drapeau espagnol sur son jean déchiré, voter PP, était "l'unique manière de maintenir la sécurité dans le pays".

Cette avocate de 41 ans associe le parti anti-austérité Podemos et ses alliés d'Izquierda Unida à un seul mot: le "communisme" honni, "incapable de gérer une économie sainement dans aucun pays du monde".

"Le PP est le seul parti qui nous garantisse stabilité et croissance économique" après des années de crise, renchérit Andres Alvarez, publicitaire de 23 ans aux cheveux soigneusement lissés.

En décembre, Andres Alvarez avait pourtant voté pour "le changement" que proposaient les libéraux du jeune parti Ciudadanos.

Au siège du Parti socialiste (PSOE), on respire aussi le soulagement, mais sans joie. Le parti a juste évité le pire en demeurant la première force d'opposition, sans se faire dépasser par Unidos Podemos, comme l'annonçaient - à tort - les sondages.

"Je ne suis pas satisfait", admet son candidat Pedro Sanchez, économiste de 44 ans. Son parti a connu une nouvelle chute historique en passant de 90 sièges à 85.

Se bornant à remercier ses militants, il n'évoque même pas les éventuelles alliances - compromises - au sein de la gauche désunie...

Une électrice socialiste, Marta Pereira, fonctionnaire de 43 ans, s'avoue déjà vaincue en glissant: "le PP a gagné de manière écrasante".

La tristesse' des ex-Indignés

Sur la façade du théâtre Goya, siège électoral de Unidos Podemos, le slogan "le sourire d'un pays" brille encore, tard dans la nuit.

Mais, dans la grande salle baignée de lumière violette, le désenchantement est brutal: donnée à la deuxième place par un sondage à la sortie des urnes quelques heures plus tôt, la coalition n'a remporté, au bout du compte, que 71 sièges. Soit le même total qu'en décembre quand Podemos avait gagné 69 députés et Izquierda Unida deux.

Voix éteinte et sourcils froncés, le candidat Pablo Iglesias, professeur de sciences politiques de 37 ans, parle d'une "déception" qui semble bien cruelle.

Pour le changement, "peut-être faudra-t-il attendre plus longtemps que ce que nous voulions", admet-il, entouré d'une dizaine de candidats livides d'avoir perdu 1,2 million de voix en six mois.

Encaissant ce premier coup d'arrêt après deux ans d'une vertigineuse ascension, M. Iglesias se refuse à évoquer, le soir même, un éventuel rapprochement avec le PSOE.

Le fait que les conservateurs triomphent, "c'est incompréhensible" pour Carlos Fernandez Liria, professeur d'université de 56 ans, dernier candidat sur la liste d'Unidos Podemos à Madrid. "Les Espagnols ont voté pour des gens qui seront bientôt mis en examen ou en prison", lâche-t-il, amer.

"Il leur sort des cas de corruption par tous les côtés mais le PP gagne encore plus de sièges. C'est l'impunité totale et les gens ne réagissent pas", pense aussi Marina Parro, architecte espagnole de 30 ans, parlant de "tristesse et d'un sentiment d'impuissance".

Venue spécialement de Paris où elle travaille, la jeune femme était de ceux qui criaient leur "ras-le-bol" des politiques d'austérité et de la corruption avec les "Indignés", il y a cinq ans, sur la place madrilène de la Puerta del Sol.

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