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Fête nationale 2016: Yves Lambert a mal à sa culture (ENTREVUE)

Fête nationale: Yves Lambert a mal à sa culture (ENTREVUE)
Courtoisie

Yves Lambert a mal à son Québec. À sa culture. L’ancien meneur de la Bottine Souriante recevait le 25 mai dernier, au Lion d’Or, le prix Artisan de la Fête nationale 2016, pour son apport à la musique trad québécoise.

Gervais Lessard, du groupe Le Rêve du Diable, et André Marchand, autre pilier de la Bottine Souriante, ont partagé avec lui la distinction, remise depuis 2009 par le Mouvement national des Québécoises et Québécois (MNQ), afin de récompenser un individu ou une organisation qui, par ses activités, contribue au rayonnement de la fierté nationale. Le prix est également remis en région.

Dans son discours de remerciements, Lambert n’a pas été tendre à l’égard de notre gouvernement, qui laisse les cours d’histoire s’éteindre à petit feu dans nos écoles.

Plus tard, en entrevue, le sympathique chanteur en a rajouté une couche, en plus de dénoncer le sort qu’on réserve à la culture sur les différents canaux de diffusion.

«Moi, la musique traditionnelle m’a amené à découvrir l’importance de l’histoire, son côté ludique, a martelé Yves Lambert au Huffington Post Québec. Je ne comprends pas que l’histoire puisse être ennuyante! C’est tellement une matière complètement inspirante, à tous les niveaux, qui emmène plein de connaissances… Je ne sais pas quel genre de programme ils ont institué depuis tant d’années, mais c’est une urgence! Il faut ramener l’histoire, la rendre ludique. L’histoire, c’est la matière la plus intéressante! Un jeune citoyen, un jeune étudiant, ça lui permet de prendre conscience d’où il est, peu importe sa réalité, sa nationalité, son pays, ici ou à l’extérieur. L’histoire aide à forger une identité, à développer une logique sociale, citoyenne.»

«Moi, ça me dépasse! Qu’on soit encore rendus là, c’est qu’il y a beaucoup d’incompétence, beaucoup d’acculturation. Des aberrances comme ça, il y en a tellement! Moi, c’est mon champ d’action, mon champ de travail. J’adore les voyages dans le temps! J’approche l’histoire de façon poétique, comme les peintres du 19e siècle… Ou Casanova, au cinéma muet… (rires)»

«Une vraie niaiserie»

Dans le sillage de sa tirade, Yves Lambert s’est enflammé à déplorer le manque de diversité sur les différentes tribunes culturelles, à la radio, à la télévision et ailleurs, et ce qu’il juge comme un appauvrissement de contenu dans des créneaux où différentes formes d’art devraient être célébrées.

«On dirait que tout le monde a de la misère à faire le point, là-dedans. On ne donne plus de choix aux citoyens! On est tellement dans une ère d’uniformisation de la culture, des médias, on voit toujours les mêmes… C’est effrayant comment il n’y a plus de diversité! Juste la programmation d’été de Radio-Canada… Je n’ai rien contre Éric Salvail, mais sacrament! Donnez-nous un break, hostie! Je suis bien content qu’il réussisse, ce gars-là, mais tabarnac, il doit y en avoir d’autres, hostie!»

«La sortie de Pierre Lapointe, moi, j’étais parfaitement d’accord avec ce qu’il disait, a continué Yves Lambert. C’était maladroit aux yeux de certains, mais on en a deux bons exemples: Élizabeth Gagnon, qui est une référence en musique du monde et en musique traditionnelle à Radio-Canada, qui travaille là depuis 42 ans, que j’ai côtoyée pendant 40 ans, a donné sa démission. (NDLR: Madame Gagnon prenait sa retraite de Radio-Canada ce mercredi, 22 juin). Elle animait la meilleure émission de musique, et elle passait de minuit à 2h, le samedi soir! Mais, toute la journée, on a des crisses de reprises, à Radio-Canada. C’est rendu une vraie niaiserie! Et après, Yves Bernard, à CIBL, a perdu son émission.»

«On en perd, on en perd, mais il ne reste presque plus rien à perdre, au niveau culturel. Moi, je suis un joueur d’accordéon traditionnel québécois, et j’ai vraiment l’impression d’être un extraterrestre, maintenant, au Québec. Même si je suis assez choyé, parce que je suis connu, et je me défends. Je ne suis pas un pitbull, mais je suis un lion, un ours!»

Aux yeux d’Yves Lambert, ce qu’il décrie n’est pas une question de parti politique en place. Il s’agit plutôt, selon lui, d’une tendance généralisée qui s’étend à toutes les sphères de la société.

«Ce n’est pas là que ça se passe, c’est dans la qualité des intervenants. La politique, ce n’est pas d’être nationaliste. Au Québec, on est «rouge» ou on est «bleu», mais ce n’est pas ça, la politique. La politique, c’est de revendiquer tous les jours ce qu’on a le droit de revendiquer.»

N’empêche, lui se dit toujours nationaliste. Mais…

«Je suis nationaliste, aucun doute là-dessus. Mais il faut être réaliste, aussi. Et, avant d’arriver à l’indépendance, il y a de l’ouvrage à faire en tabarnac…!»

Yves Lambert sera en spectacle ce vendredi, 24 juin, à Gatineau, pour célébrer la Fête nationale du Québec.

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